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Ce que l’on sait des dégâts de gel dans les vignobles septentrionaux

Dans les vignobles situés au nord de l’Hexagone, seule l'Alsace semble tirer son épingle du jeu après une semaine de gel d'une ampleur inédite. Sans pouvoir à ce stade avancer de chiffres sur les dégâts occasionnés, les premières remontées du terrain sont inquiétantes.  

Les bougies sont restées allumées de longues heures cette semaine dans les vignobles septentrionaux. Une pénurie s'annonce alors qu'un nouvel épisode de gel est prévu la semaine prochaine.
© Marie-Noelle Charles

Dans le Val de Loire, des dégâts disparates

Tours antigel, bougies et aspersion étaient de mise dans le Val de Loire cette semaine. « Dans la nuit de mardi à mercredi, on a eu du gel advectif en début de nuit, puis vers 2-3h du matin le vent est tombé et le gel radiatif a pris le relai », commente Guillaume Delanoue, ingénieur à l’IFV. D’après ses observations, en Touraine et du côté de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, les dégâts sont très disparates. « Les vignes taillées en novembre-décembre étaient déjà au stade feuilles étalées voire grappes visibles. Sur celles-là, il y a beaucoup de dégâts lorsqu'elles n'étaient pas protégées par les tours ou l'aspersion », note-t-il.

Pour autant, l’ingénieur estime que « pour le peloton, ça passe », et que la situation n’est ici « pas celle de 1991 non plus ». Les températures les plus basses enregistrées par les stations météo sont de -5°C, « mais en moyenne on était plutôt autour de -2°C », rapporte Guillaume Delanoue. La tension est toutefois toujours forte, avec une inquiétude palpable vis-à-vis du gel annoncé semaine prochaine. « Il s’est mis à pleuvoir aujourd’hui. Si ça descend encore à -2°C pour le coup, ça va faire mal », prévient Guillaume Delanoue.

 

Une semaine éprouvante en Bourgogne

La semaine du 5 avril aura été particulièrement éprouvante pour les producteurs et les productrices de Bourgogne. « L’intensité des dégâts est variable mais ils sont très généralisés ; Ils sont particulièrement importants sur les chardonnays qui étaient déjà au stade feuilles étalées », commente Christine Monamy, responsable agro-méteo au Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Jusqu’à -7°C ont été enregistrés dans certaines vallées. La précocité du millésime 2020 et la précipitation des tailleurs ont joué défavorablement sur la situation.

« En décembre, il y avait déjà beaucoup de vignes taillées. Elles avaient donc bien démarré avec les coups de chauds des semaines précédentes », poursuit la responsable. Dans la nuit de mardi à mercredi, des flocons de neige se sont abattus sur la Bourgogne. « Les bougies ont fait fondre la neige, ce qui a augmenté l’humidité. Et empiré les choses », analyse Christine Monamy. Malgré l’état d’esprit globalement morose, la responsable se veut optimiste. « Il ne faut pas baisser les bras, les contre-bourgeons vont prendre le relai ».

La Champagne prête à dégainer le dispositif de réserve individuelle

Comme en Bourgogne, ce sont les chardonnays qui payent le plus lourd tribut de l’intense épisode de gel qui a frappé le territoire national cette semaine. Au syndicat général des vignerons (SGV) de Champagne, certains adhérents ont indiqué constater des pertes de l’ordre de 95 % près du Mont Aimé, à proximité de la Côte des Blancs. « Comme les autres vignobles français, la Champagne a été touchée par un épisode de gel intense. Nous ne sommes pas encore en mesure d’évaluer précisément l’impact de cet épisode sur le vignoble. Face à cette épreuve cependant, la Champagne peut compter sur la réserve interprofessionnelle, mise en place il y a plus de 35 ans, qui permet de pallier les importantes variations de rendement et de répondre aux besoins d’approvisionnement des marchés », indique le CIVC. La vision des feuilles noircies par le gel n’en est pas moins un crève-cœur pour celles et ceux qui s’attachent à cultiver la vigne.

L’Alsace, la miraculée

L'Alsace quant à elle semble davantage épargnée. Bien que le mercure ait atteint -5°C par endroits, le vignoble a plutôt été exposé à des températures entre -1 et -2°C. De plus, la région est plus en retard dans le stade végétatif, en raison d'un mois de mars globalement frais en moyenne. " Quelques parcelles sont marquées dans les secteurs précoces, sur gewurztraminer, sur plantiers ou sur le bas des arcures, mais c'est ponctuel. Rien à voir avec ce que j'entends dans les autres régions, relate Marie-Noëlle Lauer à la chambre d'agriculture d'Alsace. Nous n'avons pas de grosses inquiétudes pour l'instant, mais il faut attendre la semaine prochaine pour voir si les bourgeons encore dans le coton ont été touchés ou pas et si les dégâts sont plus importants que prévu."

Lire aussi notre dossier  "Investir en collectif contre le gel "

Les vignobles français face à une pénurie de bougies antigel

« La durée d’allumage, notamment sur la troisième nuit, a été très longue. La plupart des vignerons n’ont donc plus de bougies antigel pour affronter les prochains épisodes », s’inquiète Christine Monamy, responsable agro-météo au BIVB. Un constat dont fait également état Guillaume Delanoue, ingénieur à l’IFV pôle Val de Loire. « Les premiers ravitaillements sont prévus fin de semaine prochaine, ça risque d’être trop tard », indique-t-il. Certains et certaines n’auront donc que le brûlage de paille à disposition pour se protéger la semaine prochaine. « Encore faut-il avoir les dérogations », tempère toutefois Christine Monamy.

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