Un cocktail pour promouvoir un vin
Le cocktail est à la mode depuis que la mixologie montre une créativité stimulante. La tendance n’a pas échappé à ceux qui recherchent des idées pour conquérir de nouveaux consommateurs de vin, notamment jeunes et féminins.
Le cocktail est à la mode depuis que la mixologie montre une créativité stimulante. La tendance n’a pas échappé à ceux qui recherchent des idées pour conquérir de nouveaux consommateurs de vin, notamment jeunes et féminins.
Préconiser le mélange de son vin à d’autres ingrédients était vraiment iconoclaste avant que le cocktail ne devienne chic et tendance grâce à la montée en puissance de la mixologie (art du cocktail) et de ses mixologues (ou bartenders), sortes de grands chefs du cocktail.
L’image désormais premium des cocktails a incité le domaine Figuière, à La Londe-les-Maures dans le Var, à sauter le pas cette année pour communiquer sur l’un de ses rosés, sans craindre l’amalgame avec le rosé piscine ou pamplemousse. « Nous avions envie d’innover », résume Magali Combard, directrice commerciale du domaine. Un bartender réputé dans cet univers a été briefé pour créer « un cocktail léger, où l’on retrouve le goût du vin et l’ADN du domaine ». Après plusieurs essais, le domaine a validé son Ode rosé by Figuière, associant son vin entrée de gamme (cuvée Saint-André) à un trait de vodka, de liqueur de rose et à une touche de lavande. Choquant d’ajouter tout ça à son rosé ? « On le tue moins qu’avec des glaçons », considère Magali Combard.
Innover et diversifier les occasions de consommation
« Le cocktail est clairement une façon d’aller chercher des gens qui ne sont pas aujourd’hui consommateurs de vin, notamment parmi les millenials. Cela peut renouveler l’intérêt pour le vin en montrant qu’il s’inscrit dans une tendance et apporter de la diversité dans la façon de le consommer », explicite Sylvain Dadé, directeur de l’agence de conseil en stratégie et communication Sowine. La méthode a bien réussi au prosecco, ingrédient du célèbre spritz. « Mais personne ne peut citer une marque de prosecco », observe Sylvain Dadé. « Il faut bien réfléchir au positionnement que l’on souhaite et trouver le juste équilibre entre sophistication et facilité à être reproduit », conseille-t-il.
Les effervescents n’hésitent plus à se lancer dans cette voie, comme le crémant-de-loire De Chanceny ou le crémant-de-bourgogne Veuve Ambal. Les vins moelleux et liquoreux également, y compris à Sauternes où se développent plusieurs initiatives dont le Sweetz imaginé en 2017 par le château Lafaurie-Peyraguey, premier grand cru classé. Le cocktail associe 6 cl de son sauternes (grand cru classé ou second vin) à trois glaçons et un zeste d’orange. « Il n’y a pas de crise de la consommation de sauternes mais une crise de l’innovation », lance David Bolzan, le directeur général. « Aujourd’hui, on peut passer 3 h à l’apéritif mais on ne passe plus 3 h à table. Le projet est que le sauternes profite de ce moment. Les glaçons permettent d’atténuer la puissance d’un jeune sauternes. » Pour lui, le Sweetz est décisif pour remporter certains marchés pour son second vin. « C’est le début de l’histoire », assure-t-il.
Surprendre et se forger une nouvelle image
Même idée chez les vins blancs doux et fruités de Bordeaux « Nous essayons de montrer que nos vins ne sont pas réservés au foie gras de Noël avec mamie. Comme nos vins sont quasiment en soi des cocktails naturels, ils n’ont pas besoin de grand chose pour être mis à la mode cocktail. Un grand verre, quelques glaçons, la touche d’amertume d’un zeste d’agrume, et ça rend les vins plus digestes, plus fun, tout en les respectant », détaille Aurelia Souchal, vigneronne au Domaine du Salut-Chateau Huradin, vice-présidente de l’ODG cérons-loupiac-sainte-croix-du-mont. « Les gens comprennent l’idée quand on fait goûter sur des salons ou des événements, ça fonctionne vraiment très bien. »
Mais personne n’envisage de mettre des recettes sur la contre-étiquette ou une collerette. L’idée est plutôt de divulguer en communiquant via le réseau spécialisé (cavistes, barmans…), les salons, la presse et surtout le digital où les cocktails font assurément de jolies images.