Trésorerie : le financement participatif, un outil complémentaire pour les vignerons
Lorsque l’accompagnement bancaire se fait plus rare, le financement participatif peut s’avérer une voie efficace pour faire face à un besoin de trésorerie. Voici comment il fonctionne.
Lorsque l’accompagnement bancaire se fait plus rare, le financement participatif peut s’avérer une voie efficace pour faire face à un besoin de trésorerie. Voici comment il fonctionne.
Le Centre de documentation économie et finances (Cedef) définit le financement participatif comme « un échange de fonds entre individus en dehors des circuits financiers institutionnels, afin de financer un projet via une plateforme en ligne ». La pertinence de ce système pour financer le besoin en fonds de roulement est l’un des crédos de la plateforme de financement participatif de projets agricoles et agroalimentaires Miimosa.
« Nos crédits vont de 3 mois à 84 mois, explique Marie Rabeisen, directrice du développement, et les montants de 15 000 euros à 1,5 million d’euros. Pour le besoin en fonds de roulement (BFR) on est sur des crédits de 200 000 euros en moyenne. »
Récemment, Miimosa a par exemple financé des besoins nés d’un décalage de trésorerie lié à une augmentation des surfaces, dus à un achat de raisins et de bouteilles supplémentaire en contexte inflationniste ou encore à un allègement de charges mensuelles via un refinancement de prêt sur sept ans au lieu de cinq ans.
Miimosa fait appel à deux leviers : les 450 000 inscrits sur sa plateforme et son fonds de dette baptisé Miimosa transition, lancé en janvier 2022. Actuellement doté de 50 millions d’euros, ce fonds intervient dans tous les projets au-delà de 100 000 euros. Il garantit le succès des collectes.
Conditions souples mais taux plus élevés et sélectivité
La particularité de ce financement est qu’il n’y a pas de garantie, ni de caution sur les actifs. Il n’y a pas non plus d’assurance emprunteur. Cette simplification permet une forte réactivité. « De l’instruction à la collecte des fonds, tout peut être bouclé en trois semaines », avance Marie Rabeisen.
Le remboursement par anticipation est possible sans frais financiers. « Si un vigneron sait qu’il va avoir une recette ou une subvention d’ici trois mois, mais qu’il y a un risque que ce soit retardé, nous allons ouvrir un financement sur 24 mois. Ainsi il n’a pas de pression, des échéances faibles et il peut rembourser quand l’argent arrive sans frais », illustre la directrice. En contrepartie de sa souplesse, Miimosa assume des taux plus élevés qu’un financement bancaire classique.
L’engagement environnemental est un prérequis. Marie Rabeisen indique que sur les 41 indicateurs de Scoring (évaluation), 40 % portent sur l’impact sociétal, économique et environnemental du projet. Ces critères s’ajoutent donc à l’analyse financière classique.
Globalement, moins de 10 % des demandes passent la barre. « On se doit de filtrer la qualité des projets », admet la directrice. Si Miimosa constate une forte « appétence chez les citoyens pour financer des prêts à impact », il importe de ne pas les décevoir pour qu’ils continuent à prêter.
Yannick Lescot, vigneron du domaine de Coutancie à Prigonrieux, en Dordogne
« C’est une solution simple d’utilisation, très cadrée »
Il a fallu deux à trois mois de mise en place mais c’est une solution simple d’utilisation, très cadrée, très suivie. Il faut disposer d’une étude financière solide établie par un centre de gestion. Le taux est de 5,15 %. Je verse tous les mois une mensualité établie sur cinq ans. Miimosa se charge de rémunérer les prêteurs et prélève des frais de gestion mensuels de 22,50 euros. Grâce à ce financement, j’ai pu ensuite décrocher un prêt additionnel de 30 000 euros auprès de deux autres banques avec un taux de 3,5 % sur cinq ans. C’est moins élevé mais dans le cas de Miimosa, il n’y a ni frais de dossier additionnels, ni assurance.
L’engagement environnemental est important. Je suis en bio. Côté commercial, je vends presque tout en bouteille ce qui permet de bien valoriser mes vins et je fais essentiellement de l’AOP rosette, un moelleux qui a actuellement le vent en poupe. Sans le financement Miimosa, je n’aurais pas pu m’agrandir et j’aurais dû arrêter car je ne pouvais pas vivre sur 5 hectares en métayage avec en plus des années de gel et de grêle. »
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