Qu’attendre du label Bas carbone ?
Si l’agriculture est émettrice de gaz à effet de serre, elle détient un potentiel de réduction et de stockage. C’est l’objet du label Bas carbone que d’inciter à développer cette double capacité. Avec à la clé pour les exploitations, la possibilité de vendre des crédits carbone engendrés par leurs efforts.
Si l’agriculture est émettrice de gaz à effet de serre, elle détient un potentiel de réduction et de stockage. C’est l’objet du label Bas carbone que d’inciter à développer cette double capacité. Avec à la clé pour les exploitations, la possibilité de vendre des crédits carbone engendrés par leurs efforts.
L’agriculture constitue « un maillon essentiel dans la stratégie d’atteinte de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 » peut-on lire dans la présentation officielle du Bon diagnostic carbone du plan France relance d’avril 2021. L’agriculture doit tout de même réduire ses émissions de 46 % entre 2015 et 2050 pour participer à l’objectif de neutralité carbone fixé par la stratégie nationale bas carbone (SNBC).
Mais il n’y a pas pour l’instant d’obligation réglementaire à réduire ses émissions, surtout en viticulture qui pèse peu dans les 20,6 % d’émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) d’origine agricole, au regard de l’élevage ou des grandes cultures (données Citepa pour 2020, hors puits carbone).
Le bilan 2022 du Citepa, l’organisme officiel chargé du suivi de nos émissions de GES nationales, ne détaille d’ailleurs même pas la vigne dans son chapitre agriculture, tandis que la production de vin est intégrée dans le chapitre sur les industries manufacturières.
Valoriser le potentiel de réduction et de stockage
La viticulture recèle un potentiel de réduction et de stockage. À l’échelle d’un bassin viticole, l’envie de contribuer à la réduction de l’empreinte carbone relève aujourd’hui de démarches volontaires collectives ou individuelles. L’enjeu peut être de témoigner d’un engagement environnemental ou RSE vis-à-vis des citoyens ou de répondre aux requêtes d’un label de développement durable. Certains peuvent y voir un indicateur de performance. Avec la crise de l’énergie, interroger ses émissions peut aussi contribuer à optimiser ses pratiques et donc à réaliser des économies.
Une autre perspective est de pouvoir monétiser ses efforts en vendant des crédits carbone correspondant aux gains d’émissions et de stockage effectués. C’est ce qu’entend encourager le label Bas carbone créé par le ministère de la Transition écologique.
Un dispositif de certification lourd administrativement
Dans la jungle de plus en plus épaisse des experts et cabinets de conseil spécialisés, il veut apporter des garanties de contrôle et d’efficacité environnementale à des projets nationaux. Il se présente comme incitatif pour ceux qui s’engagent dans la réduction comme pour ceux qui cherchent des crédits carbone. Il reste, comme tout dispositif de certification, lourd administrativement.
Ce dispositif n’assure pas non plus en lui-même un point essentiel : la valeur du crédit carbone, qui relève de la rencontre entre l’offre et la demande. Même si certains pronostiquent une augmentation, la prudence est de mise chez les spécialistes du carbone. « Ça peut être un coup de pouce pour des projets mais pas une vraie source de revenus », avance Sophie Penavayre, responsable RSE et évaluation environnementale à l’IFV. Mais sans prix du carbone rémunérateur, il va de soi que la motivation pour ce dispositif ne sera pas au rendez-vous du côté de la viticulture.
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