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L’innovation biocontrôle bat son plein

La onzième conférence internationale sur les ravageurs et auxiliaires s’est tenue fin octobre à Montpellier. Elle a été l’occasion de découvrir de réelles avancées pour la viticulture.

À l'avenir, l'emploi de nématodes pourrait permettre de lutter contre les vers de la grappe, selon BASF.
© P. Cronenberger
Des nématodes prédateurs des vers de la grappe. L’idée peut paraître saugrenue, et pourtant ! Les nématodes pourraient bel et bien permettre de lutter contre les vers de la grappe, en infectant leurs larves. L’idée serait de pulvériser ces nématodes au pied des vignes en post-vendange, lors d’une période humide, afin de diminuer le nombre de papillons au printemps suivant. BASF a en effet identifié un nématode antagoniste de Lobesia botrana (eudémis) et Eupoecilia ambiguella (cochylis) : Steinernema carpocapsae. Parmi trois espèces de nématodes testées en laboratoire, il s’est particulièrement démarqué, avec des résultats pratiquement identiques à l’insecticide Mageos MD. Son efficacité a été de 96,67 % sur eudémis, et de 96,67 % sur cochylis, sept jours après ajout.

Sur vigne, les résultats ont en revanche été en demi-teinte : appliqué en novembre 2015 à la dose de 1,5 milliard par hectare, Steinernema carpocapsae n’a permis une baisse du nombre de glomérules à la fin de la première génération que de 10 %. En revanche, sur la seconde génération, les chercheurs ont constaté une diminution du nombre de larves vivantes de 50 % et des perforations de 60 %. Dans ces essais, l’application de nématodes était complétée par de la confusion sexuelle (également mise en œuvre sur le témoin).

Ces travaux préliminaires doivent être poursuivis, afin « d’affiner l’approche » et d’identifier si l’emploi de nématodes a un effet cumulatif d’année en année. Enfin, la firme envisage de lutter contre Cryptoblabes et Eulia de manière similaire.

 

Des extraits de plantes antagonistes des nématodes

 

Si certains nématodes sont bénéfiques à la vigne, ce n’est pas le cas de tous. Et notamment pas celui de Xiphinema index, le célèbre vecteur du court-noué. Des chercheurs de l’université de Blida, en Algérie ont donc testé, in vitro, l’impact de trois extraits aqueux de feuilles de végétaux pour venir à bout de ce nématode. L’équipe s’est intéressée au Ficus carica (figuier), au Sinapis arvensis (moutarde des champs) et au Raphanus raphanistrum (radis sauvage). Leurs feuilles ont été lavées, séchées à l’ombre durant deux mois, puis broyées, tamisées et mélangées à de l’eau distillée stérile. Au final, ces trois extraits ont montré un effet biocide sur le nématode. Les deux crucifères ont eu une action plus rapide, avec un effet choc dès les premières heures d’immersion, conduisant à la mortalité de l’ensemble des nématodes. Et ce, quelle que soit la dose : 10, 15 ou 20 grammes pour 250 ml (g/ml). De son côté, à 10 et 15 g/250 ml, le figuier a mis 48 à 72 heures pour agir, mais avec une efficacité finale totale. À 20 g/250 ml, l’efficacité a été beaucoup plus rapide : au bout de 24 heures, tous les nématodes étaient éradiqués. Ces résultats nécessitent toutefois de passer le stade de l’expérimentation terrain.

Les odeurs pour lutter contre les insectes

Les recherches sur les odeurs vont bon train et ont fait l’objet de plusieurs présentations. Il semblerait notamment que le comportement de ponte de Drosophila suzukii soit induit par des signaux olfactifs. C’est la découverte à laquelle ont abouti des chercheurs de l’Institut de biologie du développement, de Marseille. Pour ce faire, ils ont comparé son comportement avec celui de Drosophila melanogaster. Chez cette dernière, le sucre et les odeurs de fruits ont un « effet synergique sur la ponte », notent les chercheurs. L’insecte ne pond en revanche pas s’il y a seulement une odeur de fraises. En revanche, la ponte de Drosophila suzukii est stimulée tant par les odeurs de sucre que de fraises. Lorsque les deux odeurs sont cumulées, le nombre d’œufs pondu est similaire à la somme des œufs pondus en cas d’odeur de fraise et d’odeur de sucre. « Les mécanismes moléculaires et cellulaires à l’origine de l’intégration des signaux gustatifs et olfactifs au niveau du système nerveux central pourraient donc être différents chez ces deux espèces », concluent les chercheurs.

De son côté, François Verhegghen, du laboratoire d’entomologie fonctionnelle et évolutive de Liège, en Belgique, a identifié « la phéromone sexuelle et les allélochimiques employés par les coccinelles asiatiques dans leur recherche de proies et d’habitat ». Il travaille à présent au développement d’un piège physique et olfactif pour ces insectes, avec l’entreprise Domobios.

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