La recherche lève les verrous techniques pour l’ozone en vigne
Axel Canado vient de consacrer sa thèse à l’utilisation d’eau ozonée pour le traitement des cultures. Il estime être proche du but, même si quelques verrous restent à lever.
Axel Canado vient de consacrer sa thèse à l’utilisation d’eau ozonée pour le traitement des cultures. Il estime être proche du but, même si quelques verrous restent à lever.
Il est des sujets qui semblent ne jamais avancer. L’utilisation de l’ozone pour la protection des plantes en fait partie. Cela fait bientôt dix ans que des chercheurs italiens ont mené leurs premiers essais au champ contre le mildiou de la vigne, avec des résultats encourageants. Et autant de temps que le viticulteur alsacien Henri Schoepfer s’est équipé d’un ozoneur et tente, à contre-courant, de faire la preuve du concept. La mode s’est même emparée des équipementiers, comme l’espagnol Makato et l’italien MM Spray qui proposaient des ozoneurs pour vigne au Sitevi 2019, puis elle est retombée comme un soufflé. Nous aurions pu enterrer le sujet, s’il n’y avait pas eu les équipes de recherche de l'école d'ingénieur de Purpan et de l'Insa Toulouse, qui travaillent dessus religieusement. Avec sa thèse, Axel Canado fait monter les connaissances d'un cran.
Ce doctorant à l’école toulousaine de Purpan s’est lancé dans le projet Solstice fin 2018, porté par Belchim Crop Protection, visant une approche novatrice de protection des cultures. Il est parti du constat que l’eau ozonée fonctionne contre beaucoup de champignons au laboratoire, mais que les effets au champ sont plus aléatoires. « J’ai commencé par montrer, lors de ma thèse, que le phénomène de désorption est beaucoup plus important que l’on ne pensait : 70 % de l’ozone contenu dans l’eau est perdu dans la fraction de seconde qui sépare le pulvérisateur du végétal », relate-t-il.
Il ne faudrait pas que les premières initiatives discréditent la technologie
La pulvérisation est donc une étape critique, sur laquelle le doctorant s’est empressé de travailler. Récemment, il a confectionné un prototype avec l’aide du laboratoire TBI de l’Insa Toulouse pour éviter de perdre l’ozone en chemin. « Nous avons diminué les pertes de 10 % dans un premier temps, puis de 10 % supplémentaires après quelques petites modifications, se réjouit-il. Il y a clairement des marges de manœuvre ! » Un brevet est en cours de dépôt. Bien que sa thèse touche à sa fin, le jeune homme est déterminé. Il espère trouver des financements afin d’aller jusqu’à l’industrialisation.
« J’ai envie de poursuivre à titre personnel car on est proche du but, avoue Axel Canado. Il y a eu de bonnes idées jusqu’ici mais peu se sont intéressés aux phénomènes physico-chimiques lors de la pulvérisation. Il ne faut pas que ces premières initiatives discréditent la technologie alors que ça marche au labo. Ça serait dommage que cette technique tombe dans l’oubli. » Du côté réglementaire, l’emploi d’ozone n’est pour l’heure pas autorisé. « Mais ça bouge. Un dossier est actuellement étudié au niveau de l'Union européenne pour l’approbation de l’ozone en tant que substance de base », conclut le thésard. Espérons que les barrières techniques et réglementaires seront levées de concert !
comprendre
L’ozone, composé de trois atomes d’oxygène, est une molécule antioxydante très réactive mais aussi très instable, qui se dégrade en oxygène. Dans le cadre de sa thèse, Alex Canado a mené de nouvelles expérimentations au labo sur le mildiou de la vigne. Et confirme que l’ozone tue les spores du pathogène. « L’eau ozonée serait donc plutôt un moyen d’éviter la sporulation, un outil pour diminuer la pression fongique, analyse le thésard. La principale limite c’est que l’ozone est un agent de surface, alors que le mildiou rentre dans la feuille à certains stades : la période d’application est donc un enjeu crucial. D'autant plus qu'il n'est pas rémanent et ne reste pas sur les feuilles. »
repères
École de Purpan (pilote)
Type de produit eau ozonée
Mode d’action fongicide de contact
Lancement espéré pas de date précise
Découvrez l'intégralité de notre dossier "Mildiou, les alternatives de demain" ici :
Mildiou de la vigne, les alternatives de demain
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