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Des résultats encore mitigés avec l’eau électrolysée contre le mildiou de la vigne

L’eau électrolysée a montré son effet contre le mildiou dans des essais au champ pilotés par l’ESA d’Angers. Un projet sans suite prévue.

Les rangs de test, lors du projet O3Vins, ont été pulvérisés à l'aide d'un appareil à dos, après que l'électrolyse de l'eau ait été faite en laboratoire.
Les rangs de test, lors du projet O3Vins, ont été pulvérisés à l'aide d'un appareil à dos, après que l'électrolyse de l'eau ait été faite en laboratoire.
© C. Maury

« Les traitements à l’eau électrolysée ont donné des résultats significatifs contre le mildiou », affirme Chantal Maury, enseignante-chercheuse en viticulture et œnologie à l’ESA d’Angers. Elle a piloté, sur trois millésimes, le projet O3Vins, destiné à évaluer l’eau électrolysée et ozonée comme alternative aux produits phytosanitaires. Une étude complète et systémique de la vigne, allant jusqu’à l’impact sur le vin et l’environnement.

Pour évaluer l’effet, des rangs témoins, traités classiquement par les viticulteurs, ont été comparés à des rangs ne recevant qu’un traitement sur deux et d’autres rangs recevant en alternance un traitement classique et de l’eau électrolysée. Le tout sur des itinéraires raisonnés ou bio, en commençant dès la nouaison. « En 2019 et 2020, la modalité traitée à l’eau électrolysée a été convenablement protégée, mais la pression mildiou était très faible, relativise Chantal Maury. Et à l’inverse, 2018 était un millésime avec une pression extrême, où l’eau électrolysée n’a pas suffi à maintenir la protection. » Si les résultats de 2018 ne se montraient pas suffisants, ils étaient quand même, pour la plupart, significativement meilleurs que ceux de la modalité témoin.

Des raisins avec davantage de polyphénols et des vins moins alcooleux

Ce qui fait dire à la chercheuse que l’eau électrolysée exerce bel et bien un effet protecteur contre le mildiou, même s’il est partiel. Des différences significatives ont aussi été remarquées sur les raisins : ceux issus de la modalité test présentaient moins d’acidité totale, de sucre et d’acide tartrique, mais davantage d’acide malique et de polyphénols (notamment ceux responsables de la couleur). « Et cela d’autant plus que la pression était forte », remarque Chantal Maury.

Les vins rouges arboraient d’ailleurs des taux d’alcool plus faibles, de l’ordre de 0,6 à 0,8 %. L’impact environnemental des traitements à l’eau électrolysée était, quant à lui, globalement moindre. « Nous avons montré que l’hypothèse de laboratoire est partiellement vraie, mais n’avons pu essayer qu’une seule dose, regrette la chercheuse. Il n’y a pour l’instant pas de suite au projet, ce qui est dommage car il serait intéressant de voir le comportement lors d’une pression modérée. » Elle se dit prête à suivre des vignerons qui auraient acquis un électrolyseur. La partie de l’étude sur l’ozone n’a de son côté rien donné, notamment à cause d’un outil non adapté.

comprendre

L’électrolyse de l’eau consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour séparer les atomes d’hydrogène et d’oxygène. « Il s’agit de fragmenter la molécule d’eau pour la rendre active », simplifie Chantal Maury. L’ajout de chlorure de potassium permet de produire en plus des acides ou des bases fortes. L’eau électrolysée est déjà utilisée en agriculture pour les traitements post-récolte, et sert également de désinfectant dans tout un tas de filières. Lors du projet, cette eau était préparée en laboratoire grâce à une machine du fabricant italien De Nora, puis utilisée ensuite dans un pulvé à dos. Un contrôle avec de l’eau chlorée a montré que c’est bien l’électrolyse qui amène l’efficacité à l’eau.

repères

ESA d’Angers (pilote)

Type de produit eau électrolysée

Mode d’action fongicide

Lancement non prévu

Découvrez l'intégralité de notre dossier "Mildiou, les alternatives de demain" ici :

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