Des algues pour la nouvelle vague de biocontrôle en vigne
Après avoir découvert les propriétés fongicides d’une microalgue en 2016, Immunrise continue son bonhomme de chemin. Le géant Suez s’est associé pour la production des algues.
Après avoir découvert les propriétés fongicides d’une microalgue en 2016, Immunrise continue son bonhomme de chemin. Le géant Suez s’est associé pour la production des algues.
Transformer le CO2 en fongicide naturel pour la vigne, n’est-ce pas une idée qui fait rêver ? Un pari environnemental qui sonne si bien qu’il a fait saliver le groupe français Suez. En juillet 2021, le géant s’est associé à 50 % avec la jeune pousse Fermentalg pour créer la coentreprise CarbonWorks, destinée entre autres à fournir la matière première pour le produit de biocontrôle d’Immunrise, dont nous avons déjà parlé dans nos colonnes. « Ces trois dernières années nous avons réalisé des essais normés Bonnes pratiques d’expérimentation, BPE, officiellement reconnus pour les dossiers d’homologation, et près de 180 traitements en conditions réelles chez des viticulteurs », se félicite Laurent de Crasto, fondateur d’Immunrise.
Et les résultats semblent toujours aussi intéressants qu’à la sortie du laboratoire : sur des années compliquées comme 2020 ou 2021, le produit à base de microalgues permet de réduire de 50 % les intrants, cuivre ou conventionnel, tout en gardant la même efficacité contre le mildiou. Une année plus clémente, le produit arrive à couvrir jusqu’à 80 % de la protection. Cerise sur le gâteau, un effet est également constaté sur black-rot, et des essais vont être menés sur botrytis. « Les millésimes 2020 et 2021 nous ont permis d’apprécier les capacités intrinsèques de notre produit de contact, mais aussi les limites, commente l’entrepreneur. En fonction des années, il faudra visiblement l’associer à quelque chose de plus rémanent. »
Des spécialités commerciales attendues après 2025
Dans les deux années à venir, l’entreprise va se concentrer sur les associations de produits, pour définir des itinéraires techniques plus précis, et tester différentes formulations. Le dossier d’homologation de la substance active à l’échelle européenne est fait, il est instruit par la Belgique, qui devrait donner ses conclusions en 2025. « Ensuite nous demanderons des Autorisations de mise en marché, les AMM, ainsi qu’un agrément pour être utilisable en agriculture biologique », informe Laurent de Crasto. Parallèlement à cela, la production de l’algue va se structurer. « Nous avons monté, en partenariat avec Immunrise, un démonstrateur à Cestas, en Gironde, qui est déjà opérationnel, explique Guillaume Charpy, directeur général de CarbonWorks. Il capte le CO2 résiduel d’un méthaniseur, et ce gaz est utilisé pour produire les microalgues, qui en ont besoin pour se multiplier. »
Dès 2023, l’entreprise envisage de construire sur le même site une usine de taille semi-industrielle, focalisée sur la production d’algues en grande quantité. « Nous avons des intérêts convergents avec Suez, et une vraie ambition de faire ce qui s’appelle du CCU, pour Carbon Capture and Utilization, poursuit le directeur. Nos montées en puissance avec Immunrise coïncident bien, aussi nous aurons la matière première pour nous attaquer au marché de la vigne quand le produit sera sur le marché. »
comprendre
Les fondateurs d’Immunrise ont fait le pari d’identifier des micro-organismes marins capables de stimuler les défenses naturelles des plantes ou d’agir directement sur les agents pathogènes. En 2016, ils extraient d’une algue micrométrique un composé qui, testé en laboratoire, détruit les spores de mildiou. Ils développent ainsi un produit à base d’algues entières mortes que l’on pulvérise sur la vigne. Ces organismes se dégradent en quelques jours, libérant au passage la molécule fongicide (pas d’effet SDN) ainsi que d’autres éléments utiles pour la fertilité.
repères
Immunrise
Type de produit microalgue
Mode d’action fongicide (sporicide)
Lancement espéré 2025
Découvrez l'intégralité du dossier "Mildiou, les alternatives de demain" ici :
Mildiou de la vigne, les alternatives de demain
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