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La filtration dynamique, ça tourne !

La société TMCI Padovan a lancé un filtre dynamique il y a cinq ans. Retour sur les avantages et inconvénients du Dynamos.

En 2013, l’entreprise italienne TMCI Padovan lançait un concept original et novateur, récompensé de la palme d’or au Sitévi : la filtration dynamique. Commercialisés par Liatech, les filtres Dynamos ont la particularité d’être tangentiels et à disques céramiques tournants. Les remous et turbulences créés par la rotation permettent de minimiser la formation de gâteau sur les membranes et donc de limiter le colmatage. Ainsi, cette technologie permet de filtrer des produits très chargés tels que du moût ou des bourbes, mais aussi du vin, ce qui rend l’outil particulièrement polyvalent. TMCI Padovan propose des versions allant de 1 à 80 m2, avec des granulométries entre 0,2 et 2 microns. Gauthier Roy, gérant de la Maison Roy, à Chateauneuf-sur-Charente, s’est équipé de deux modules de 5 m2 dès la sortie du matériel, il y a cinq ans. Et il en est ravi. « Nous sommes prestataires de services, et cet appareil est bien adapté à nos besoins, explique-t-il. Il est polyvalent, or nous travaillons aussi bien sur des liqueurs, des jus, des moûts, des bourbes, des vins, des résidus de boisés, etc. Là où nous perdions avant beaucoup de produit, nous en récupérons à présent la majorité. Par exemple, sur les bourbes, on retrouve 70 à 80 % du volume. » Des propos confirmés par François Davaux, de l’IFV Midi-Pyrénées. Pour lui, le filtre Dynamos est « une excellente alternative à la filtration sur terre, puisqu’il permet de filtrer des moûts très turbides comme ceux issus de thermotraitement sans générer de déchets solides. » Et ce, avec une « très bonne efficacité de filtration, quelle que soit la matière première. La turbidité obtenue est inférieure à celle d’un filtre rotatif sous-vide ; en règle générale, elle est inférieure à 1 NTU, soit un niveau de filtration compatible avec une mise en bouteille. » De son côté, Olivier Pouchoulou, œnologue chez Guigal, à Ampuis dans le Rhône, réserve le Dynamos de 10 m2 et d’une granulométrie de 0,2 micron à la filtration de produits très chargés tels que les bourbes, les colles ou encore les fonds de cuves. « Auparavant, nous avions un filtre rotatif sous vide, témoigne-t-il. Mais le Dynamos nous apporte davantage de confort et de qualité de travail, et le rendement est entre 5 et 10 % meilleur. » En revanche, il n’emploie pas l’appareil sur vins finis. « Nous l’avons testé mais cela décharne plus que la terre ou qu’un tangentiel classique, assure-t-il. Il y a davantage de trituration et de cisaillement, cela ne convient pas au niveau qualitatif que nous recherchons. »

Un débit relativement bas à prendre en compte lors de l’achat

Gauthier Roy est satisfait du fonctionnement du Dynamos, qu’il juge très intuitif – « même un enfant de cinq ans y arriverait » –, et de son nettoyage qui s’effectue automatiquement. En revanche, il soulève deux inconvénients, « mais que l’on connaissait avant l’achat, et que l’on avait donc intégrés », précise-t-il. Tout d’abord, le débit est faible : « sur des lies de pineau, on tombe à 80 l/h avec un 5 m2, indique Gauthier Roy. Sur vin, on est autour de 140 à 170 l/h. » Un défaut également pointé par François Davaux, qui signalait que « le débit pouvant parfois être faible (quatre à cinq fois inférieur à celui d’un filtre rotatif sous vide), le dimensionnement de l’installation doit être soigneusement adapté ». Par ailleurs, ce point faible est contrebalancé par l’automatisation du filtre, qui peut tourner 24 heures/24.

Attention au choc thermique sur les disques en céramique

Le second petit bémol est la fragilité des disques en céramique. « Lorsqu’il fait chaud et que l’on doit pomper des cuves froides, il faut être très vigilant, insiste Gauthier Roy. Il faut aller très doucement pour ne pas provoquer de choc thermique des disques. Généralement, on règle la pompe à 20 %, et on reste devant le filtre jusqu’à ce qu’il soit plein. Cela prend 5 minutes. Une fois qu’il est rempli, on peut remonter la pompe à 100 % et partir. » De son côté, Olivier Pouchoulou n’a pas rencontré ce type de problème ses bourbes étant au minimum à 8 °C, mais il prévient que l’affinage de l’intensité de filtration nécessite de l’expérience. « La puissance du moteur pour la rotation nous sert de guide pour la filtration, décrypte-t-il. Plus le produit est chargé, plus le moteur nécessitera de force. Mais il faut faire attention, car si on pousse trop, on risque de casser les plateaux. C’est ce qui nous est arrivé au départ, lors de nos expérimentations. Heureusement, la sécurité s’est enclenchée, évitant l’effet domino qui aurait cassé tous les plateaux. » L’œnologue conseille également de ne pas sauter l’étape de pré-filtration, qui garantit qu’aucun solide ne rentre sous la cloche et ne crée de dégâts. Il pointe un autre inconvénient de l’appareil : celui du rétentat. « Pour notre petite échelle, le volume mort est de 400 litres de rétentats à garder ou à éliminer. Ce n’est pas possible pour des trop petits lots. »

Au niveau de la fiabilité, à part quelques soucis lors de la mise en route ; une pompe était un peu sous-dimensionnée, Gauthier Roy n’a eu aucun problème alors que le filtre travaille parfois en conditions extrêmes. Tout comme Olivier Pouchoulou, il juge le retour sur investissement satisfaisant, d’autant plus que cet outil lui évite de polluer l’environnement ou d’avoir des déchets à retraiter. Enfin, cette technique n’emploie aucun adjuvant de filtration.

pour approfondir

La RVF se décolmate automatiquement

Les chercheurs Youssef El Rayess de l’université Saint-Esprit de Kaslik au Liban, Audrey Devatine et Claire Albasi du laboratoire de génie chimique au CNRS de Toulouse et Luc Fillaudeau, de l’université de Toulouse, ont quant à eux expérimenté une technique de filtration nommée RVF (Rotating and Vibrating Filtration). Basée sur le même principe de turbulence que celui du Dynamos, ce filtre se compose de deux chambres de filtration, chacune dotée de deux membranes et d’un agitateur à trois pales planes. Dans leur publication parue dans la Revue des Œnologues, les scientifiques indiquent que son intérêt est de disposer d’un « procédé décolmatant sans avoir recours à l’inversion du perméat qui engendre une perte de temps ». Par ailleurs, ils soulignent que la technologie a l’avantage de permettre de travailler à basse pression, ce qui procure un gain d’énergie.

fiche technique

Dynamos de TMCI Padovan

Gamme 1 à 80 m2, avec des granulométries comprises entre 0,2 et 2 microns

Débit 30 et 40 l/h/m2 selon les produits

Encombrement pour le modèle de 2 m2 environ 150 x 80 x 120 mm, pour un poids d’environ 300 kg

Prix à partir de 45 000 euros

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