En Provence, le Centre du rosé prépare le rosé du futur
Alors qu’il fête ses 20 ans, le seul centre de recherche au monde uniquement dédié́ au vin rosé compte poursuivre sur sa lancée et rester précurseur sur les questions liées à l’avenir de ce vin.
Alors qu’il fête ses 20 ans, le seul centre de recherche au monde uniquement dédié́ au vin rosé compte poursuivre sur sa lancée et rester précurseur sur les questions liées à l’avenir de ce vin.
Forte de l’essor des rosés de Provence auquel elle a contribué en deux décennies, l’équipe du Centre du rosé veut continuer de répondre aux demandes pressantes des metteurs en marché, notamment celle de savoir à quoi ressemblera le rosé de demain.
Vers plus de densité pour la couleur des rosés
Gilles Masson, le directeur du centre, estime qu’à moyen terme, les rosés de Provence et d’ailleurs pourront évoluer de leurs couleurs actuellement très pâles vers des teintes plus soutenues. Le nuancier lancé par le centre avec neuf couleurs est aujourd’hui une référence mondiale. Il passe à treize couleurs (qui ont chacune un nom) pour mieux décrire les produits à venir. Cet étalon comprend des nouvelles références baptisées nacre ou sable pour définir de nouvelles teintes particulièrement pâles, très proches du blanc, mais aussi des couleurs plus denses (grenat) pour mieux anticiper le spectre plus large des couleurs du rosé.
La saveur des vins au cœur des recherches
Pour conserver un temps d’avance sur l’évolution du goût du rosé et la différenciation des produits, le centre revoit sa méthodologie. Jusque-là, les équipes segmentaient leurs travaux pour bien identifier chaque phénomène et bien cerner la complexité du rosé. Désormais, les recherches visent à maîtriser les facteurs qui génèrent l’harmonie gustative. Ainsi, le centre s’investit dans la compréhension des saveurs (fraîcheur, rondeur…). Il travaille aussi sur la maîtrise de l’élevage des rosés de garde pour répondre à une demande qui reste encore à préciser par les partenaires du centre.
En poursuivant les études sur la relation entre les sols et les cépages, Gilles Masson compte par ailleurs prouver l’existence d’un réel effet terroir pour le rosé. Des résultats qui ne manqueront pas d’alimenter le vaste débat animant le monde du rosé entre la premiumisation et la multiplication des appellations terroirs d’une part et le fait de rester un produit simple et accessible, d’autre part.
Des nouveaux cépages en cours de test
Pour faire face aux évolutions climatiques, le centre teste aujourd’hui le rousselie (ex-rosé du Var) qui permet d’abaisser le degré dans des assemblages avec le grenache. Sont aussi étudiés : le caladoc associé au grenache et à la syrah, le rolle ou le cépage grec xinomavro, prometteur avec sa vendange de mi-septembre à mi-octobre. Du côté des cépages résistants, l’artaban est expérimenté, à commencer par Bernard Angelras, le président du Centre du rosé, qui l’a planté dans son domaine à Nîmes avec des résultats très satisfaisants. Les viticulteurs partenaires du laboratoire mettent à profit la réglementation qui les autorise à cultiver 5 % de cépages hors du cahier des charges de l’appellation et à en introduire 10 % dans une cuvée offrant au centre un immense laboratoire en conditions réelles. Autre piste, le palissage qui pourrait mieux protéger les grains avec l’amélioration de l’ombrage des feuilles.
Pas autocentrée, l’équipe provençale travaille avec d’autres régions qui cherchent à développer un rosé endogène avec sa propre typicité, différente du Provence, mais annonce s’interdire toute collaboration avec ceux jugés comme des « copieurs » de la Provence.
Un doublement de surface pour les labos
Pour rester proactive, l’équipe de 5 techniciens et 5 ingénieurs devraient voir, en 2021, la surface des salles d’expérimentation doubler pour atteindre 1 000 m2 à la faveur d’un déménagement. La taille de nouveaux locaux permettra de travailler dans les conditions plus proches de celles des exploitations. Le Centre du rosé vient de vendre ses locaux de Vidauban dans le Var à la municipalité et en devient locataire, le temps de chercher le terrain adéquat. Déjà, la chaîne d’embouteillage est acquise. L’investissement total s’élève à 3,5 millions d’euros. Le projet bénéficie d’un financement de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.