Aller au contenu principal

Effervescents | « Que faire en cas de plaque de tartre avant dégorgement ? »

Avec l’essor des vins effervescents nature, certains vignerons voient apparaître de véritables plaques de tartre. Voici des pistes pour s’en débarrasser.

Jacques-Emmanuel Barbier, œnologue, directeur adjoint de l’Institut œnologique de Champagne

« La solution se trouve dans l’anticipation »

« La présence de tartre est une problématique que l’on voit revenir sur le terrain, car certains vignerons se dirigent vers moins d’interventions sur le vin, mais aussi parce que le passage au froid, qui est un moyen de s’affranchir du problème, coûte de plus en plus cher et présente un mauvais bilan environnemental.

Comme souvent dans le monde des effervescents, la solution se trouve dans l’anticipation. Une fois devant la plaque, il n’y a plus grand-chose à faire. Soit elle est de petite taille et peut passer par le goulot, auquel cas on peut s’en sortir en faisant un remuage. Il est alors pertinent de se faire aider par un spécialiste pour trouver le programme adapté.

Si la plaque de tartre est trop grosse, il faut trouver un moyen de la fragmenter. Passer les bouteilles dans un bain d’ultrasons pourrait être pertinent pour des vins tranquilles, mais ce n’est pas imaginable sur un effervescent. Cela crée un dégazage tel qu’il pourrait faire exploser les bouteilles. Les anciens, qui n’avaient pas de moyen pour stabiliser les vins, prenaient, quand cela arrivait, les bouteilles sur pointe et tapaient avec un maillet pour créer une onde de choc. Cela marchait bien, mais c’était long et fastidieux, et il fallait faire attention à ne pas taper trop fort au risque de casser les bouteilles. Pour moi, rien ne vaut l’emploi d’une gomme de cellulose ou d’un passage au froid, en amont, pour éviter la formation de la plaque. Si on ne veut utiliser ni additif ni frigorie, il reste le froid naturel lors d’un hiver rigoureux. Mettre le vin une semaine dehors par 0 °C permet d’éloigner le risque de précipitation chez le consommateur. »

Fabrice Wehrung, œnologue-consultant, responsable technique de la Station œnologique de Champagne

« La seule méthode naturelle est d’utiliser le froid hivernal »

« Sur les vins effervescents, les moyens de se défaire d’une plaque de tartre sont limités. Si les bouteilles sont déjà sur pointe, le vigneron peut essayer d’utiliser les vibrations du gyropalette. Si elles sont sur latte, il s’agit de bien gérer le remuage, toujours en actionnant le mode vibrant de l’équipement. Pour moi, il n’est pas question d’envisager les anciennes techniques qui consistent à taper le cul avec un maillet ou sur un pneu, c’est beaucoup trop risqué pour la sécurité des opérateurs. On peut garder en tête que le phénomène de formation de la plaque est réversible : le tartre se redissout à 25 °C. Le problème étant qu’il cristallise de nouveau lors d’un passage au froid. Aussi je recommande, pour éviter d’en arriver à ce stade, de systématiquement traiter le vin avec de la gomme de cellulose, qui fonctionne très bien, ou bien de réaliser un traitement par le froid avant la prise de mousse.

À mes clients vignerons qui vinifient des pétillants naturels, les Pet’Nat, ou ceux qui ne veulent pas toucher le vin, je conseille carrément d’expliquer leur démarche sur l’étiquette. Par exemple, « ce vin n’est pas traité, il peut y avoir des cristaux de tartre au fond de la bouteille et davantage de mousse à l’ouverture ». Car le consommateur est plein de contradictions : il souhaite des vins qui soient les plus naturels possibles, mais n’accepte pas les contraintes. Il ne veut pas de gerbage car c’est une perte de vin, et confond généralement les cristaux de tartre avec du sucre que l’on aurait ajouté. La seule méthode totalement naturelle reste de mettre les bouteilles dehors en hiver sous une bâche noire. Mais dans le sud de la France c’est quasi impossible car les températures ne sont pas assez basses, et cela reste beaucoup de travail : pour une palette c’est simple, mais avec 100 000 bouteilles, cela se complique. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Parcelle de gewurztraminer en Alsace (67), à Traenheim, à l&#039;automne, prise le 24/10/2024. La vigne est enherbée. </em>
Loi de finances 2025 : deux mesures actées pour la filière viticole

L’interminable feuilleton du vote de la loi de finances 2025 se termine avec deux dispositions importantes acquises pour la…

Agrofournitures : comment s'approvisionner à prix doux en viticulture ?

De 5 à 25 %, c’est ce qu’il est possible d’économiser en achetant ses produits en morte-saison ou bien en se fournissant…

<em class="placeholder">Représentants de la filière viticole au SIA 2025</em>
La filière vitivinicole dévoile son plan d’action

Un diagnostic partagé par tous, un plan bâti collégialement par l’ensemble de la filière, amont et aval. C’est ce qu'a voulu…

<em class="placeholder">Le semoir à engrais verts bricolé par le vigneron Georges Paire.</em>
Astuce de viticulteur : « J’ai élaboré un semoir à engrais verts pour 3 500 euros »

Georges Paire, viticulteur retraité au domaine des Pothiers à Villemontais, dans la Loire, a mis au point un semoir à engrais…

Les exportations de vins et spiritueux vers les États-Unis menacées par une taxe de 25 %

Le cauchemar vécu par la filière vins et spiritueux lors du premier mandat de Trump semble se profiler à nouveau avec l’…

Les fondateurs du domaine Calmel & Joseph, Laurent Calmel et Jérôme Joseph, à Wine Paris 2025
Wine Paris 2025 : la tireuse pour tirer les ventes de vin

Vendre le vin en fût façon bière pour développer les marchés du CHR et de l'événementiel, c'est la voie tentée par trois…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole