Des exportations françaises records
Les vins français, tout comme le cognac, ont connu une belle année 2017 à l’export, avec des valeurs, mais aussi des volumes, à la hausse.
2017, l’année de tous les succès ! C’est ainsi que l’on pourrait résumer les performances de la filière vins et spiritueux à l’exportation. Elle a en effet enregistré le meilleur chiffre d’affaires jamais réalisé, avec 12,9 milliards d’euros. Soit une hausse de 8,5 % par rapport à 2016, qui était déjà un bon cru. Et une fois n’est pas coutume, les volumes ne sont pas en reste, avec une progression de 5 % par rapport à 2016. Ils culminent ainsi à 17,9 millions d’hectolitres (199 millions de caisses de 9 litres). Grâce à ces bonnes performances, la filière consolide sa seconde place dans l’excédent commercial de la France, à 11,5 milliards d’euros (soit une hausse de 9,5 %), après l’aéronautique, secteur à la peine qui cède 5,4 %.
Toutes les catégories bénéficient de cette bonne conjoncture, favorisée par « un contexte économique mondial porteur, en dépit de la poursuite de l’appréciation de l’euro et des incertitudes géopolitiques qui ont marqué l’année 2017 », note la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS). Le dynamisme des marchés américains et chinois, les performances des cognacs et des vins tirent en effet le marché. Ces derniers ont connu une progression à deux chiffres (+10 % par rapport à 2016) en valeur, pour atteindre les 8,7 milliards d’euros, avec des volumes qui ne sont pas en reste. Ces derniers affichent une hausse de 6 %, à 13,05 millions d’hectos.
Progression du vin en volume
Dans le détail, on peut toutefois noter que la Bourgogne a cédé 0,8 % en volume en 2017, du fait des petites récoltes successives. Pour la même raison, les AOC du val de Loire enregistrent un retrait volumique de 5,3 %. De leur côté, les IGP du Languedoc-Roussillon, hors pays d’oc, chutent de 11,2 %, notamment à cause du positionnement de ces produits : ils sont encore essentiellement commercialisés sur les marchés européens. « Or, 80 % de la croissance est réalisée sur les pays tiers », note la FEVS. Cette évolution cache néanmoins des disparités : les IGP de département souffrent, quand les IGP de territoire, notamment rosé, progressent. Ce premier segment pâtit « d’un manque de marques et d’une offre un peu dépassée. Il doit faire sa mue », analyse l’interprofession languedocienne. Par ailleurs, les vins sans IG sans cépage rouges et rosés concèdent 3,7 % et les « autres AOC » perdent 8,4 %.
À l’inverse, certaines régions ont connu de belles hausses, à l’instar des AOC de Bergerac et de Provence qui enregistrent respectivement +37 et +35,4 % par rapport à 2016. Des évolutions à deux chiffres sont également à créditer au Sud-Ouest, que ce soient ses AOC (+14,8 %) ou ses IGP (13,1 %). À noter également les bons résultats volumiques des vins sans IG avec cépage, qui progressent de 13,4 %.
Selon la FEVS, cette bonne tenue des volumes s’explique par une conjonction de facteurs. Tout d’abord, les prix des vins sans IG espagnols et italiens ayant rattrapé les nôtres, nos ventes en volume sur ce créneau sont reparties. De son côté, la Provence bénéficie d’une croissance très importante aux États-Unis (+40 %) qui dope ses expéditions. Le Conseil interprofessionnel des vins de Provence indique que ses expéditions à l’export ont franchi la barre des 54 millions de bouteilles, soit +35 % par rapport à 2016. Ce circuit représente à présent 30 % des débouchés de la région. De son côté, Bordeaux renoue avec la croissance volumique, avec +6,8 % par rapport à 2013. « Nos expéditions ont diminué durant beaucoup d’années, rappelle Georges Haushalter, président de la Compagnie Médocaine. Mais on voit un redémarrage depuis la fin 2016, grâce à un taux de change favorable et à la reprise du marché chinois. » Ce bassin commercialise désormais les deux tiers de ses volumes dans des pays tiers.
La Provence et les effervescents tirent le vin en valeur
En valeur, les voyants sont pratiquement tous au vert. Peu de catégories reculent. C’est seulement le cas des IGP du Languedoc-Roussillon hors pays d’oc (-8,3 %) et des VSIG sans cépage rouges/rosés (-5,8 %). Partout ailleurs, l’heure est à la bonne humeur, avec des évolutions de prix parfois spectaculaires, comme dans les AOC de Provence qui performent avec +36,8 % en valeur par rapport à 2016, pour un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros, Bergerac avec +22,4 %, ou encore les vins effervescents (+8,1 %) et pétillants avec +112,5 % ! Le marché des bulles semble d’ailleurs avoir de beaux jours devant lui. « Sur les dix dernières années, la consommation mondiale a augmenté de 30 %, détaille Juliette Monmousseau, à la tête de la maison de négoce ligérienne Bouvet Ladubay. Et rien qu’aux États-Unis, elle a progressé de 50 %. Les projections prévoient d’ailleurs que ce marché dépasse le Royaume-Uni en 2021. Le Japon est également en embuscade. Dans les cinq prochaines années, il devrait passer premier consommateur. »
Spiritueux : le cognac a le vent en poupe
De leur côté, le cognac et l’armagnac connaissent une évolution positive en valeur : +10,8 % pour le cognac qui passe la barre de 3 milliards en valeur, avec 3,1 milliards d’euros, et +11 % pour l’armagnac (17,8 millions d’euros), Mais cette évolution est contrastée en volume : si le cognac passe à 1,45 million d’hectos (+8,7 %), l’armagnac cède 1,7 % (12 072 hl). Selon Patrick Raguenaud, président de l’interprofession cognaçaise, et directeur de l’entreprise Marnier-Lapostole, l’export représente plus de 90 % des volumes du cognac. « C’est un record historique, nous avons passé les 200 millions de cols et les 3 milliards d’euros, se réjouit-il. Les performances sont équilibrées quel que soit le marché. Nous avons enregistré +11,3 % en Amérique du Nord, +11,3 % en Asie et +25,7 % dans l’Union européenne. De plus, toutes les catégories de produits ont progressé, avec +8,6 % pour les VS, +11 % pour les VSOP et +11 % sur les qualités vieilles. »
Des perspectives en demi-teinte pour 2018
« Cette année, de nombreux défis nous attendent, estime Antoine Leccia, président de la FEVS. Les marchés dépendront en partie des évolutions géopolitiques. Or, nous sommes dans un brouillard général, ce qui crée des incertitudes et des fluctuations de monnaies. » S’ajoute à cela une vendange 2017 faible d’un point de vue volumique. Néanmoins, les exportateurs se veulent optimistes. « Nous avons des atouts, poursuit le président. Nous performons sur les marchés leaders comme la Chine et les États-Unis ; nous avons le savoir-faire. Il faut en profiter pour poursuivre notre développement. »
En outre, il plaide pour la chute des barrières tarifaires à l’export. « Nous devons exporter de plus en plus loin, argue-t-il. Ces barrières sont des freins. Nous allons notamment travailler pour être sur pied d’égalité avec l’Australie en Chine, où nous avons des taxes de 18 % alors que les Australiens n’ont rien. » De son côté, Nicolas Ozanam, délégué général de la FEVS, a appelé de ses vœux la ratification, puis la mise en œuvre de l’accord de libre-échange avec le Japon.