Aller au contenu principal

Un label haie pour gérer durablement le bois

Afin d’encadrer les bonnes pratiques de gestion des haies et leur valorisation par des filières durables et locales, des agriculteurs ont créé un label haie.

La création du label haie permet de labelliser les bonnes pratiques de gestion des haies par les agriculteurs et de garantir la maîtrise d’une filière de production de bois éthique, durable et locale
© C. Delisle

Un groupe d’agriculteurs et leurs structures de valorisation du bois, appuyés par le réseau d’experts de la haie Afac-Agroforesteries, ont initié avec le soutien financier de trois régions (Normandie, Pays de la Loire, Bretagne) et de cinq groupes d’action locale (GAL), une certification pour préserver les haies. Depuis l’automne 2019, elle permet de labelliser les bonnes pratiques de gestion des haies par les agriculteurs et de garantir la maîtrise d’une filière de production de bois éthique, durable et locale.

Le Salon de l’agriculture 2020 a été l’occasion de présenter ce label haie, lancé officiellement en octobre dernier au Ministère de la transition écologique et solidaire. « Cette trame bocagère rend de nombreux services écosystémiques : réservoir de biodiversité, limitation de l’érosion des sols, maintien de la quantité et de la qualité des masses d’eau, stockage du carbone, protection naturelle des animaux. Or, annuellement 11 500 km de haies disparaissent en France. Face à ce démantèlement du bocage, on a souhaité proposer un moyen de garantir sa pérennité, d’où la création du label haie », explique Sylvain Aillard, éleveur et producteur pour la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) Bois bocager énergie en Normandie.

« Une haie bien gérée se régénère perpétuellement, sa bonne gestion en amont permet une valorisation durable en aval. Outre toutes ses fonctions de protection écologique, elle peut aussi être une source de revenus », souligne Catherine Moret, responsable des milieux aquatiques et du bocage, pour le bassin versant de la vallée du Léguer, à Lannion (Côtes-d’Armor)

Deux cahiers des charges

Le label répond au double objectif de produire du bois énergie et/ou du bois d’œuvre.

« Il se compose de deux cahiers des charges distincts, l’un destiné aux gestionnaires de haies, l’autre aux distributeurs de bois bocager. Les premiers sont principalement des agriculteurs, les seconds, des entreprises qui achètent le bois, le stockent et le vendent. Le cahier des charges gestionnaires a été mis en œuvre sur le terrain avec les agriculteurs. Il s’applique à la diversité des haies rencontrées sur le territoire national, soit 23 types », expose Olivier Lepage, chargé de développement à la SCIC Mayenne bois énergie. « Nous avons réussi à construire des indicateurs (40 au total) de bonne gestion des haies simples, objectifs et facilement vérifiables sur le terrain, cohérents et dans lesquels tout le monde peut se retrouver », ajoute Quentin Gougeon, éleveur en Mayenne et producteur pour la même structure. Ce label est progressif au niveau des exigences, ce qui donne du temps à l’agriculteur pour l’apprentissage et l’acquisition des bons gestes techniques.

Il repose sur un système de certification géré par un organisme indépendant aidé par un outil de traçabilité informatique. La demande de certification s’effectue par groupes d’agriculteurs. Ceux-ci, réunis autour de filières de production (bois énergie, produits alimentaires, produits agricoles, …), peuvent s’organiser en OCG (Organisation Collective de Gestionnaires).

Vers un dispositif national

 

 

 

« Ce label représente également un moyen de sécuriser les débouchés pour les agriculteurs producteurs de bois. »

La première année de mise en application concrète du label s’opérera dans les trois régions pilotes : Bretagne (des SCIC Bocagénèse), Normandie (SCIC Bois bocage énergie) et Pays de la Loire (SCIC Mayenne Bois énergie). Le déploiement à l’échelle nationale sera ensuite impulsé par l’Afac-Agroforesteries.

L’objectif pour 2024 est d’atteindre 3 500 agriculteurs labellisés, pour une production estimée à 175 000 tonnes de bois plaquettes labellisées.

Avis d’éleveur : Quentin Gougeon, naisseur-engraisseur de 60 mères et de bœufs avec un atelier volailles de Loué, à Vaiges en Mayenne et producteur pour la SCIC Mayenne bois énergie.

« Je bénéficie gratuitement des avantages des haies »

 
« Depuis mon installation, je travaille au maintien du bocage pour abriter les bovins et les céréales conduites en agriculture biologique. Le label haie répond à un double objectif : être accompagné dans l’évolution des pratiques pour laisser les haies prendre de de manière à jouer leur rôle d’écosystème et faire en sorte que le bois produit trouve sa place dans le modèle économique des exploitations. Pour nous, agriculteurs, le label représente une reconnaissance de ces bonnes pratiques agricoles. Il nous permet d’afficher et de valoriser des services rendus à la société.

 

Sur l’exploitation, je commercialise environ 200 m3 de bois par an, consomme 30 m3 pour le chauffage personnel et garde 90 m3 pour le paillage des bovins. Aujourd’hui, le bois vendu rémunère mon travail. Je bénéficie ainsi de la haie gratuitement. »

En moyenne, dans les trois régions, le bois coupé, broyé et livré par l’éleveur est acheté 50 €/t.

Pour en savoir plus

Un webinaire de présentation du Label haie est organisé le 10 mars 2020 à 10h pour une durée de 2 heures. La genèse de ce label sera présentée, ainsi que l’ensemble des indicateurs des deux cahiers des charges, le lien avec les fonctions écosystémiques assurées, les étapes de certification, le déroulé d’un audit interne sur le terrain, des exemples de formations d’organisation collective de gestionnaires portant le label et son déploiement.

Pour pouvez le suivre gratuitement et sans inscription.

Les plus lus

Répulsif à mouches insolite dans cet élevage bovins viande des Pyrénées-Atlantiques, accrochés au-dessus du cornadis.
Astuces d’éleveurs : un répulsif à mouches insolite et un couvercle de brouette sur-mesure pour se protéger des petites bêtes

Ximun Eppherre et Peio Etchegoinberry, dans les Pyrénées-Atlantiques, ont trouvé des solutions simples et efficaces pour se…

« Avec ce siège d'écornage, la tête du veau est bien maintenue. Les mouvements avant-arrière sont limités par une ficelle qui passe derrière la tête. Celle-ci se ...
Astuce d’éleveur : une contention rapide pour parer ses vaches et écorner les veaux à son rythme

Olivier et Jean-Paul Pageot, situés à Aisy-sous-Thil en Côte-d’Or, regorgent d’idées pour gagner en efficacité et en confort…

élève femme formation bovins viande
Formation CS conduite d’un élevage bovin viande : « Ici, on n’a pas de profs, on a des pros »

Découvrir, comprendre, pratiquer, pour se spécialiser dans l’élevage bovin viande : tels sont les objectifs du certificat…

FCO 3 : un premier foyer confirmé en France dans le département du Nord

Un premier foyer en France de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 est confirmé dans un élevage ovin du département du Nord.…

La lecture un à un en proximité nécessite la contention de l'animal. Un frein de taille pour les élevages allaitants.
Identification des bovins : la généralisation des boucles électroniques refait surface

Le gouvernement a annoncé qu’il financera une partie de la dématérialisation de l’identification des bovins. Les boucles, qui…

Bovins viande / pathologies bovines / vaccination contre la fièvre catarrhale / FCO
FCO 3 : Les contours des zones régulée et de vaccination volontaire s’élargissent

Suivant la confirmation d’un second foyer de FCO sérotype 3 dans l’Aisne, puis d'un troisième dans les Ardennes, le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande