Comment les distributeurs réduisent leur empreinte carbone en lien avec l'agriculture ?
Une étude intitulée « Les bonnes pratiques pour la transformation écologique du secteur de la grande distribution alimentaire » vient d’être publiée. Elle est le fruit d’un travail du collectif d’étudiants. Pour un réveil écologique qui propose dix recommandations pour améliorer les choses.
Une étude intitulée « Les bonnes pratiques pour la transformation écologique du secteur de la grande distribution alimentaire » vient d’être publiée. Elle est le fruit d’un travail du collectif d’étudiants. Pour un réveil écologique qui propose dix recommandations pour améliorer les choses.

« Les bonnes pratiques pour la transformation écologique du secteur de la grande distribution alimentaire » est une étude que vient de publier Pour un réveil écologique, un collectif d’étudiants fondé à la suite du lancement, en 2018, d’un manifeste pour un réveil écologique par des élèves de grandes écoles (d’ingénieurs, de commerce ou de sciences politiques) signé à ce jour par plus de 34 000 étudiants de plus de 400 établissements scolaires français.
13 enseignes enquêtées
L’équipe de rédaction qui inclut des élèves d’HEC Paris, AgroParisTech, CentraleSupélec, l'Ecole Polytechnique et de l’ENS Ulm s’est intéressée à 13 enseignes de distribution présentes en France : Carrefour, E. Leclerc, Intermarché, Netto, Lidl, U, Casino, Franprix, Monoprix, Biocoop et Picard. L’étude se concentre sur la réduction de l’empreinte carbone, de la perte de biodiversité et des pollutions associées à la grande distribution selon trois axes : la modification des régimes alimentaires et modes de consommation, la modification des pratiques agricoles et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Une grille de mesures a été envoyée à chaque enseigne et seules Carrefour, Coopérative U, Les Mousquetaires et Lidl ont accepté de rencontrer ensuite les auteurs de l’étude, les autres ont refusé.
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« La végétalisation de l’offre reste balbutiante »
En recensant les bonnes pratiques pour la transformation de la grande distribution, les auteurs de l’étude ont noté « quelques perspectives encourageantes mais surtout de nombreuses pistes d’amélioration ». Ils remarquent que les approvisionnements des distributeurs sont un peu plus responsables chaque année, « malgré des objectifs dans la demi-mesure ». Pour eux, « Les enseignes doivent absolument viser le 100 % sur l’ensemble des produits commercialisés, et pas uniquement sur les marques de distributeurs ». Ils soulignent par ailleurs que « la végétalisation de l’offre, pourtant clé pour réduire l’empreinte carbone des distributeurs, reste balbutiante ».
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La majorité des enseignes a mis en place des partenariats avec les agriculteurs mais seulement pour les filières clés
Pour ce qui est de l’accompagnement des agriculteurs, ils estiment que la grande majorité des distributeurs mettent aujourd’hui en place des partenariats avec eux « pour les accompagner dans une démarche de décarbonation, agroécologique ou de conversion vers le bio ». Pour autant, ces partenariats ne concernent que quelques filières clés comme le blé, la viande bovine ou certains fruits ou légumes. L’étude rapporte que « seul Carrefour se fixe l’objectif d’emmener l’ensemble de ses filières dans une démarche agroécologique d’ici 2025, avec une volonté affichée de réduction d’utilisation de pesticides ».
Réduire les émissions de GES…
Les auteurs soulignent par ailleurs que Lidl a mis en place des contrats tripartites avec certains éleveurs et transformateurs afin de réduire les émissions de GES des filières associées et d’assurer une rémunération plus juste. Autre action intéressante selon eux : la commercialisation des produits issus d’exploitations en conversion vers l’agriculture biologique avec une mention spécifique, comme pour Biocoop ou Picard.
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… et de pesticides
En matière de réduction de pesticides, seules les enseignes Auchan et Les Mousquetaires proposent une liste de substances à réduire ou éliminer. « Si le groupe les Mousquetaires s’était fixé un objectif de réduction de 50% de l’utilisation des produits phytosanitaires dans toutes les exploitations d’ici 2025, en ligne avec la stratégie Ecophyto du gouvernement, cet objectif semble aujourd’hui caduc » affirme le rapport qui ajoute que seul Lidl maintient un objectif de réduction de 50 % de l'utilisation des produits phytosanitaires d'ici 2030 pour ses filières fruits et légumes. Les autres enseignes n’ont pas fixé d’objectif et traitent la question au cas par cas, ce qui dénote « un manque d’ambition » selon le rapport.
Dix recommandations pour les distributeurs
A l’issue de leurs travaux, les auteurs de l’étude ont listé dix recommandations pour le secteur de la grande distribution alimentaire :
- Promotions : favoriser la vente de produits bio et des alternatives végétales par des promotions et programmes de fidélité
- Protéines végétales : adopter des trajectoires d’augmentation de la part d'alternatives végétales dans les protéines commercialisées
- Vrac et consigne : déployer significativement le vrac et la consigne en fixant un objectif de pourcentage de l’offre
- Filières durables : adopter des trajectoires de décarbonation et réduction de l’utilisation des pesticides par filière
- Soutien aux agriculteurs : accompagner sur le long terme les agriculteurs pour la diversification des cultures par la création de débouchés et pour la conversion en bio
- Emission de GES : Fixer un objectif de réduction des émissions de GES pour l’ensemble des fournisseurs en accord avec la trajectoire certifiée SBTi
- Matières premières critiques : garantir un approvisionnement sans déforestation pour 100 % des volumes de soja, bœuf, huile de palme, café et cacao et fixer un objectif de réduction des empreintes soja et palme
- Ventes durables : publier les chiffres de vente de produits bio et de protéines végétales
- Résultats par filière : publier des comptes de résultats par filière et types de produits pour gagner la confiance des consommateurs et rassurer sur les marges réalisées
- Gaspillage alimentaire : travailler avec les fournisseurs sur la réduction du gaspillage alimentaire par l’adaptation des calibres et processus de transformation