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Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les possibles conséquences de mesures de rétorsion chinoises sur les importations de produits agricoles en provenance des États-Unis. La Chine doit désormais trouver des alternatives au sorgho états-unien avec de nouvelles sources d’approvisionnement ou des alternatives comme l’orge.

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
La rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine modifie les flux des échanges des céréales
© Image générée par IA / ChatGPT – OpenAI

La politique de commerce extérieur de Donald Trump bouleverse les équilibres dans les échanges agro-alimentaires mondiaux. La Chine, soucieuse de sa sécurité alimentaire, se trouve dans l’obligation de trouver des alternatives dans ses approvisionnements

Lire aussi : « La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Le cas du sorgho illustre parfaitement cette situation. En effet, la Chine est le principal client du sorgho états-unien. En 2024, l’Empire du Milieu a importé 8,66 millions de tonnes de sorgho. Sur ce total, 5,68 millions de tonnes ont été importées des États-Unis, 1,95 million de tonnes d'Australie et 1,02 million de tonnes d’Argentine. Lors du colloque de la filière orges brassicoles du 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Negoce, alertait déjà sur cette situation : «  La politique américaine à venir va entériner de grosses hausses de taxes douanières. Les plus grosses hausses concernent la Chine. On va avoir une modification des flux et une évolution de la consommation avec des effets de vases communicants. Il faudra accorder une attention particulière au sorgho américain dont une grosse partie est exportée en Chine. On peut imaginer un report de cette consommation chinoise de sorgho sur l’orge fourragère ».

«  On peut imaginer un report de la consommation chinoise de sorgho sur l’orge fourragère » Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce

Les Chinois ont annulé des achats de sorgho états-unien

Selon les dernières données de ventes hebdomadaires de l’USDA du 9 avril, les acheteurs chinois ont annulé 10 000 t de sorgho en provenance des États-Unis. Ce revirement est probablement le prélude à une réorientation des approvisionnements chinois. En parallèle, les douanes du pays ont suspendu les autorisations d’une entreprise états-unienne pour l’exportation de sorgho vers la Chine. Pour justifier cette décision, elles ont évoqué des teneurs en zéaralénone et en moisissures dépassant les limites autorisées dans le sorgho en provenance des États-Unis. Enfin, la Chine avait suspendu les importations de sorgho états-unien en guise de rétorsion sur les surtaxes douanières de 34 % annoncées par Donald Trump plus tôt dans la semaine. Depuis, la Chine a de nouveau augmenté ces taxes à 125 % depuis le 11 avril.

Lire aussi : Marché des engrais : repli des cours de l’urée puis de l’ammonitrate

Les exportations australiennes de sorgho bondissent

Les expéditions australiennes de sorgho ont bondi en février à 123 500 t contre 9 179 t en janvier. Cette progression est principalement l’œuvre de l’Empire du Milieu alors que la nouvelle récolte a atteint les canaux d’exportation australiens en février. En effet, les expéditions de sorgho australien vers la Chine sont passés de 5 593 t à 115 990 t selon les dernières données du bureau australien des statistiques.

« Les États-Unis sont le plus grand exportateur de sorgho au monde et sont exclus de la Chine, le plus gros acheteur. Cela soutient grandement la demande en sorgho et en orge australiens », commente Sam Roache, manager pour la société australienne Flexigrain.

« Les États-Unis sont le plus grand exportateur de sorgho au monde et sont exclus de la Chine, le plus gros acheteur » Sam Roache, Flexigrain

En orge, l’Australie a expédié 978 890 t au mois de février, d’après le bureau australien des statistiques, et les opérateurs locaux estiment les exportations entre 800 000 t et 900 000 t pour le mois de mars puis 500 000 t en avril. A ce rythme, le disponible exportable sera épuisé dès le début de juillet.

Toujours en hémisphère sud, l’Argentine dispose d’un disponible exportable de 1,2 Mt, selon Alexis Garnot lors du colloque Arvalis du 3 avril.

La France peut-elle aussi tirer parti de la situation ?

La demande chinoise en orge est estimée en forte baisse par l’USDA à 9 Mt en 2024-2025 contre 15,9 Mt pour la campagne précédente. Cependant, la guerre commerciale entre Pékin et Washington rebat les cartes. L’Empire du Milieu est dans l’obligation de trouver des alternatives aux importations de sorgho et de nouvelles sources d’approvisionnements. D’après les propos d'Alexis Garnot, l’hémisphère Nord va débuter la nouvelle campagne 2025-2026 avec des stocks de report serrés. Dans ce contexte, les nouvelles disponibilités françaises dès le mois de juillet en orge fourragère 2025-2026 pourraient être rapidement convoitées dès le début de campagne. En mai, le prochain rapport USDA sur la nouvelle campagne sera très attendu pour évaluer la demande dans un marché en manque de visibilité avec les différents rebondissements sur la guerre commerciale sur les droits de douane initiée par Donald Trump.

Lire aussi : Sécurité alimentaire : vers de nouveaux accords entre le Maroc et la France ?

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