« Stop aux méga-manifs à Melle » ! Des agriculteurs de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres s'alarment
La Chambre d’agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres et la Coop de l'eau demandent aux élus locaux de dénoncer l’appel des organisateurs du “village pour la défense de l’eau”, du 16 au 21 juillet à Melle, à détruire les réserves de substitution.
La Chambre d’agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres et la Coop de l'eau demandent aux élus locaux de dénoncer l’appel des organisateurs du “village pour la défense de l’eau”, du 16 au 21 juillet à Melle, à détruire les réserves de substitution.
Ne croyant pas à la rhétorique « bon enfant » du collectif “Bassines non Merci” la chambre d’agriculteur de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres dénonce, dans un communiqué en date du 3 juillet, les appels à la destruction dans le cadre de la « mobilisation internationale » contre les « méga bassines » annoncée à Melle du 16 au 21 juillet et les 19 et 20 juillet dans le Poitou.
Quel mode d’action des organisateurs ?
Cette manifestation, organisée par le collectif "Bassines Non Merci" et soutenue par environ 150 organisations, dont les Soulèvements de la Terre, Attac et la Confédération paysanne, suscite de vives inquiétudes chez les agriculteurs en faveur des réserves d'eau.
Un "Village de l'Eau" s'installera à la ferme de la Gennellerie à Melle, avec l'objectif d'accueillir plus de 10 000 personnes. Deux journées de "manif'actions" sont prévues les 19 et 20 juillet, ciblant les bassines existantes, en construction ou en projet, ainsi que certaines infrastructures agro-industrielles liées à ces réserves d'eau.
Nous faisons le choix de maintenir au cours de la semaine des formes de désobéissance de masse
« Puisque le gouvernement passe en force, se refuse à un moratoire et continue à imposer chantier par chantier les projets de bassines, nous faisons le choix de maintenir au cours de la semaine des formes de désobéissance de masse
qui impactent concrètement leurs cibles. Elles pourront être de trois types : des occupations, des blocages ou des désarmements », peut-on lire dans le guide de l'évènement publié par Bassines non Merci.
La cible : les bassines (ou leurs réseaux) qui viennent d’être construites, en chantier ou en projet
Les cibles des manifestants ? « En premier lieu, l'objectif historique autour duquel nous nous sommes
réunis dans cette lutte : les bassines (ou leurs réseaux) qui viennent d’être construites, en chantier ou en projet », est-il précisé dans le livret où l'organisation précise qu'elle proposera aux participants « des formations sur les enjeux d'anti-répression, sur la construction et la préparation de groupes affinitaires/de confiance, de déplacement collectif, de prise de décisions en grand groupe dans l'urgence ».
La Chambre d'agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, ainsi que la Coop de l'eau expriment leur inquiétude et leur colère face à cette mobilisation. Ils dénoncent le "ton belliqueux" des organisateurs et les "appels à la violence et aux dégradations" qu'ils perçoivent dans le cadre d'action proposé.
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« Désarmement », « démantèlement » : des termes irresponsables selon la Chambre d'agriculture
La Chambre d’agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres relève l’utilisation des termes de « désarmement », « démantèlement d’infrastructures néfastes » et de « désobéissance civile » par les organisateurs, termes qu’elle juge « irresponsables ».
Des incidents impliquant des dégradations d'infrastructures agricoles, dont des réserves de substitution et des systèmes d’irrigation, ont eu lieu dans plusieurs localités françaises entre 2021 et 2023, notamment à Mauzé-sur-le-Mignon, Épannes et Sainte-Soline qui ont atteint leur paroxysme en mars 2023, rappelle la chambre consulaire.
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Un monde agricole traumatisé
« Derrière les réserves de substitution, il y a des hommes et des femmes, durablement traumatisés par les attaques dont ils font l’objet depuis trop longtemps » insiste la Chambre d’agriculture, poursuivant « Il y a aussi des outils et des infrastructures de la chaîne alimentaire qui sont menacés de saccage sur tout le territoire. » Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau, exprime sa colère, craignant que cet événement n'attire « des activistes radicaux animés par la seule volonté d'en découdre avec les forces de l'ordre ».
Derrière les réserves de substitution, il y a des hommes et des femmes, durablement traumatisé
C’est pourquoi, la Chambre d'agriculture et Coop de l'eau appellent les élus locaux à s'opposer à « cet évènement hautement dangereux » et à protéger les installations agricoles. « La démocratie locale ne peut être prise en otage par une petite poignée d’activistes déconnectés du territoire et s’affranchissant de l’Etat de droit et de l’intérêt général ».
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