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Bassine de Sainte-Soline, le président de la Coop de l’eau soulagé : « être reconnu comme victime pour nous c’est important »

Suivant les réquisitions du procureur le tribunal correctionnel de Niort vient de prononcer des peines lourdes contre les responsables syndicats à l’initiative de manifestations contre la réserve de substitution de Sainte-Soline. Une satisfaction pour Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau 79.

Opposants aux bassines des Deux-Sèvres devant le tribunal correctionnel de Niort
Opposants aux bassines des Deux-Sèvres devant le tribunal correctionnel de Niort le 17 janvier.
© Collectif Bassines Non Merci

Le tribunal correctionnel de Niort, dans les Deux-Sèvres, a condamné le 17 janvier trois des organisateurs des manifestations contre la réserve de substitution de Sainte-Soline à des peines de 6 à 12 mois de prison avec sursis.

A six mois d'un nouveau rassemblement, le tribunal correctionnel de Niort a suivi quasiment à la lettre les réquisitions du procureur qui avait fustigé le "climat de terreur" dans le département lors d'un procès houleux, dans la droite ligne des manifestations violentes à Sainte-Soline en octobre 2022 et mars 2023, indique l’AFP.

Lire aussi : Bassine de Sainte-Soline : que retenir de la manifestation du 24 au 26 mars ?


Tous les responsables syndicaux reconnus coupables d’organisation d’une manifestation interdite

« Tous les responsables syndicaux poursuis ont été reconnus coupables d'organisation d'une manifestation interdite », déplore la Confédération paysanne dans un communiqué qui juge le délibéré du tribunal « inacceptable » et estime que « le président du tribunal a fait preuve de déni climatique, en refusant de prendre en compte l’état de nécessité ».

 

Lire aussi : Mégabassines dans les Deux-Sèvres : un rapport favorable à la poursuite des projets de grandes réserves de substitution 

Des interdictions du territoire des Deux-Sèvres de 3 ans prononcées

« Les peines retenues pour organisation de manifestation interdite vont d‘amendes de 1000 euros avec interdiction de territoire, à des peines de sursis jusqu’à 3 mois, ce qui aboutit, avec les différents cumuls, à l’image de ce procès politique « fourre tout », à des peines allant jusqu’à 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour Julien Le Guet, co-porte parole de Bassines Non Merci », précisent le collectif Bassines non merci et Les Soulèvements de la Terre dans un communiqué commun. 

« Des interdictions de territoire de 3 ans ont été prononcées pour tous les prévenus qui ne résident pas dans les Deux Sèvres, et interdiction de Mauzé et Sainte-Soline pour Julien Le Guet. Le montant total des amendes et dommages requis avoisine les 20 000 euros » détaille encore le communiqué. « Les peines d'exclusion des Deux-Sèvres de 3 ans demandées sont la traduction emblématique de cette volonté d’étouffer un mouvement » estiment les deux organisations.

Dans le détail, voici les peines prononcées, selon France Bleu Poitou :

  • Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines non merci" : un an de prison avec sursis, interdiction de paraitre à Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon pendant trois ans, amendes et dommages et intérêts pour les parties civiles de plus de 20 000 euros 
  • Joan Monga alias Basile Dutertre, des Soulèvements de la terre : neuf mois de prison avec sursis et interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres pendant trois ans 
  • Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu, des Soulèvements de la terre : six mois de prison avec sursis et interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres pendant trois ans 
  • Benoit Jaunet et Nicolas Girod de la Confédération paysanne : 1.000 euros d’amende et interdiction de paraître en Deux-Sèvres pendant 3 ans pour Nicolas Girod 
  • David Bodin de la CGT 79 et Hervé Auguin de Solidaires 79 : 500 euros d’amende 
  • Sébastien Wyon, militant : 60 jours d’amendes à 10 euros pour vol aggravé, ainsi que 300 euros d’amende interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres pendant trois ans 
  • Nicolas Beauvillain, militant : 60 jours d’amendes à 10 euros pour vol aggravé et 300 euros d’amende 

 

Lire aussi : Sainte-Soline : un agriculteur en pleurs et 16 maires choqués

Pour la Coop de l’eau un message est passé

« Etre reconnu comme victime aujourd’hui pour nous c’est important. Là il y a un message qui est passé pour dire la violence n’aboutit à rien […] Les faits de violence sont graves » a pour sa part réagi Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau 79 à la sortie du tribunal.

La gestion de l'eau doit se discuter

« C’est important d’entendre le message suivant lequel la gestion de l’eau doit se discuter, se faire dans le dialogue et sur ce territoire il y a eu beaucoup trop de violence », a-t-il poursuivi.
 

 

Lire aussi : Stockage de l’eau : le parcours du combattant pour créer des bassines

La bataille judiciaire continue

Les opposants aux réserves de substitution affirment pour autant ne pas baisser les bras. 

Lors d’une visioconférence, Julien Le Guet a indiqué qu’il ferait appel de cette décision comme quatre des huit autres prévenus, d'autres organisations souhaitant soumettre cette décision à leurs assemblées générales, rapporte l’AFP. Parmi ceux qui font appel figurent les membres du collectif Les Soulèvements de la Terre Joan Monga, alias Basile Dutertre, et Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu.

Un recours va être déposé auprès du Conseil d'Etat pour faire annuler les travaux

« Les batailles juridiques vont se poursuivre. La récente saisine par des dizaines de blessés de la Défenseure Des Droits aura pour but d'établir la vérité sur ce qui s'est passé à Sainte-Soline. Un recours va être également déposé auprès du Conseil d’État pour faire annuler les travaux et les conclusions de la commission d'enquête », écrivent aussi le collectif Bassines Non Merci et Les Soulèvements de la Terre dans un communiqué commun. 

Les deux organisations déclarent aussi vouloir « batailler contre le projet de Loi d'Orientation de l'Avenir Agricole (LOAA) porté par le gouvernement » qui « prévoit notamment d'inscrire les projets de bassines en "intérêt majeur", afin de pouvoir s'affranchir des réglementations et garde-fous juridiques qui ont permis jusqu'alors de ralentir le bassinage généralisé du territoire ».

 

Les organisations opposantes veulent continuer la lutte sur le terrain

Les deux organisations annoncent par ailleurs que la « résistance sur le terrain face aux bassines » continue avec une prochaine mobilisation internationale annoncée du 14 au 21 juillet prochain, par plus de 65 organisations qui continueront à manifester quoi qu'il en soit.

L'eau doit être gardée dans les sols et non pompée selon la Confédération Paysanne

« Cette décision de justice condamne aussi toutes les paysannes et paysans victimes de l'accaparement et de la privatisation de l'eau au profit de quelques-uns. L'eau doit être gardée dans les sols et non pompée par une minorité pour le modèle agro-industriel », a réagi pour sa part la Confédération paysanne dans un communiqué.

« Ces condamnations n'ont qu'un objectif : étouffer la mobilisation paysanne et citoyenne contre les méga-bassines. Comme nous l'avons tous dit ce matin devant le tribunal de Niort, la lutte continue. Nous restons déterminés à œuvrer pour la préservation et le partage de l'eau car les paysannes et paysans ont besoin de ce changement », conclut le syndicat minoritaire agricole.

Lire aussi : Vrai-faux sur la mégabassine de Sainte-Soline, selon la Chambre d’Agriculture des Deux-Sèvres

 

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