Sainte-Soline : un agriculteur en pleurs et 16 maires choqués
La dernière manifestation contre le projet de réserve d’eau dans les Deux-Sèvres suscite beaucoup d’émotions sur le terrain, rapporte la presse locale.
La dernière manifestation contre le projet de réserve d’eau dans les Deux-Sèvres suscite beaucoup d’émotions sur le terrain, rapporte la presse locale.
La manifestation du 24 au 26 mars contre la « bassine » de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres a bouleversé tout un territoire.
« Des jours très durs », selon un agriculteur de Sainte-Soline
Emmanuel Villeneuve, agriculteur à Sainte-Soline, en pleurs, a pris la parole cette semaine devant les caméras du Parisien pour exprimer son désarroi face aux actions violentes intervenues sur son exploitation agricole. « Je regrette beaucoup qu’il y ait eu des blessés mais personne ne s’est posé la question de comment nous on le vivait de voir notre outil de production saccagé et nos matériels dégradés », confie-t-il.
« C’est très pénible de voir nos installations détruites, ces jours sont très durs » poursuit-il affirmant que les contestations autour du projet dont il est partie prenante devraient s’exprimer « autour d’une table en discutant ».
Une prise en otage des populations, déplorent seize maires
Le 5 mars dans un communiqué commun le maire de Sainte-Soline et quinze maires de communes aux alentours (1) ont pour leur part réagi aux évènements des 24 et 25 mars derniers qu’ils qualifient de « désastre pour [leurs] territoires de tranquillité, d’accueil, de tolérance ».
Dans le communiqué, « ils témoignent de la peur de [leurs] populations, l’invasion de [leurs] villages, le désarroi de [leurs] agricultrices et agriculteurs, la dégradation des biens des particuliers et de [leurs] infrastructures », rapporte La Nouvelle République.
Les maires reprochent aux organisateurs des manifestations interdites d’octobre 2022 et mars 2023 « l’accaparement de [leurs] territoires, de [leurs] bourgs, et de [leurs] campagnes » devenus « théâtre d’affrontements violents », assimilant ce procédé à « une prise d’otage » de leurs populations et en appellent à « un sursaut pour revenir à la raison ».
Bassines : les maires autour de Sainte-Soline dénoncent «une prise d’otage» de leurs populations.
«Une telle déferlante» a choqué «certains de nos enfants, mais aussi de nos aînés», écrivent-ils ⤵️https://t.co/mthTFTyoxe— La Nouvelle République (@lanouvellerep_) April 6, 2023
6 tonnes de pierres accumulées à « l’arrière de la ligne de front »
« Cela a été un tsunami pour les habitants », confie pour sa part Julien Chassin, maire de Sainte-Soline, à la Nouvelle République.
Le maire rapporte les témoignages « d’habitants choqués par le passage des cortèges, avec des individus cagoulés, parfois armés ». Et de confier notamment que ses agents municipaux ont par exemple ramassé 6 tonnes de pierres accumulées « à l’arrière de la ligne de front ». « On subit la situation. Sainte-Soline est devenue le chantier totémique de la lutte contre les bassines », déclare-t-il encore.
Un système de réserves adapté à la physionomie de la réserve souterraine en eau
Comment sortir de cette situation ? « Je ne crois pas qu’un moratoire puisse apaiser les tensions. Il faut probablement penser que le système de réserves de substitution n’est peut-être pas duplicable partout. On a la possibilité ici, à Sainte-Soline, de par la physionomie de la réserve souterraine en eau. Comment adapte-t-on la gestion de l’eau pour l’usage agricole, en fonction de la physionomie des sols, de la pluviométrie et des cultures qui seront irriguées ? », répond le maire de Sainte-Soline.
#DeuxSèvres. Après la manifestation anti-bassines du 25 mars 2023, Julien Chassin, maire de Sainte-Soline, s’exprime pour la première fois.
→ https://t.co/ud4g4wccvP pic.twitter.com/Tuxyv8Beqx— e_niort (@e_niort) April 6, 2023
(1) Sainte-Soline, Vanzay, Caunay, Pers, Saint-Coutant, Lezay, Rom, Messé, Vançais, Pliboux, Mairé-Levescault, Clussais-la-Pommeraie, Sauzé-Vaussais (79), Chaunay, Brux, Valence-en-Poitou (86) et le président de la communauté de communes Mellois en Poitou.