Vaccination des porcelets : l’exosquelette ne soulage pas le dos
Des tests réalisés en élevage sur deux modèles d’exosquelettes censés soulager le dos lors de travaux exigeant des efforts musculaires montrent qu’ils sont inefficaces pour la vaccination des porcelets.
Des tests réalisés en élevage sur deux modèles d’exosquelettes censés soulager le dos lors de travaux exigeant des efforts musculaires montrent qu’ils sont inefficaces pour la vaccination des porcelets.
Porter un exosquelette destiné à soulager le dos lors des vaccinations de porcelets ne permet pas de réduire les efforts musculaires. C’est ce qui ressort d’une étude terrain réalisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne, la MSA Armorique et le cabinet AGB Solutions.
Lire aussi : Gagner en confort lors de la vaccination des porcelets
Les deux structures ont évalué l’impact de l’utilisation d’un exosquelette « dos » sur les conditions de travail lors de la vaccination des porcelets. Deux modèles d’exosquelettes apportant une assistance au niveau du dos ont été sélectionnés : le Hapo d’Ergosanté, et le Liftsuit d’Auxivo. Les deux modèles s’enfilent comme un sac à dos, et se fixent en trois points : au niveau du bassin, des genoux et du torse. L’assistance est apportée par des tiges en carbone pour le Hapo, et par des « accumulateurs d’énergie » (sortes de gros élastiques) pour le Liftsuit. Le Hapo existe en trois tailles, et le Liftsuit en deux tailles.
Lire aussi : Confort de travail : Un pont de vaccination des porcelets à moins de 2 000 euros
Ces deux modèles ont été testés par le personnel de la station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne de Crécom, dans les Côtes-d’Armor, afin de vérifier leur compatibilité avec le travail en élevage porcin. Ensuite, des tests en conditions contrôlées ont été réalisés. Équipés de capteurs mesurant la position, le rythme cardiaque et l’activité de différents muscles, quatre personnes de l’équipe de Crécom ont réalisé des tâches bien définies : attraper un poids au sol, le tenir à bout de bras, se déplacer… Enfin, des tests ont été réalisés dans trois élevages finistériens, auprès de huit éleveurs et salariés (six hommes et deux femmes). Une réunion sur l’élevage a permis à chacun d’apprendre à mettre, enlever et régler les deux modèles d’exosquelettes. Un questionnaire médical a également été complété afin de vérifier l’absence de contre-indications. Ensuite, chacune des huit personnes a été équipée de capteurs pour une séance de vaccinations, lors de laquelle elle a réalisé son travail avec l’un, l’autre, et aucun des exosquelettes.
Un appareil par personne obligatoire
La mise en place des essais a permis d’évaluer la praticité des exosquelettes. Globalement, ceux-ci sont relativement faciles à enfiler lorsqu’on a compris comment faire. Par contre, la nécessité de les régler en fonction de sa morphologie impose, en cas d’achat, d’en avoir un par personne. Le temps consacré à rerégler son exosquelette risque, sinon, d’être rédhibitoire. D’autre part, l’essayage est très important pour choisir la bonne taille. En effet, les références de tailles fournies par les fabricants sont relativement approximatives, et elles ne prennent pas en compte les variations de corpulence. Enfin, le remontage des exosquelettes après un lavage en machine demande de la patience et, pour l’Auxivo, de la dextérité. Les fabricants des deux modèles ont simplifié le remontage entre les versions 1 et 2 de leurs exosquelettes. Il reste cependant encore des marges de progression pour que cette tâche soit aisée.
La vaccination n’est pas une tâche standardisée
Au niveau des mesures, on constate que l’utilisation des deux exosquelettes augmente le temps de travail d’une vingtaine de pourcents en conditions contrôlées et lors des vaccinations. Les muscles du dos sont soulagés en conditions contrôlées, mais pas lors des vaccinations. Lors de celles-ci, les efforts augmentent au niveau des cuisses, sans bénéfice au niveau du dos. Cette différence s’explique sans doute par le fait que le ramassage au sol des animaux n’est pas une tâche standardisée. Selon la position du porcelet, ses mouvements, les contraintes de la case, la personne effectue plus ou moins de torsions du corps. L’exosquelette, qui est prévu pour aider sur un type de mouvement (se pencher et se relever en restant dans le même plan), n’apporte alors plus d’assistance. Pour réduire la pénibilité lors des vaccinations, il reste donc préférable, lorsque c’est possible, d’utiliser un pont de vaccination, une fosse, ou un élévateur à porcelets.
Caroline Depoudent
Exosquelettes : comment ça marche ?
Les exosquelettes sont des structures mécaniques portables qui fonctionnent en lien avec leur utilisateur. Deux types d’exosquelettes sont proposés à la vente. D’un côté, les exosquelettes passifs ne sont pas motorisés. Les deux modèles testés à Crécom rentrent dans cette catégorie. Le dispositif accumule de l’énergie quand la personne se penche (en courbant les tiges dans un cas, en étirant les élastiques dans l’autre). Il la restitue à la remontée, quand les élastiques ou les tiges reprennent leur forme originelle. Les exosquelettes passifs sont souvent utilisés à des fins d’ergonomie, pour prévenir les microtraumatismes répétés ou pour aider à soulever des outils ou des équipements. Il existe aussi des exosquelettes actifs, ou motorisés. Ceux-ci peuvent aider à soulever des objets lourds tout en réduisant le risque de blessures musculosquelettiques.
Partenaires
Cette étude a été réalisée par la MSA Armorique, les Chambres d’agriculture de Bretagne, et le cabinet AGB Solutions. Elle a bénéficié du soutien du plan France 2030 (Caisse des dépôts et consignations).