Une conduite alimentaire adaptée pour valoriser le Duroc
L’Earl de la Cosseterie a choisi le Duroc Danbred pour les atouts annoncés sur les porcelets en maternité. Une remise à plat de la conduite alimentaire a aussi permis d’améliorer les performances d’engraissement.
L’Earl de la Cosseterie a choisi le Duroc Danbred pour les atouts annoncés sur les porcelets en maternité. Une remise à plat de la conduite alimentaire a aussi permis d’améliorer les performances d’engraissement.
« La vivacité des porcelets à la naissance ! » : voilà la différence majeure qu’a constatée le gérant de l’Earl de la Cosseterie Francois Mesnard, à Villers-Plouich, dans le Nord, depuis qu’il utilise la génétique mâle duroc danbred. Cette qualité, accompagnée des conseils techniques de la firme génétique danoise sur la conduite alimentaire en post-sevrage et en engraissement, lui a permis de faire progresser ses résultats techniques en engraissement. Et pourtant, l’éleveur souligne que « j’avais tout pour ne pas faire du Duroc, c’est-à-dire : un système de distribution à sec et à volonté qui risquait de dégrader le TMP des animaux à l’abattoir ». Malgré cela, il s’est laissé séduire par les atouts annoncés du verrat danois, notamment sur les porcelets en maternité. « J’avais trop de pertes sur nés vifs sur les 48 heures après la naissance. Par la suite, les performances de croissance des animaux du sevrage jusqu’à la vente ne me convenaient pas, avec en plus de l’hétérogénéité. »
Des porcelets plus combatifs à la naissance
Sa décision est donc prise. Deux verrats duroc sont achetés. Et les premières truies sont inséminées en octobre 2017. Dès les premières bandes, la différence se fait ressentir et les résultats progressent en maternité. Le taux de pertes sur nés vifs passe de 19 à 11 %. Avec seulement 0,10 porcelet de plus par truie à la naissance, il gagne au final 1,10 porcelet sevré par portée. « À la naissance, les porcelets pèsent le même poids qu’avant. Visuellement, ils ne sont pas spécialement beaux. En revanche, à la différence de la génétique précédente, ils sont toniques et combatifs, et vont directement à la tétine. » Conséquence, une fois réchauffés par le lait maternel, les animaux sont plus vigoureux et le temps d’allaitement sous la mère avant l’allotement a pu être allongé. « Avant d’utiliser le Duroc, j’allotais entre la 24e et la 36e heure de vie. Maintenant, je le fais plutôt entre 48 et 72 heures après la naissance. »
Passer de 21 à 28 jours au sevrage
Pour sécuriser la croissance du porcelet et favoriser l’expression de leur potentiel génétique, François Mesnard décide en plus de suivre à la lettre les préconisations émises par son technicien danbred, Philippe Le Fouest et ce malgré certains surcoûts. Premièrement, le sevrage passe de 21 à 28 jours. « Le jour de gestation supplémentaire induit par la lignée duroc (116 jours) comparée à l’ancienne génétique (115 jours) m’obligeait à allonger la durée de lactation. Néanmoins, avec un sevrage le lundi, je suis plus proche des 24 jours. » Deuxièmement, la « règle des 14 » est appliquée à la lettre pour la distribution d’aliment 1er âge en post-sevrage. « La somme du poids de sevrage et d’aliment 1er âge consommé doit être égale à 14. Avec cette règle, l’éleveur est certain que le porcelet sevré a bien ingéré une quantité suffisante de 1er âge. Par exemple, si le porcelet pèse 8 kg au sevrage, 6 kg d’aliment 1er âge minimum devront être obligatoirement distribués (8+6 = 14), commente Philippe Le Fouest. Le but est d’être certain que le porcelet ait ingéré suffisamment de protéines, de lysine et d’acides aminés essentiels nécessaires à sa croissance, au non-dépôt du gras et à la valorisation de carcasse en engraissement. » Troisièmement, les formules des aliments croissance et finition fabriqués à la ferme ont été revues. Le rapport lysine sur énergie a été augmenté, pour des surcoûts respectifs de 10 et 8 euros par tonne. « Concernant les truies, nous demandons aux éleveurs de peser les porcelets à la naissance afin d’ajuster les courbes d’alimentation en verraterie-gestante. L’objectif étant d’arriver à un poids de portée minimum à la naissance de 30 kg pour les truies et de 25 kg pour les cochettes », complète Philippe Le Fouest.
Une alimentation à sec libérale et plafonnée
En engraissement, François Mesnard applique également les préconisations Danbred. Il distribue l’aliment à volonté jusqu’à 75-80 kg, puis plafonne les apports à 2,6 kg par porc. « Avec une distribution à sec non rationnée, le risque attendu était de dégrader le TMP avec des animaux trop gras et des lots hétérogènes », explique Philippe Le Fouest. Grâce à ce plan d’alimentation, le TMP des porcs à l’abattoir est de 60,7, et la plus-value globale de 15,7 centimes par kilo, pour un poids moyen de sortie de 120,5 kilos. En engraissement, la quantité moyenne d’aliment consommé par porc et par jour a logiquement diminué par rapport au plan d’alimentation précédent non rationné (de 2,72 à 2,47 kg par porc et par jour). Malgré cela, le GMQ a dépassé la barre des 900 grammes par jour, grâce à une amélioration spectaculaire de l’indice de consommation, qui est passé de 2,72 à 2,47 !
« Cet exemple prouve que, techniquement, notre Duroc peut s’adapter aux exigences du marché français. De plus, il a un ingéré d’aliment plus élevé en phase de croissance, et surtout il le valorise mieux que les génétiques mâles concurrentes, surtout si le potentiel de carcasse est assuré en post-sevrage et en phase de croissance en engraissement grâce à une alimentation adaptée. » Philippe Le Fouest préconise une stratégie similaire pour une alimentation à la soupe. « Nous conseillons de libérer les courbes d’aliment dès le démarrage. Comme le Duroc consomme plus lentement mais ingère plus, il faut passer trois quarts d’heure après la distribution pour vérifier l’état des auges et augmenter les quantités distribuées si nécessaire. Le plafond d’alimentation doit se situer entre 2,45 à 2,50 kg pour optimiser l’indice de consommation. Si l’éleveur est en recherche de croissance, il peut monter la courbe jusqu’à 2,7 kg par jour, pour ensuite la redescendre à 2,45 kg en toute fin d’engraissement. »
François Mesnard estime que les gains cumulés de performances lui ont rapporté 9 euros par porc. Des performances qui devraient encore progresser, selon lui. À terme, il pense que le potentiel génétique de ses animaux devrait lui permettre de se rapprocher des 3 500 à 4 000 kilos vifs produits par truie présente et par an promis par la firme.