À chacun sa gestion des maternités de truies en liberté
Les éleveurs qui ont investi dans des maternités liberté prennent en compte plusieurs facteurs pour la gestion de la contention des truies. Entre performances, travail et comportement, il n’y a pas de mode d’emploi unique.
Les éleveurs qui ont investi dans des maternités liberté prennent en compte plusieurs facteurs pour la gestion de la contention des truies. Entre performances, travail et comportement, il n’y a pas de mode d’emploi unique.
La gestion de la contention des truies est un des principaux changements inhérents à la mise en place de maternités en liberté. Actuellement, aucune norme n’encadre la durée de contention et les éleveurs sont libres de choisir la conduite qui leur convient le mieux.
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Une enquête réalisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne dans vingt-neuf élevages montre que les performances, les conditions de travail et le comportement des animaux sont les principaux éléments à prendre en compte pour choisir les dates de blocage et de libération. Le matériel est également un facteur qui influence la conduite selon sa facilité d’utilisation et, notamment, la rapidité à ouvrir et à fermer la cage.
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Un premier choix à l’entrée
À l’entrée en maternité, environ deux tiers des éleveurs questionnés choisissent de laisser les truies libres. Elles sont alors majoritairement bloquées le lundi de la semaine de mise bas. En réduisant la durée de contention, le stress de la truie est moins important. Côté travail, le raclage des déjections n’est pas à réaliser pendant la période de liberté. Cependant, un nettoyage complet de la case est nécessaire avant la mise bas, et le blocage des truies constitue une manipulation supplémentaire.
Le tiers restant des éleveurs bloque les truies à l’entrée en maternité. La principale raison évoquée est de garder le sol et les animaux propres. Pratiquement tous les éleveurs bloquent les truies pour la mise bas et pendant les quelques jours qui suivent les mises bas.
Seuls deux éleveurs laissent les truies mettre bas en liberté. Le premier les bloque dès la fin de la mise bas. Il a choisi cette conduite après avoir constaté un inconfort des truies lors de mises bas bloquées. Le second choisi de laisser les truies libres sur toute la durée de présence en maternité, sauf pour celles qui écrasent des porcelets ou qui jouent avec le sol de la case. Certains éleveurs peuvent également libérer ponctuellement des truies pour faciliter la mise bas.
Des durées de contention variables
Les truies sont le plus souvent libérées autour de sept jours après la mise bas. Il existe cependant une forte variabilité des dates de libération, certaines truies n’étant jamais bloquées quand d’autres sont libérées vingt jours après la mise bas. Le moment de libération de la truie et les jours suivants sont une période critique.
Dix des éleveurs interrogés affirment accentuer leur surveillance sur cette période. Ils sont alors plus attentifs, vérifient que les porcelets dorment bien dans leur nid et surveillent le couchage des truies. Les autres ne font pas plus de surveillance. Certains estiment même qu’il est important de réduire leur présence en maternité pour éviter de déranger les animaux.
Le moment de libération et souvent choisi par l’éleveur avant les premières mises bas. Il est ajusté en fonction de sa sensibilité aux pertes par écrasement. Les éleveurs les plus sensibles sont aussi ceux qui gardent les truies bloquées le plus longtemps.
Le choix du moment de libération est aussi en lien avec le travail à effectuer en maternité. Ainsi, une libération autour de sept jours permet de réaliser tous les soins aux porcelets avec une truie bloquée. Cela permet à la fois un gain de sécurité et de meilleures conditions de travail, l’accès et les soins aux porcelets avec une truie libre étant des tâches décrites comme difficiles.
L’ouverture des cages est souvent réalisée pendant ou autour des repas pour, là encore, gagner en sécurité ; la truie étant occupée à se nourrir.
S’adapter aux animaux
Pour un tiers des élevages, la libération des truies a lieu un jour fixe de la semaine afin d’organiser le travail. Pour les autres, elle est adaptée suivant l’état et le comportement des porcelets ou de la truie ou encore suivant la date de mise bas réelle.
La libération peut être effectuée au même moment pour toutes les truies de la salle. Dans ce cas, les éleveurs choisissent généralement le matin, car les truies sont plus calmes et la surveillance peut se faire sur le reste de la journée.
Une partie des éleveurs choisissent de libérer en plusieurs fois. Certains le font sur la même journée en deux ou trois séquences (repas du matin, du midi et du soir). D’autres individualisent à la case avec des libérations qui peuvent s’échelonner sur plusieurs jours.
Différents critères sont alors utilisés pour choisir de libérer la truie ou non, comme l’âge des porcelets, leur état corporel, l’utilisation du nid, le comportement de couchage de la truie ou encore son historique de performances. Ainsi, certaines truies à risque pour les écrasements peuvent rester bloquées pendant toute la durée de la lactation. À l’inverse, des truies qui présentent des difficultés de mise bas ou d’allaitement peuvent être libérées précocement.
Certaines conduites sont spécifiques à un élevage donné. Ainsi, l’un des répondants retire la cloison entre deux truies et libère la plus calme. Une fois que les porcelets des deux portées sont habitués aux mouvements de la truie libre, l’éleveur libère la seconde truie.
Pour un autre, la libération est différenciée suivant les saisons. En été, il libère peu les truies multipares, car il trouve qu’elles se laissent plus facilement tomber au moment du couchage lorsqu’il fait chaud, d’où un risque d’écrasement supérieur.
L’observation des animaux joue alors un rôle primordial dans la mise en place de la conduite. Les cases liberté s’accompagnent d’une adaptation de la conduite de libération des truies pour favoriser les conditions de travail, les performances et le bien-être des animaux. Selon les élevages, les truies peuvent être réellement libres entre treize et trente-cinq jours dans des configurations de logement sensiblement équivalentes.
Avec le choix de la liberté avant, pendant et après la mise bas, et l’adaptation selon les truies au cas par cas, il existe autant de gestions de la contention que d’élevages.
Nicolas Villain, nicolas.villain@bretagne.chambagri.fr