« Une alimentation au plus près des besoins de nos truies »
La SCEA Kerhervé applique une conduite alimentaire rigoureuse avec des formules d’aliments fabriqués à la ferme adaptées à chaque stade, une gestion des truies individualisée au maximum et un contrôle systématique des poids de porcelets à la naissance.
La SCEA Kerhervé applique une conduite alimentaire rigoureuse avec des formules d’aliments fabriqués à la ferme adaptées à chaque stade, une gestion des truies individualisée au maximum et un contrôle systématique des poids de porcelets à la naissance.
Les résultats GTTT de la SCEA Kerhervé parlent d’eux-mêmes. Sur le premier trimestre 2024, la prolificité dépasse dix-sept porcelets nés totaux. Avec de faibles taux de mortinatalité et de pertes en maternité, l’élevage sèvre 14,5 porcelets par portée, soit 0,5 de plus que le tiers supérieur des élevages Evel’Up. Les porcelets atteignent 5,9 kilos au sevrage à 21 jours, soit 85,6 kilos de portée.
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Ces excellentes performances s’expliquent par une conduite alimentaire rigoureuse à tous les niveaux et individualisée au maximum, qu’ont détaillée Guy Kerhervé ainsi que Véronique et Valentin, salariés chargés de l’atelier naissage, à l’occasion du Forum Flash’Up organisé par le groupement Evel’Up.
Six aliments pour truies et huit courbes
L’élevage naisseur-engraisseur de 670 truies, situé à Locunolé dans le Finistère, est équipé d’une FAF intégrale, à partir de laquelle sont fabriqués tous les aliments, dont six formules pour les truies. « Notre objectif est de répondre au besoin de la truie à chaque étape de sa carrière », détaille Guy Kerhervé. Les cochettes reçoivent un aliment « jeunes repros » renforcé en minéraux. Un aliment riche en acides aminés est distribué en verraterie ainsi qu’en fin de gestation.
En milieu de gestation, leurs besoins d’entretien sont assurés par un aliment gestante classique. Trois aliments sont distribués en maternité : un aliment d’entrée en maternité renforcé en fibres et en acides aminés, un aliment allaitante classique dès la mise-bas, puis un autre en seconde partie de lactation. « Introduit depuis juin, cet aliment plus riche en protéines et en énergie répond à l’augmentation de la prolificité. Il vise à limiter la perte d’état des truies et à augmenter le poids de sortie des porcelets. »
En parallèle, l’élevage applique huit courbes d’alimentation pour ajuster les rations par groupe de truies : trois courbes en verraterie, selon l’état au sevrage (cochettes, maigres, multipares) modulées toutes les semaines ; deux en gestantes (cochettes, multipares) modulées tous les quinze jours ; trois en maternité (cochettes, rangs 2 et 3, rangs 4 et plus) adaptées au quotidien.
Un tableau de suivi de chaque truie en maternité
À l’arrivée en maternité, les 60 truies par bande sont réparties dans cinq salles, dont une pour les cochettes, une avec cases balances pour les truies à risque d’écrasés et une pour les truies vieilles ou à problème. « Les truies maigres ou avec un historique de petits porcelets sont repérées et reçoivent jusqu’à 105 % de la ration. »
Le suivi des auges se fait à l’aide d’un tableau listant les informations spécifiques à chaque truie (rang de portée, numéro de vanne, ELD…). Complété au quotidien, le tableau facilite le suivi des modulations de consommation en eau et en aliments. « C’est un excellent moyen de communication et de partage de l’information au sein de l’équipe. » De même, un grand tableau de bord de suivi bande par bande est affiché à l’entrée du naissage. « Très visuel avec des codes couleurs, il permet un suivi régulier des données GTTT », explique Véronique.
Des indicateurs de suivi du cheptel
Plusieurs indicateurs ont été mis en place pour déceler toute dérive et être réactif, dont la pesée des porcelets à la naissance réalisée depuis plus de sept ans (voir ci-contre). Par ailleurs, les cochettes sont pesées à plusieurs reprises avec un objectif de poids à atteindre (sortie de quarantaine, insémination, échographie, entrée en maternité, sevrage). « Ce suivi a aidé à bien caler le plan d’alimentation des cochettes. »
Enfin, l’élevage applique la même rigueur dans le contrôle de la fabrication et de la distribution d’aliments (changement de grille du broyeur FAF toutes les 120 h, retournement des marteaux toutes les 240 h…). « On n’hésite pas à vérifier la pesée des soupières à l’aide de poids étalon de 20 kilos », complète Valentin. Une alimentation de précision repose en effet sur une ration bien maîtrisée et adaptée à chaque truie.
Une pesée systématique des porcelets à la naissance
À la SCEA Kerhervé, la pesée des porcelets en routine se fait à l’aide du chariot de soins. Fait maison à partir d’un chariot de supermarché, il est composé d’une caisse posée sur une balance. « On ne manipule qu’une seule fois le porcelet. La pesée ne rajoute pas de temps », explique Véronique. Réalisée systématiquement depuis sept ans, la pesée à la naissance est un indicateur essentiel. « C’est un critère d’alerte sur la conduite alimentaire des truies gestantes. Le poids de portée est noté sur la fiche de suivi individuelle de chaque truie. Il sert à ajuster la ration à l’entrée en maternité. Il rentre aussi en compte dans le choix des réformes. » Riche en enseignements, cette mesure de routine est aussi utile pour le suivi des variations de poids de portée entre bandes. Par exemple, elle a permis d’identifier un effet saison sur le poids des porcelets (1,41 kg en moyenne l’été, contre 1,33 kg l’hiver, malgré une prolificité plus faible) et d’envisager des actions correctives (adaptation du chauffage et de l’isolation, compensation alimentaire…).
Fiche élevage
SCEA Kerhervé
670 truies naisseurs-engraisseurs
Conduite en 10 bandes
Sevrage à 21 jours
FAF intégrale
Le saviez-vous
L’astuce pour estimer l’homogénéité des poids de porcelets à la naissance consiste à peser en dernier les petits porcelets de moins de 1 kilo et de noter leur nombre par bande. L’objectif est d’avoir un taux de petits porcelets en dessous de 12 %.