Un bloc naissage neuf pour se convertir au bio
Aux Herbiers en Vendée, Gaël et Violaine Ouvrard ont décidé de prendre le virage de la conversion au bio en construisant un bloc naissage neuf de 77 truies. Un choix atypique, qui répond à leur besoin de confort au travail comme aux exigences du cahier des charges bio.
Aux Herbiers en Vendée, Gaël et Violaine Ouvrard ont décidé de prendre le virage de la conversion au bio en construisant un bloc naissage neuf de 77 truies. Un choix atypique, qui répond à leur besoin de confort au travail comme aux exigences du cahier des charges bio.
Le passage en bio, Gaël Ouvrard, à la tête d’un élevage conventionnel de 200 truies naisseur-engraisseur partiel depuis 2001, l’envisageait depuis longtemps sans pouvoir le réaliser. Son élevage n’était pas conforme au cahier des charges bio et il ne souhaitait pas, à cette époque, refaire un bâtiment. « Je n’avais pas assez de recul », dit-il également en évoquant les premiers temps où il l’envisageait. Ce n’est que plusieurs années après et l’installation de Violaine, son épouse, que les conditions pour effectuer cette conversion ont été réunies avec pour commencer la construction d’un bloc naissage neuf pour 77 truies.
4,4 m2 par truie gestante
La totalité du bâtiment est sur paille. Les femelles en gestation disposent chacune, conformément aux exigences de la charte, de 3,4 m² à l’intérieur et d’un mètre carré à l’extérieur, dans des courettes couvertes. Elles ont en permanence toute liberté de circuler entre l’intérieur et l’extérieur.
En maternité, les cases mise bas liberté sur paille mesurent 4,1 m sur 2,6 m. À l’arrière, un caniveau recueille et évacue les jus, grâce à quoi les animaux restent toujours au sec. Un nid disposé dans un coin de chacune des cases permet par ailleurs de mettre les porcelets en sécurité et de retirer les lampes très rapidement. Enfin, les truies sont libérées après la mise bas, ce qui leur laisse toute liberté de mouvement. Pour le moment, Gaël n’a pas noté de différence avec le système conventionnel bloqué en ce qui concerne le nombre de porcelets écrasés. En revanche, le gain en termes de bien être est notable. Il observe d’ailleurs des comportements très différents d’une truie à l’autre et note qu’elles ont la possibilité de mettre pleinement en œuvre leurs capacités maternelles.
4 bandes de 16 et un système cohérent
L’élevage est conduit en quatre bandes de seize truies. Un choix plus adapté à la taille de l’élevage que la conduite en sept bandes. Il n’y a pas d’achat de cochettes, tout l’élevage étant mené en auto-renouvellement. Les porcelets sont sevrés à six semaines. Enfin, les charcutiers engraissés dans d’anciens bâtiments conventionnels transformés sont vendus par l’intermédiaire de leur groupement Bio Direct.
Les 78 hectares de SAU de l’exploitation également reconvertis au bio seront presque suffisants à terme pour fournir toutes les céréales nécessaires à l’atelier d’engraissement. Cela répond autant aux exigences du cahier des charges, qui impose au moins 50 % d’autonomie alimentaire, qu’aux impératifs de maîtrise des coûts. Les matières protéiques sont achetées à l’extérieur, ainsi que les aliments pour les truies et le sevrage des porcelets. Parallèlement, les cultures de triticale fourniront suffisamment de paille pour l’élevage et permettront de réaliser tous les épandages sans exporter. « Le système ainsi construit est cohérent », soulignent les éleveurs.
Cette cohérence est demandée par Bio Direct pour toute signature d’un contrat. Le groupement pose des conditions allant au-delà du cahier des charges bio : garder une exploitation à taille humaine, avoir un équilibre entre productions animale et végétale, viser l’autonomie, produire en lien avec le marché… Toutes choses qui sont un gage de pérennité des exploitations autant que de qualité du produit.
Grâce à cette conversion et à ce nouvel investissement, la carrière de Gaël et Violaine a pris un tournant important, conforme à leurs souhaits. Cela crée « un nouvel élan », explique Gaël, qui confie même avoir l’impression d’avoir « changé de métier ». « Ça nous redonne le moral », conclut-il le sourire aux lèvres.
Un projet longuement réfléchi
À ceux qui seraient tentés par l’aventure du passage au bio, Gaël conseille de « prendre le temps et de bien mûrir leur projet ». Violaine et lui ont visité beaucoup d’élevages pendant la phase de réflexion et ont ainsi pu se faire une idée de ce qu’ils voulaient et aussi de ce qu’ils ne voulaient pas. Il faut également bien dimensionner son élevage, en ayant suffisamment de truies pour assurer un revenu pour deux, mais pas trop pour pouvoir épandre les déjections sur la SAU disponible et ne pas surcharger la main-d’œuvre de travail. « Tout est donc question d’équilibre ».