11 démarches de segmentation bretonnes sur les produits du porc
Une étude des Chambres d’agriculture de Bretagne démontre, la grande variété des démarches de segmentation existantes dans cette région en termes de nombre d’acteurs impliqués, d’ancienneté, de mode de fixation du prix et du contenu du cahier des charges.
Une étude des Chambres d’agriculture de Bretagne démontre, la grande variété des démarches de segmentation existantes dans cette région en termes de nombre d’acteurs impliqués, d’ancienneté, de mode de fixation du prix et du contenu du cahier des charges.
Face aux attentes sociétales qui se renforcent et se diversifient, de nombreuses démarches de segmentation liées au mode d’élevage ont vu le jour ces dernières années en Bretagne.
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Le service économie-emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne en a décrypté onze. Elles ont été identifiées au travers de recherches bibliographiques. Elles ne sont pas exhaustives et certaines peuvent même sembler anecdotiques en termes de volumes ou de nombre de producteurs concernés. Mais elles n’en sont pas moins emblématiques.
Cette analyse permet de mieux appréhender la diversité des démarches de segmentation existantes.
Du conventionnel amélioré au bio
Les plus connues de ces démarches ont été élaborées à partir de cahiers des charges officiels. Elles relèvent des signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO).
Plusieurs peuvent se prévaloir d’une certaine antériorité. C’est le cas du porc label rouge fermier des Fermiers d’Argoat. D’autres sont plus récentes, comme la filière bio Cooperl, une filière à part entière de la coopérative depuis 2016.
La Certification de conformité produit (CCP), un SIQO, moins connu du consommateur, atteste qu’un produit possède des qualités spécifiques. Elle est bien représentée en Bretagne par l’intermédiaire du Cochon de Bretagne, mis en place en 2000.
D’autres initiatives se situent entre le bio et le conventionnel, mais ne s’appuient pas sur des SIQO. C’est le cas de l’élevage Ker Angel avec le groupe de distribution Agromousquetaires, de la démarche Physior mise en place par la coopérative Le Gouessant, et du Collectif niveau 2 du groupe de distribution E. Leclerc, en partenariat avec quatre groupements de producteurs bretons. Cette dernière est une démarche de progrès en faveur du bien-être animal qui s’appuie sur la Certification de conformité produit Cochon de Bretagne.
On peut évoquer aussi la démarche Agriculture alternative de la coopérative Cooperl, également fabricant d’aliments pour animaux, qui s’est intéressée aux céréales utilisées dans les aliments pour porcs. Partant du constat que les éleveurs sont aussi des producteurs de céréales, Cooperl a mis en place des bonifications relatives à la production de céréales cultivées sans pesticides.
Enfin, deux initiatives nous ont semblé intéressantes à explorer car elles sont basées sur des marques développées par des coopératives. L’une, à connotation régionale, Terres de Breizh, a été mise en place par la coopérative Le Gouessant. Elle se décline aussi dans les filières œufs, pommes de terre, volailles et lait et met en avant une organisation de filière territorialisée, dont tous les maillons sont présents en Bretagne. L’autre, La Nouvelle agriculture, plus ancienne, à l’initiative de la coopérative, Terrena, est plutôt présente en Pays de la Loire. Elle constitue un prolongement de l’Agriculture écologiquement intensive.
Un classement selon l’ancienneté
En considérant leur date de mise en place, on peut classer les initiatives dans trois groupes : certaines mises en place avant 2010 (principalement celles sous SIQO), la majeure partie depuis 2019 et enfin, entre ces deux périodes, les deux marques Terres de Breizh et La Nouvelle agriculture. Pour une grande partie de ces initiatives, des contrats ont été mis en place, avec des durées variables (de trois à dix ans) définissant un prix basé ou non sur le prix défini au Marché du porc breton. À ce prix s’ajoute une plus-value, souvent indexée sur le prix de l’aliment.
Cette indexation du prix payé au producteur sur le prix de l’aliment est généralement le fait de démarches relativement récentes. La forte volatilité de prix des matières premières observée ces dernières années a sans doute contribué à cette prise en compte.
De multiples partenaires
Les initiatives analysées ici diffèrent aussi par le nombre et la variété d’acteurs impliqués. Elles peuvent se résumer à deux maillons (celui de l’élevage et le pôle transformation d’un distributeur), ou impliquer tous les maillons, de l’éleveur jusqu’au distributeur. La plupart des groupes de distribution sont impliqués dans ces initiatives : le groupe Leclerc dans Collectif niveau 2 et Cochon de Bretagne, le groupe Lidl dans le label rouge Opale, le groupe U dans La Nouvelle agriculture, et enfin Intermarché en partenariat avec la Ferme de Ker Angel. Le nombre d’éleveurs impliqués est aussi très variable, d’un seul élevage (pour le partenariat entre l’élevage Ker Angel et Agromousquetaires) à près de 400 élevages pour la CCP Cochon de Bretagne.
Des perspectives d’évolution des volumes mesurées
Enfin, concernant les perspectives d’évolution, des initiatives évoquent une croissance des volumes, mais seulement en parallèle de l’évolution du marché. C’est le cas de Collectif niveau 2, d’Agriculture alternative ou encore du label rouge Opale. Les perspectives vont plutôt dans le sens d’une évolution de la gamme.
Souvent, l’objectif est d’optimiser l’équilibre matière afin d’améliorer la valorisation, et sans doute, de permettre un retour financier plus important vers le producteur. C’est le cas de Terres de Breizh et de La Nouvelle agriculture qui envisagent d’élargir l’offre sur les produits de charcuteries.
En label rouge fermier et en bio, compte tenu de la situation actuelle du marché, un développement n’est pas envisagé. D’une manière générale, une certaine prudence se fait sentir quant au développement des volumes. L’objectif est plutôt de conforter ce qui existe.
Repères
11 fiches pour y voir plus clair sur les démarches de segmentation
Les Chambres d’agriculture de Bretagne ont élaboré onze fiches descriptives dans lesquelles sont présentés les éléments de connaissance sur les acteurs impliqués dans chacune des démarches de segmentation étudiées, le contexte de leur mise en place, les volumes, le prix payé au producteur, le cahier des charges, les projets et des observations complémentaires. Les informations présentes dans les onze fiches rectos versos élaborées, sont issues d’un travail de veille et pour la majeure partie d’entretiens avec les acteurs de ces différentes initiatives.