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Méthaniser pour une production complémentaire

À Pipriac, en Ille-et-Vilaine, la SCEA Ar Kouerien inaugurait son méthaniseur le 30 septembre dernier. 250 kW/h de puissance installée pour une production complémentaire et un ancrage dans le territoire.

Comment diversifier son activité tout en gérant les effluents de l’élevage ? Quels choix pour l’avenir de la ferme ? Ce sont les questions que se posent, dès 2009, Jean-Luc et Tanguy Levesque, deux cousins associés dans une exploitation en lait et porc. La première décision a été l’arrêt du lait. Il y avait des investissements à faire, Tanguy n’était « pas passionné »… Mais il restait des installations (bâtiment, silos-couloir) que les associés souhaitaient valoriser et il fallait gérer les effluents. Tentés par la méthanisation, ils ont commencé à étudier cette possibilité. Celle-ci est devenue un vrai projet en 2013, qui a abouti avec la mise en route du méthaniseur début 2017.

Le méthaniseur est alimenté par les lisiers et fumiers de l’exploitation à hauteur de 40 %, par des déchets de cidrerie (25 %), des couverts (20 %), des déchets végétaux (10 %), et de l’ensilage de maïs (5 %). Après 66 jours de fermentation anaérobie, le biogaz contient 55 % de méthane, qui sert à produire de l’électricité via la cogénération. Celle-ci crée également de la chaleur qui est utilisée dans les serres de Damien Hervé, pour produire des légumes en agriculture biologique. La solution alternative, qui consiste à injecter le gaz dans le réseau après purification et compression, n’a pas été retenue par manque d’un réseau accessible. Le méthaniseur de la SCEA Ar Kouerien comprend un digesteur et un post-digesteur. Cette option permet, par rapport à une installation à un seul gros digesteur, d’augmenter le rendement et de gagner 7 à 12 % sur le potentiel méthanogène. " Cette formule est plus chère à la construction ", explique Jean-Sébastien Tronc, directeur de Host France. " Pour qu’elle se justifie, il y a un point d’équilibre économique autour de 250 à 300 kW/h de puissance installée. "

1,7 million d’euros investis

Les associés bénéficient d’un tarif d’achat de l’électricité garanti sur vingt ans, ce qui leur a permis sereinement d’investir 1,7 million d’euros pour cette installation. Des subventions ont été accordées, à hauteur de 15 % par l’Ademe, de 5 % par la Région Bretagne et de 1 % par le département et les emprunts ont été contractés sur quinze ans. Au rythme de 8000 heures par an, la production, vendue vingt centimes le kw, devrait engendrer un chiffre d’affaires de 400 000 € annuel, sans compter la prime aux effluents et la vente de la chaleur à Damien. Le retour sur investissement devrait se faire sur huit ans.

Pour Jean-Luc et Tanguy, le bilan est positif à plus d’un titre puisque, non contents de produire de l’électricité « propre », ils voient la chaleur valorisée localement et sur une autre production agricole, ce qui pour eux est une satisfaction.

Le cogénérateur chauffe les tomates

Damien Hervé est un ancien salarié de l’exploitation, installé depuis 2008 en maraîchage bio. Il a tout de suite été intéressé par le projet de méthanisation de ses voisins. Car même si son cahier des charges n’autorise pas le chauffage des serres, il est permis de les maintenir hors gel. " Grâce à cela, ma production est plus précoce et j’arrive le premier sur un marché ", explique-t-il. Il utilise également la chaleur pour sécher l’atmosphère. En effet, dans une culture de tomates, le premier ennemi, c’est l’humidité, qui favorise le mildiou. Il peut donc sécuriser sa culture sans recours aux produits phytosanitaires, interdits par le cahier des charges.

Entre la SCEA et lui, il n’y a pas de partenariat dans l’investissement sur le méthaniseur, seulement un contrat d’approvisionnement en chaleur. Sous 5 000 m² de serres, tomates, concombres, aubergines, courgettes attendant leur commercialisation, en vente directe ou en gros. Damien, qui cultive par ailleurs vingt hectares de légumes de plein champ, voit dans cet accord le signe qu’entre bio et conventionnel, on peut s’entendre.

En chiffres

SCEA Ar Kouerien

2 associés et 3 salariés

115 ha de SAU

380 truies en naisseur-engraisseur avec FAF

Groupement : Cooperl Arc Atlantique

En savoir plus

Les caractéristiques techniques du méthaniseur

Capacité du digesteur : 900 m³

Capacité du post-digesteur : 500 m³

Rendement électrique du moteur : 39 %

Rendement thermique du moteur : 43 %

Charge organique : 4,6 kg/m3 digesteur/jour

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