Maternité liberté, un risque à maîtriser
Les cases mise bas liberté constituent désormais une alternative crédible aux équipements conventionnels. Mais investir dans ce mode de contention implique cependant une prise de risque.
Les cases mise bas liberté constituent désormais une alternative crédible aux équipements conventionnels. Mais investir dans ce mode de contention implique cependant une prise de risque.
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Tout éleveur qui envisage de rénover sa maternité ou d’en construire une nouvelle se pose aujourd’hui la question d’investir dans des équipements permettant de libérer les truies en cours de lactation. La pression sociétale – l’exemple de la filière œufs – des retours plutôt positifs d’éleveurs déjà équipés, notamment au Danemark (page 18), incitent à franchir le pas. Depuis le début de l’année, certains élevages, parfois conséquents en taille (voir Réussir Porc février 2017 page 28, et dans ce numéro page 26) l’ont fait. Par ailleurs, l’offre en équipements est déjà pléthorique : pas moins de sept fournisseurs présentaient leurs cases au Space, dont certaines intègrent même des sols ascenseurs (page 20) !
Les chambres d’agriculture de l’Ouest ont anticipé cette tendance. Elles ont investi dès le début des années 2000 dans des cases expérimentales, afin d’accumuler des références fiables. Selon elles, il est possible de libérer les truies en maternité sans trop pénaliser leur productivité, à condition d’adapter la conduite d’élevage (page 14).
Cependant, les cases mise bas liberté constituent un facteur de risque indéniable, et ce sur trois aspects :
Un risque technique : À la station de Guernevez, le risque de perte sous la mère est évalué à 0,5 porcelet par portée. C’est significatif, et il faut rappeler que la productivité constitue, avec l’indice de consommation, le principal levier de rentabilité des élevages.
Un risque financier : Aveltis a chiffré un surcoût de + 25 % par rapport à une case conventionnelle (page 16). Les Danois évaluent son impact sur le coût de production à 4,50 euros par porc, en tenant compte du surcoût des équipements, de l’augmentation de la mortalité des porcelets et de la main-d’œuvre. Or, rien pour le moment ne permet de dire que ces surcoûts seront valorisés par une plus-value à la vente.
Un risque stratégique : L’Europe semble avoir abandonné l’idée d’imposer de nouvelles normes de logement. Les chartes qualité privées ou de filière se préoccupent plus de la condition des porcs charcutiers : arrêt de la castration, absence de traitements antibiotiques, alimentation « santé »… Des aspects directement valorisables au travers des produits qui se retrouvent dans les assiettes.
Aujourd’hui, personne n’est en mesure de dire si la case liberté va s’imposer. La profession doit rester attentive aux évolutions de la demande des consommateurs. Elle doit aussi suivre de près ce qui se passe à l’étranger, notamment dans les pays d’Europe du nord, souvent précurseurs sur le bien-être animal.