Les éleveurs de porcs Danois craignent l’arrêt de l’oxyde de zinc
La profession porcine danoise ne semble pas totalement favorable à l’arrêt de l’utilisation au sevrage d’oxyde de zinc à dose thérapeutique prévue en juin 2022 en Europe.
La profession porcine danoise ne semble pas totalement favorable à l’arrêt de l’utilisation au sevrage d’oxyde de zinc à dose thérapeutique prévue en juin 2022 en Europe.

Au Danemark et en Europe, comme ailleurs dans le monde, la problématique de l’arrêt d’utilisation au sevrage d’oxyde de zinc à dose thérapeutique (2 500 mg de zinc par tonne d’aliment) se pose désormais, avec une échéance en juin 2022 (en France, il serea interdit dès le 16 janvier 2021). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la profession porcine danoise, ne semble pas totalement favorable à cette décision. Lors de la première édition du Zero Zinc Summit qui s’est déroulé au Danemark au mois de juin dernier, les scientifiques ont souligné que, bien sûr, les éleveurs danois avaient des solutions pour sevrer des porcelets sans oxyde de zinc. Mais cela leur coûtera certainement plus cher. Les vétérinaires seront amenés à prescrire plus d’antibiotiques. Et compte tenu des faibles ingérés des porcelets au sevrage, un risque de carence transitoire en oligo-éléments est à craindre.
Ces interrogations peuvent apparaître légitimes, mais il semble bien que ces intervenants danois ne soient ni optimistes, ni réellement préparés à cette échéance. Peu de nouveaux travaux ont semblé faire avancer les connaissances, à la fois en termes de compréhension des modes d’action de l’oxyde de zinc, de ses limites ou de ses antagonismes. Quelques présentations ont cependant montré un plus grand intérêt en particulier lorsqu’il s’agit d’aborder les risques sérieux en termes de santé publique ou d’évaluation des risques et conséquences sur la physiologie digestive des porcelets sevrés. Ainsi Noémie Lemoine, chercheuse chez Mixscience, a exploré les possibilités d’un nouveau marqueur de l’inflammation intestinale (la myeloperoxidase fécale) qui permet de compléter les observations sur l’animal comme le score de diarrhée. Une étude de différents modèles de prédiction in vitro de l’efficacité des additifs alimentaires sur la santé digestive des porcelets au sevrage a été réalisée par l’Université de Copenhague et la société danoise Christian Hansen. Les aspects de nutrition et de formulation ont été également abordés, comme l’effet de la réduction des taux de protéines brutes sur les performances et la réduction des risques digestifs. L’intérêt d’utiliser des fibres indigestibles sur la cinétique d’absorption des acides aminés dans l’intestin des porcelets sevrés a été mis en évidence.
L’intérêt de certains additifs nutritionnels pouvant remplacer l’oxyde de zinc thérapeutique a été présenté : les probiotiques bacillus amyloliquefaciens et bacillus subtilis, des extraits de plante comme Macleaya cordata, ou bien un hydrolysat de levure (le Celmanax de la société américaine Arm and Hammer). Différents acides organiques ont également été testés, comme l’acide benzoïque, ou la monolaurine. Des travaux de nombreuses sociétés commerciales soulignent aussi que l’abandon de l’oxyde de zinc thérapeutique est possible dans de nombreuses situations sans pour autant provoquer de graves crises techniques ou économiques pour les éleveurs de porc. C’est en particulier le cas pour les intéressantes compilations de résultats technico-économiques sur six ans réalisés et présentés par la firme service française CCPA.
Avis d’expert : Jürgen Zentek, microbiologiste, Université de Berlin
« La résistance des bactéries au zinc est démontrée »
« L’hypothèse selon laquelle des doses élevées d’oxyde de zinc dans le tube digestif constituent un important facteur de stress pour les bactéries est aujourd’hui vérifiée. Ces fortes teneurs en zinc ont pour les bactéries des effets toxiques et « antibiotiques ». Cependant, l’ajout de fortes teneurs en zinc peut favoriser l’activation de gènes de résistance antimicrobienne dans le tube digestif. Cette résistance antimicrobienne a pu s’expliquer par l’échange d’éléments génétiques mobiles (plasmides) sous l’effet de stress. Les gènes de résistance au zinc sont situés sur des plasmides à proximité immédiate de gènes de résistance aux antibiotiques. Cette proximité mène directement à une cosélection de bactéries résistantes aux fortes teneurs en zinc et aux antibiotiques. »