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La nutrition en renfort des aplombs

La composition des aliments destinés aux truies a un effet majeur sur la qualité de leurs onglons et de leurs aplombs. Un effet qui a une incidence directe sur les performances de reproduction.

« Il n’y a pas que la biotine pour renforcer les onglons. Tout une série de micronutriments apportés par l’aliment participent à leur constitution et à leur maintien en bon état tout au long de la carrière de la truie », explique Lise Boudal, ingénieure porc Inzo. Des nutriments qui participent notamment à la constitution de la corne, un tissu constitué de cellules kératinisées. Les acides aminés soufrés (méthionine, cystine) sont les principaux éléments composant la kératine. Le calcium, un composant majeur du minéral incorporé dans l’aliment, joue également un rôle important. Il active une enzyme qui permet la rigidification de la corne. « Ces apports sont essentiels, notamment pendant la lactation durant laquelle des hormones produites par l’organisme perturbent la formation de la corne. » La prolactine, une hormone qui stimule la production de lait, contrarie la croissance des tissus de l’épiderme. L’hormone du stress, le cortisol, diminue la maturation des cellules constituant la kératine. Par ailleurs, dès la fin de la gestation et durant la lactation, la truie est moins sensible à l’insuline, une hormone qui stimule la synthèse d’ADN et de protéines. « Tout ceci explique qu’on peut observer une baisse de la synthèse de la corne en cours de lactation si les besoins ne sont pas bien couverts. »

Les micronutriments sont optimisés par leur forme chélatée

La qualité des aplombs ne se résume pas qu’à l’intégrité de la corne, mais passe aussi par une micronutrition répondant aux besoins de l’ensemble des éléments les constituants : peau, tendons, structures osseuses, tissu conjonctif. Les oligo-éléments et les vitamines sont particulièrement concernés. Pour optimiser leur absorption dans l’organisme, les apports d’oligo-éléments se font désormais la plupart du temps sous forme chélatée, c’est-à-dire en lien avec une molécule organique. Selon Lise Boudal, ils doivent se faire en continu dans tous les aliments truies. « À l’image d’un ongle, la corne du pied ne cesse de pousser », argumente-t-elle. « Et il faut au moins six mois pour qu’elle se renouvelle en totalité. » C’est pourquoi la firme service a mis au point, avec le fabricant d’aliment costarmoricain Coréal, un prémix incorporé dans les aliments de sa gamme truies, en partenariat avec la firme service Inzo. « L’objectif initial était d’accompagner la mise en groupe des truies gestantes », explique Alain Oger, le directeur de Coréal. Une enquête terrain réalisée avec la firme service avant la mise aux normes avait en effet démontré que les lésions aux onglons étaient généralisées à quasiment toutes les truies. Le passage en groupe semblait être un facteur aggravant. « Les symptômes passaient souvent inaperçus. Les éleveurs n’observaient parfois aucune boiterie. » Cependant, même non visible, la lésion des tissus génère une inflammation, douloureuse pour l’animal et consommatrice de nutriments qui ne sont pas utilisés par les autres fonctions : fertilité, développement fœtal, résistance aux maladies, production laitière…

Suite à cette enquête, la mise à l’essai d’un minéral renforcé en nutriments favorables à la constitution des onglons dans trois élevages a prouvé l’intérêt de la démarche. « En cinq mois, nous avons constaté la disparition quasi-totale du nombre de lésions de niveau 3, le niveau le plus élevé des lésions selon la grille mise en place par l’entreprise Zinpro. Sur plus de 570 truies notées, 515 truies ont vu leur statut lésionnel s’améliorer », souligne Lise Boudal.

Moins de pertes en maternité, plus de porcelets sevrés

Une seconde étude dirigée par Inzo auprès de 17 éleveurs du Grand Ouest a également prouvé l’impact de ce type d’aliment sur la productivité. Après cinq mois de consommation d’un aliment contenant un prémix « spécial onglons », la prolificité des truies a augmenté de 0,38 porcelet né vif par portée, et de 0,44 porcelet sevré. Les pertes en maternité ont diminué de près de 1 %. « Au-delà du bien-être des truies et de la baisse des pathologies, on agit réellement avec ces aliments sur les performances techniques, et donc sur la rentabilité du troupeau », conclut Alain Oger.

En savoir plus

Les principaux micronutriments agissant sur la qualité des aplombs

Le manganèse intervient dans la formation des tendons, des articulations et agit sur la densité osseuse.
Le zinc améliore la qualité de la peau et favorise la cicatrisation des plaies.
Le cuivre renforce le tissu conjonctif et la ligne blanche, une zone particulièrement sensible des onglons. Il solidifie aussi la corne et améliore son élasticité, tout comme la biotine, une vitamine du groupe B.
La vitamine D, de plus en plus apportée sous sa forme Hy-D, plus assimilable par l’organisme, joue un rôle sur la solidité des structures osseuses.
Témoignage

"Moins de pertes et une productivité améliorée"

"Le passage des truies en groupe dans des bâtiments anciens rénovés n’avait pas été fait dans des conditions optimales : caillebotis humides, températures basses en hiver, chaudes en été… Les truies se blessaient souvent au niveau des onglons. Des fissures apparaissaient fréquemment sous les sabots, et des plaies se développaient au-dessus. Les pertes en truies étaient élevées. Elles étaient montées un moment à plus de 10 %. Le passage à un aliment de la gamme Coréal renforcé en éléments favorisant la qualité des aplombs a vite résolu ces problèmes. Sur un an, le taux de pertes n’est plus que de 3,5 %, et les aplombs ne sont plus à l’origine des mortalités. La productivité des truies a également progressé, passant de 11,73 porcelets sevrés par portée en 2015 à 12,75 aujourd’hui. C’est largement plus que le progrès génétique. Je pense que cette évolution s’explique par un meilleur état de santé général des truies, mais aussi par une sélection des truies plus orientée vers les truies les moins prolifiques. »

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