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La nutrition animale française dépendante des acides aminés de synthèse importés

La France et les pays de l’Union européenne importent une grande partie des acides aminés de synthèse utilisés dans les aliments pour couvrir les besoins des animaux. Cette dépendance peut entraîner des surcoûts financiers importants en période de crise.

L’utilisation des acides aminés de synthèse s’est généralisée et amplifiée dans les aliments du bétail produits en France et en Europe depuis plusieurs décennies.

Lire aussi : L'UE impose des droits antidumping sur la lysine chinoise

 L’Ifip estime que 50 % de la lysine et 30 % de la thréonine contenues dans les aliments d’engraissement sont aujourd’hui apportés par les produits de synthèse et non par les matières premières. Ces produits permettent une réduction des teneurs en matières azotées totales des aliments avec des conséquences favorables, en particulier sur les surfaces d’épandage, les émissions d’ammoniac et sur l’impact changement climatique. 

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Ces produits permettent également d’ajuster précisément les apports en acides aminés et contribuent ainsi à de meilleures performances zootechniques. Malheureusement, ces produits sont aujourd’hui essentiellement produits en dehors de l’Union Européenne.

 

Les chinois premiers producteurs de lysine et de thréonine de synthèse

La Chine produit au moins 75 % de la lysine de synthèse commercialisée dans le monde. Pour la thréonine, le deuxième acide aminé essentiel pour le porc après la lysine, la Chine est en situation de quasi-monopole, avec une production estimée entre 90 et 95 % des besoins mondiaux. L’Union européenne est cependant plus présente en ce qui concerne les productions de tryptophane, de valine et de méthionine. La filière porcine européenne est par conséquent particulièrement dépendante des deux principaux acides aminés entrant dans la composition des aliments, dont l’essentiel de la production se situe en Chine. À l’automne 2021, à la suite du Covid-19 et pour des raisons de remise en route de la logistique après des mois de confinement, une menace de pénurie est survenue. Elle a pu être contenue au cours de l’année 2022. Cependant, les prix de la lysine et de la thréonine ont plus que doublé pendant une courte période. À partir d’une étude de formulation, l’Ifip a pu estimer que le prix de l’aliment en engraissement augmente de 6 % lorsque les prix de la lysine et de la thréonine de synthèse doublent, sans que leurs taux d’incorporation ne soient impactés. À une époque où la France s’intéresse beaucoup à sa dépendance au tourteau de soja brésilien, il a semblé opportun d’éclairer aussi notre filière sur cette autre dépendance, moins médiatisée mais tout aussi préoccupante.

Didier Gaudré, didier.gaudre@ifip.asso.fr

Didier Gaudré, Ifip-Institut du porc

 
<em class="placeholder">Didier Gaudré, Ifip-Institut du porc</em>
Didier Gaudré, Ifip-Institut du porc © Ifip

Trois formes de lysine sur le marché

"La lysine est le premier des acides aminés rencontrés en production porcine, tant en termes de taux d’incorporation, que d’ancienneté d’utilisation et d’importance nutritionnelle. Cet acide aminé est disponible sur le marché sous trois formes principales (lysine HCl, lysine Sulfate et lysine liquide) correspondant à des modalités d’utilisation et de transport spécifiques, ce qui nous a conduits à les différencier dans les estimations de production mondiale. Cependant, il faut considérer que la forme principale de lysine commercialisée est la lysine HCl. Thréonine, méthionine, tryptophane et valine sont également très utilisés et ont été intégrés aux estimations. Notre ne prend cependant pas en compte les acides aminés parvenus récemment sur le marché comme l’histidine, la leucine et l’isoleucine".

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