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La FAF et le bâtiment bio optimisent le coût alimentaire

À la SCEA de Kerlu à Pédernec (Côtes-d’Armor), l’activité post-sevrage-engraissement bio dans un bâtiment neuf va bientôt s’accompagner d’une fabrique d’aliment à la ferme qui permettra de valoriser les cultures bio de l’exploitation.

En créant une fabrique d’aliment à la ferme et un nouveau bâtiment post-sevrage-engraissement, Elisabeth, Serge Lanneshoa et leur fils Loeiz, actuellement salarié de l’élevage et en cours d’installation, veulent maîtriser le coût alimentaire de leur production de porcs bio. Les éleveurs, qui exploitent en parallèle un atelier de 10 000 poules pondeuses bio et 60 vaches allaitantes, disposent de 106 hectares de SAU, dont 60 hectares de céréales entièrement dédiées à l’activité porc. "Cette année, nous avons stocké 27 hectares de maïs humide et 33 hectares de blé broyé dans quatre silos couloirs", explique Serge Lanneshoa. Les éleveurs ont également acheté des matières premières bio à des voisins (orge, féveroles, pois et mélange céréalier), qui sont stockées dans des cellules. "Actuellement, en valorisant les céréales au prix où elles auraient été vendues, le coût matière d’un aliment croissance haut de gamme est de 420 €/tonne, un prix nettement inférieur à celui de l’aliment du commerce qui se situe entre 480 et 530 €/tonne", souligne René Orin, responsable technique du groupement Bio Direct auquel adhère la SCEA de Kerlu (voir sous papier).

Dans le même temps, les éleveurs achèvent la construction d’un engraissement sur paille de 450 places et d’un post-sevrage de 150 places, le tout aux normes bio. « La particularité des engraissements bio est d’avoir une aire d’exercice extérieure ouverte sur trois côtés minimum, dans laquelle les porcs disposent d’une surface de 0,5 m2 », rappelle René Orin. Pour maintenir une température correcte à l’intérieur du bâtiment, cette aire est séparée de la case principale par une barrière amovible surmontée d’un filet brise-vent motorisé, relié à une sonde pour programmer des horaires d’ouverture. Dans les cases de 33 places (2,30 m2 par porc), les animaux sont alimentés à l’auge par une machine à soupe. Les rampants du bâtiment sont isolés avec cinq centimètres de mousse de polyuréthane. « Le coût de l’isolant est remboursé par le gain d’indice de consommation en moins d’un an », affirme René Orin. Un enjeu important en production bio : "Un point d’indice de consommation sevrage-vente gagné, c’est 5,50 € de plus par porc vendu." La ventilation est statique, avec une extraction de l’air chaud par le lanterneau. Les porcelets sont également logés sur paille en post-sevrage, avec une alimentation au nourrisseur et des niches isolées. « Grâce à la maîtrise de l’alimentation et de l’ambiance, ce type de bâtiment permet d’atteindre des indices de consommations inférieurs à 3 entre 12 kg, le poids des porcelets au sevrage, et la vente à 125 kg. » En plafonnant les rations distributées, la machine à soupe permet aussi aussi d’atteindre des TMP corrects, « entre 59,5 et 61 ».

Selon René Orin, la rentabilité d’un élevage de ce type qui fabrique son aliment et produit ses porcs dans des bâtiments à l’ambiance maîtrisée est assurée. Pour un post sevreur-engraisseur, le prix d’achat des porcelets de 12 kg a été de 84 euros en moyenne en 2016 chez Bio Direct. Sur l’année, le prix de vente moyen des porcs charcutiers a été de 3,75 €/kg de carcasse, plus-values techniques incluses. Antoine Foret, le président de Bio Direct, souligne que ce niveau de prix que perçoivent les éleveurs Bio Direct est supérieur au prix du marché, grâce aux deux outils de transformation détenus par le groupement qui génèrent de la plus-value. Bio Direct compte 90 adhérents et a commercialisé 38 000 porcs bios en 2016. "Grâce aux projets d’installation ou d’agrandissement en cours, nous tablons sur une progression importante de notre production dans les années à venir", conclut-il.

Des formules d’aliment équilibrées

Aujourd’hui, les éleveurs bio qui disposent d’un lien au sol sont à même de produire eux-mêmes des aliments équilibrés sur la base de leurs cultures de céréales et de protéagineux. "Les cultures de céréales bio sont désormais bien maîtrisées", constate René Orin. "Les rendements en céréales à paille oscillent entre 25 et 45 quintaux par hectare. Ceux du maïs sont nettement supérieurs." Les cultures de mélanges céréales-protéagineux (triticale-féverole, orge-féverole ou triticale-pois), très répandues en bio, ont l’avantage d’assurer une bonne couverture du sol pour éviter le développement des adventives et de sécuriser les rendements. Pour maîtriser la valeur nutritionnelle des aliments, de plus en plus d’éleveurs opèrent un tri à la récolte, qui permet également de nettoyer les grains et d’assurer une meilleure conservation. « Pour l’apport de protéines, Bio Direct propose à ses éleveurs du tourteau de soja 45 et du tourteau de tournesol bio, en partenariat avec Biograin Vert Anjou, une coopérative céréalière des Pays de la Loire", détaille René Orin. Les éleveurs achètent également de la levure sèche, une matière première riche en protéines (jusqu’à 50 %) et en lysine utilisable sans restriction, puisqu’elle n’est pas considérée comme une matière première d’origine agricole. "En l’associant avec du tourteau de soja et des protéagineux, il est possible d’équilibrer une formule croissance sur tous les acides aminés sans faire appel à des acides aminés de synthèse, interdits en bio." Pour les noyaux minéraux + vitamines, les fournisseurs disposent de matières premières inscrites sur une liste positive qui leur permettent de répondre aux besoins des animaux aussi bien pour les matières minérales que pour les vitamines (d’origine naturelle) et les additifs.

D. P.

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