Pourquoi avoir voulu mener une étude d’envergure sur le porc en zone de montagne ?
Bruno Douniès - Nous sommes partis du constat que nous n’avions ni argumentaire, ni éléments objectifs pour justifier l’intérêt de produire du porc en zone de montagne. Pourtant, dans un contexte majoritairement herbager, dominé par les productions bovines, le porc est encore présent dans beaucoup d’exploitations. La production porcine est pénalisée dans ces régions par le manque de compétitivité des exploitations, lié notamment à leur faible taille et à des installations vieillissantes. Mais l’association du porc et des productions bovines est un facteur de résilience important. L’objectif du projet Aporthe a été de mettre en évidence les atouts de la complémentarité entre des ceux productions.
Quelles sont les principales conclusions de cette étude ?
B.D. - Bien sûr, on ne peut pas prévoir un fort développement de la production porcine en zone montagne dans les années à venir. Mais nous avons identifié deux voies d’avenir qui pourraient pérenniser l’existant. D’une part, le maintien de cette association porcs-bovins, avec notamment des ateliers d’engraissement approvisionnés par des maternités collectives dont l’intérêt est de mobiliser peu de main-d’œuvre tout en assurant un revenu stable. D’autre part, des élevages naisseur engraisseur de petite ou moyenne taille ont aussi toute leur place dans le cadre d’élevages sociétaires, permettant de gérer simultanément plusieurs productions. Ensuite, les voies de valorisation sont multiples. Les signes de qualité, officiels ou non, permettent d’apporter la plus-value qui compense les coûts de production plus élevés. La vente directe est aussi une voie à développer, notamment pour les élevages situés à proximité des grands centres de consommation ou dans des zones touristiques.
Les éleveurs peuvent-ils compter sur un environnement économique performant ?
B.D. - Oui bien sûr. La proximité de zones de production céréalières souvent situées proche des zones de montagne du Massif central est le gage d’un approvisionnement fiable en matières premières qui entrent dans la composition des aliments. Aujourd’hui, le prix des aliments du commerce n’est pas plus élevé dans le Massif central qu’en Bretagne. Les groupements de producteurs sont aussi bien présents pour organiser la production. L’aval de la filière est dynamique, avec à la fois des abattoirs performants (Fipso, Tradival, SPM…) et tout un réseau de petits abattoirs multi-espèces. Beaucoup prédisaient la fin de ces abattoirs locaux. La volonté politique actuelle est de les maintenir et de les aider à se moderniser. Leur activité est un gage de pérennité et du maintien des productions animales dans les zones défavorisées. Les zones montagnes sont riches également d’un réseau très dense de petits salaisonniers qui valorisent la production. Ils sont aidés en cela par les signes officiels de qualité qui ont été créés dans la région : jambon de Bayonne, salaisons d’Auvergne, de Lacaune d’Ardèche, porcs fermiers d’Auvergne, du Sud-Ouest…
Nous avons identifié deux voies d’avenir qui pourraient pérenniser l’existant.
Repères
Créée en 1997, l’Association interprofessionnelle porc montagne (APM) rassemble différents acteurs des filières porcines de montagne de toute la France : producteurs, abatteurs-découpeurs, salaisonniers-charcutiers, fabricants d’aliments… Leur point commun est d’être implanté en zone de montagne, c’est-à-dire à une altitude administrativement définie d’au moins 600 mètres. C’est dans ce cadre qu’a été mise en place la démarche Origine montagne.