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« J’ai réduit les volumes de ma station de traitement du lisier de porc»

Sollicité par ses voisins légumiers, le Gaec Ar Maneriou leur fournit depuis trois ans une petite partie de son lisier. Cette solution, sous dérogation, réduit les frais de fonctionnement, en particulier d'électricité, de la station de traitement.

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Dominique Perdrix, éleveur dans le Finistère : « Dans cette opération, nous sommes tous les deux gagnants : le légumier réduit le coût de transport d’engrais et ses charges de fertilisation, et moi je diminue les charges d’électricité en baissant le volume à traiter. »
© A. Puybasset

À Plouvorn, dans le Finistère, en plein cœur de la zone légumière, le Gaec Ar Maneriou exploite un élevage de 300 truies naisseur-engraisseur, un atelier de 120 vaches laitières et 165 hectares de cultures céréalières et fourragères.

Lire aussi : « Je valorise au mieux le lisier de porc sur mes cultures »

 Soumise à l’obligation de traitement du lisier, l’exploitation est l’un des quatre membres d’un GIE de traitement biologique par centrifugation créé en 2005. Depuis trois ans, une petite partie des volumes habituellement traités est valorisée sur des parcelles de producteurs de légumes, situées à quelques kilomètres à la ronde. « Utilisateurs d’engrais minéraux, ils ont été confrontés à la hausse des coûts et nous ont sollicités pour valoriser nos effluents organiques », explique Dominique Perdrix, à la tête de l’élevage de porc.

Un gain en énergie pour l'éleveur de porcs et le producteur de légumes

« Dans cette opération, nous sommes tous les deux gagnants sur l’économie d’énergie : le légumier réduit le coût de transport d’engrais et ses charges de fertilisation, compensant les frais d’épandage du lisier ; et moi, je diminue les charges d’électricité en baissant le volume à traiter, poursuit l’éleveur. Une économie d’autant plus recherchée, sachant que le prix du kW a été multiplié par 1,7 ces dernières années et que l’électricité représente 70 % des charges de fonctionnement de la station de traitement. » Au-delà de ses valeurs fertilisantes, le lisier est aussi apprécié par les légumiers pour sa matière organique. En retenant l’eau, elle contribue à limiter le lessivage des terres.

Mieux valoriser les effluents organiques de l'élevage de porc

Depuis trois ans, le Gaec a réduit d’environ 10 % les volumes traités, sachant qu’il représente 13 % des apports totaux du GIE. « On pourrait aller plus loin car il y a une forte demande locale en engrais organique, mais il faudrait que cette possibilité d’épandage local puisse être pérennisée au niveau administratif. » Il s’agit pour l’instant d’une procédure dérogatoire, qui doit être validée et renouvelée chaque année avec la signature d’une convention entre le fournisseur et le receveur du lisier. « C’est contraignant car on n’a pas de certitude de la reconduite d’une année sur l’autre, souligne-t-il. Cependant, nous ne sommes plus dans le même contexte environnemental qu’il y a vingt ans. Dans notre zone géographique, la pression azotée a beaucoup diminué avec l’arrêt d’élevages bovins et avicoles et le développement des stations de traitement en porc. On détruit de l’azote tandis que nos voisins en achètent, c’est aberrant ! »

Dominique Perdrix est convaincu qu’il y a des synergies à trouver pour mieux valoriser les effluents organiques au niveau local. « L’objectif est de réduire les volumes traités mais certainement pas d’arrêter la station de traitement », précise-t-il. Son élevage reste soumis à l’obligation de traitement, même si les seuils d’unités d’azote ont été récemment relevés dans le cadre de l’application de la directive nitrate (programme d’action régional). En attendant, le GIE réfléchit à d’autres solutions pour réduire ses charges d’électricité, notamment via la production d’énergie photovoltaïque en autoconsommation collective.

Un épandage de précision par GPS du lisier de porc

Pour épandre le lisier sur ses propres terres, le Gaec Ar Maneriou fait appel depuis onze ans à une entreprise de travaux agricoles. « On ne regrette vraiment pas d’avoir délégué l’ensemble des travaux dans les champs. » L’épandage se fait par pendillard et enfouisseur pour gagner en efficacité et à l’aide d’un GPS pour gagner en précision. « Cela contribue à améliorer la valorisation de nos effluents organiques. Nous n’aurions pas pu financer des équipements aussi performants. »

Loïc Dupont, responsable environnement Evel’Up

« Utiliser les effluents organiques a plus de sens »

 

 
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Loïc Dupont, responsable environnement Evel’Up © A. Puybasset

« Il y a des optimisations à faire pour mieux valoriser les effluents organiques sur les terres bretonnes. Dans les zones soumises à obligation de traitement, certains éleveurs de porc sont sollicités par des agriculteurs en recherche d’engrais naturels mais ne peuvent pas y répondre, où alors via une procédure dérogatoire temporaire et complexe. En parallèle, des éleveurs de porcs équipés d’une station de traitement aimeraient réduire leurs charges d’électricité. Beaucoup d’efforts ont été faits depuis vingt-cinq ans par les éleveurs pour baisser la pression azotée en Bretagne. L’objectif n’est pas d’arrêter ces efforts mais de les poursuivre en prônant une fertilisation raisonnée. Face aux enjeux de décarbonation et d’économie d’énergie, cela a plus de sens d’utiliser localement les effluents, plutôt que de détruire de l’azote organique et d’acheter de l’engrais minéral. En parallèle, de nouvelles techniques d’épandage se démocratisent. Elles aident à optimiser l’utilisation des effluents organiques comme fertilisants. Je pense aux systèmes d’analyse en direct du lisier ou dispositifs de cartographie ou bien des pratiques d’épandage du lisier de porc sur les céréales à paille. Les éleveurs qui maîtrisent ces outils ne reviendraient pas en arrière. »

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