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« J’ai peu de pertes de porcelets grâce à mes truies maternelles »

La maternité associative SCEA Porc-Yvel sèvre près de 34 porcelets par truie avec un faible taux de perte sur nés vifs, grâce à des truies maternelles mais aussi une conduite d’élevage pointue et une bonne préparation des cochettes.

Yannick Onno, responsable d’élevage de la SCEA Porc-Yvel. « Grâce aux qualités maternelles des truies, nous intervenons peu en maternité, ce qui dégage du temps pour ...
Yannick Onno, responsable d’élevage de la SCEA Porc-Yvel. « Grâce aux qualités maternelles des truies, nous intervenons peu en maternité, ce qui dégage du temps pour les autres tâches. »
© A. Puybasset

À l’occasion du Space, la SCEA Porc-Yvel, représentée par son responsable d’élevage Yannick Onno, a reçu le trophée Hypor, pour la catégorie du meilleur taux de viabilité au sevrage. Une récompense qui valorise le travail accompli au sein de la maternité associative de 800 truies, située à Mauron dans le Morbihan et appartenant à deux éleveurs.

Les résultats GTTT de l’année 2022 illustrent le niveau de performances du cheptel : avec une prolificité de 14,94 porcelets nés vifs, le nombre de sevrés s’élève à 13,75 porcelets par portée, soit un taux de perte sur nés vifs de 8 % pour un sevrage à 27 jours.

 

 
Les truies gardent 95 % de leurs porcelets.
Les truies gardent 95 % de leurs porcelets. © A. Puybasset
Ce faible taux est obtenu sans artifices : ni cages ascenseurs, ni doubles lactations, adoptions ou tétées alternées. Pour Yannick Onno, il s’explique par la « génétique Libra Star calme et bonne laitière, par un bon sanitaire ainsi que par le confort des porcelets en maternité ». À l’écouter détailler avec précision sa façon de travailler, on comprend que ces résultats sont aussi le fruit d’une conduite d’élevage pointue, dès l’arrivée des cochettes, et d’une organisation rigoureuse. Car la gestion du travail est un paramètre primordial pour cet élevage, en conduite à la semaine, pour lequel le ratio nombre de truies par UTH est particulièrement élevé (trois salariés aux 35 heures, qui se répartissent les gardes le week-end). « Tout est anticipé et optimisé, confirme Yannick Onno. Grâce aux qualités maternelles des truies, nous intervenons peu en maternité, ce qui dégage du temps pour les autres tâches. »

 

 

 
Yannick Onno. «Nous sommes aussi d’un naturel calme avec l’ensemble du troupeau, ce qui contribue probablement à avoir des truies peu stressées et peu agitées. »
Yannick Onno. «Nous sommes aussi d’un naturel calme avec l’ensemble du troupeau, ce qui contribue probablement à avoir des truies peu stressées et peu agitées. » © A. Puybasset

 

Viser un bon gabarit pour les cochettes

La GTTT révèle aussi de bonnes performances de reproduction. Le faible intervalle sevrage-saillie fécondante (6,4 jours) traduit de bonnes venues en chaleur de l’ensemble du troupeau. Et le taux de fécondation en saillie première est excellent (95,4 %). « Notre objectif est d’avoir des cochettes avec du gabarit et suffisamment de réserves adipeuses, estimées visuellement. » Elles sont livrées toutes les six semaines à l’âge de 165 ou 185 jours et passent 5 ou 8 semaines en quarantaine, avec un plan de vaccination et de contamination classique. Elles ont un programme alimentaire bien précis (voir détails ci-contre). Une fois confirmées pleines, les cochettes suivent quasiment le même programme alimentaire que les multipares, avec une quantité d’aliment distribuée par jour inférieure de 200 g par rapport à leurs aînées. Ce programme favorise le poids à la naissance des porcelets et la production laitière. « Les truies peuvent allaiter sans problème 16 porcelets, même les primipares. Il n’y a pas de syndrome de deuxième portée. »

 

 
« J’ai peu de pertes sur nés vifs grâce à mes truies maternelles »

 

Une courbe alimentaire ajustée selon l’état de la truie

« L’ensemble de l’élevage est alimenté en soupe et nous sommes toujours présents au moment de la distribution des repas, pour une bonne surveillance », précise Yannick Onno. « Tous les nutriments dont a besoin la truie sont apportés par des aliments haut de gamme riches en énergie (Lact Max-Farine et Sereni Hyper Farine de Saint-Jacques Aliments). » Seules les truies au retour en verraterie reçoivent pendant 5 jours de l’huile de foie de morue, en complément des 4,1 kg d’aliment 80 % gestante/20 % maternité, distribués jusqu’à l’échographie.

À l’arrivée en bloc gestante composé de réfectoires autobloqués, les truies sont allotées par 5 à 7 selon leur rang de portées et leur état d’engraissement, évalué par l’œil expérimenté de Yannick Onno. « Il n’y a qu’une courbe d’alimentation mais j’ajuste les quantités de + ou – 20 % au niveau de chaque vanne selon leur état. »

Hygiène et confort thermique en maternité

 

 
Le nid à porcelet est constitué d’une planche en contreplaqué, avec un trou au niveau de la lampe chauffante, soutenue par un petit linteau et la cloison transversale. ...

Les truies arrivent en maternité 7 jours avant la mise bas. Les déjections sont évacuées quotidiennement, voire matin et soir autour de la mise bas. Pour apporter du confort thermique aux porcelets, chaque case est équipée d’un nid « fait maison » déplaçable, positionné au-dessus d’un tapis en caoutchouc. « Avec sa lampe infrarouge, le nid crée une zone plus chaude qui attire les porcelets et limite le risque d’écrasement. Très facile à installer, il est retiré à 10 jours d’âge. » La consigne de température de la salle est fixée à 24 °C jusqu’à 7 jours d’âge puis baisse d’un degré par semaine. « J’ajuste au quotidien le minimum de ventilation jusqu’à 3-4 % en fonction des conditions météorologiques pour éviter les courants d’air froid. »

 

 
« J’ai peu de pertes sur nés vifs grâce à mes truies maternelles »

 

Les salariés n’interviennent pratiquement pas durant la mise bas. Ils épandent à plusieurs reprises une poignée de kaolin pour sécher les nouveau-nés. Le poids moyen des porcelets à la naissance est estimé autour de 1,2 à 1,4 kilo. « Les portées sont homogènes. Sur 35 mises bas, nous constituons seulement deux portées de petits, qui sont répartis sur les truies de rang 2. » Ces derniers reçoivent dans la gueule une dose de colostrum artificiel. « Les truies gardent 95 % de leurs porcelets. Si l’un d’eux décroche en début de semaine, on le permute avec un porcelet d’une autre portée, mais cela reste à la marge. »

L’allotement des autres porcelets a lieu après les soins. L’apport de fer se fait sous forme orale. Les dents sont épointées. À partir de 7 jours d’âge, les porcelets ont en complément un mélange de farine et d’eau distribué dans l’augette pendant 5 jours puis un granulé premier âge jusqu’au sevrage où ils atteignent un poids de 6,7 kilos.

Le faible taux de perte en maternité s’explique aussi par un sanitaire stable, lié aux mesures de biosécurité (douche obligatoire…) et à une protection vaccinale renforcée (circovirus, grippe, SDRP, parvovirus, mycoplasme, colibacilles, streptocoque…).

« Nous sommes aussi d’un naturel calme avec l’ensemble du troupeau, ce qui contribue probablement à avoir des truies peu stressées et peu agitées. »

« Une attention particulière au confort thermique des porcelets à la mise bas »

 

Un plan d’alimentation spécifique pour les cochettes

À leur entrée en verraterie, les cochettes passent progressivement à 2,8 kilos d’aliment gestation pendant la phase d’adaptation et de synchronisation des chaleurs puis à 3 kilos d’aliment 80 % gestante/20 % allaitante jusqu’à l’échographie. La courbe en U se poursuit en salle gestante : baisse à 2,4 kilos jusqu’à 75 jours de gestation, 3 kilos jusqu’à J107 avec un aliment 100 % gestante. Puis elles basculent en aliment 80 % maternité/20 % gestante jusqu’à la mise bas (baisse progressive des quantités pour atteindre 1,5 kg puis remontée par pallier de 500 g après la mise bas). Elles passent en aliment 100 % allaitante cinq jours après la mise bas (trois repas quotidiens).

 

 
L'objectif est d'avoir des cochettes avec du gabarit et suffisamment de réserves adipeuses.
L'objectif est d'avoir des cochettes avec du gabarit et suffisamment de réserves adipeuses. © A. Puybasset

 

Fiche élevage

SCEA Porc Yvel

Naissage associatif de deux associés
800 truies
3 salariés
Conduite en 21 bandes, sevrage à 28 jours
Génétique : Hypor, truie Libra star et verrat Maxter
Aliment : Saint-Jacques Aliment
Groupement : Porc Armor

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