Espagnols et Néerlandais réduisent les antibiotiques dans leurs élevages de porcs
D’autres pays européens que le France agissent aussi pour réduire l’utilisation d’antibiotiques en élevage. Le projet Disarm s’est intéressé aux actions entreprises aux Pays-Bas et en Espagne.
D’autres pays européens que le France agissent aussi pour réduire l’utilisation d’antibiotiques en élevage. Le projet Disarm s’est intéressé aux actions entreprises aux Pays-Bas et en Espagne.
Selon les pays européens, les moyens mis en œuvre pour diminuer l’utilisation des antibiotiques en élevage varient fortement. Le projet Disarm mis en place au niveau européen s’est intéressé aux actions engagées dans 11 élevages de porcs espagnols et néerlandais. Les principaux leviers, personnalisés pour chaque élevage, ont concerné la biosécurité, la santé des porcelets au sevrage, le statut des cochettes et des truies vis-à-vis de Mycoplasma hyopneumoniae.
Aux Pays-Bas, l’objectif est la maîtrise les trois pathogènes majeurs présents dans des conditions de pressions infectieuses importantes : Actinobacillus pleuropneumoniae, le virus du Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) et Streptococcus suis. En Espagne, la réduction de l’utilisation des antibiotiques est passée par la biosécurité interne et externe et par les alternatives aux antibiotiques (vaccination, rétro contamination par exemple). Les pathogènes concernés sont nombreux et de plusieurs natures (viraux et bactériens) et souvent associés dans le complexe respiratoire porcin.
Des points d’amélioration mis en évidence
La biosécurité a été évaluée à l’aide de l’outil belge Biocheck. UGent. Les résultats aux Pays-Bas ont été très variables d’un élevage à l’autre, le niveau de biosécurité semblant meilleur dans les zones à forte densité d’élevages. En Espagne, plusieurs points d’amélioration sont ressortis : origine et stockage de l’aliment, qualité de l’eau de boisson, ou encore la gestion des pathologies.
S’il est encore trop tôt pour conclure sur l’effet des mesures sur la réduction de l’utilisation des antibiotiques, cette étude montre que des améliorations de performances ont été observées : aux Pays-Bas, un des élevages a réussi à augmenter le nombre de porcelets sevrés par truie et par an et à améliorer la fertilité des truies. Deux élevages ont aussi amélioré le GMQ des cochettes au cours de leur première gestation. De manière générale, pour tous les élevages de toutes les espèces inclus dans le projet Disarm, la biosécurité et l’hygiène ont été prédominantes dans les mesures personnalisées qui ont été proposées et appliquées en élevage.
La conduite des animaux, le management des équipes, l’organisation du travail et la transmission immunitaire via le colostrum ont également été des points transversaux à travers les espèces. Les principales différences entre pays résidaient dans le nombre d’objectifs fixés par les équipes dans les élevages, et le niveau d’exigence de ces objectifs, adapté aux conditions propres à chaque site.
Repères
Un projet européen contre les risques d’antibiorésistance
Disarm est une collaboration entre les agriculteurs, les vétérinaires, les services de conseil, les universitaires et l’industrie pour diffuser des solutions innovantes de gestion de la résistance aux antibiotiques en production animale afin de réduire le risque de résistance aux antibiotiques, en mettant l’accent sur la prévention des maladies et l’utilisation prudente d’antibiotiques. L’Ifip y participe pour partager des éléments techniques sous forme d’articles, vidéos et contribution au contenu du site internet. Il s’agit d’un projet sur trois ans, lancé en janvier 2019, et financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon H2020 de l’UE. Deux publications viendront conclure cette étude : un rapport détaillé avec les résultats suite aux mesures mises en place et une boîte à outils pour aider à la mise en œuvre de cette approche multi-acteurs dans d’autres élevages et créer des plans de progression personnalisés.
Côté web
Disarm - Réduire l’antibiorésistance en diminuant les traitements antibiotiques en élevage
Un bilan positif chez six éleveurs Agrial
En 2021, l’Ifip a publié les résultats d’une étude similaire menée chez six éleveurs du groupement Agrial. L’objectif était d’évaluer, de manière rétrospective, l’efficacité de plans d’intervention mis en place dans des élevages avec le groupement et le vétérinaire. Les plans d’intervention ont permis une forte baisse de l’utilisation d’antibiotiques accompagnée, pour les naisseurs-engraisseurs, d’une hausse de la marge standardisée sur coût alimentaire qui a persisté durant les deux années suivantes. C’est la persévérance des éleveurs et l’accompagnement des intervenants, vétérinaires et techniciens, qui ont permis la réussite de ces protocoles. Suite à cette étude, une fiche bilan par élevage a été construite, permettant de visualiser rapidement les améliorations zootechniques et les moyens mis en place pour aboutir à la baisse d’utilisation des antibiotiques.
Côté web
Les résultats de l’étude Agrial sont disponibles sur le site : http://biosecurite.ifip.asso.fr/