Le ministère de l’Agriculture a publié le 19 novembre dernier l’arrêté et les instructions techniques concernant la castration des porcelets mâles sous anesthésie locale par les éleveurs. Pour la prise en charge de la douleur postopératoire (analgésie), deux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être utilisés. Il s’agit du Méloxicam (0,4 ml/kg de poids vif) et du Kétoprofène (3 mg/kg de poids vif). Pour l’anesthésie locale, deux produits ont été homologués : un injectable (la lidocaïne) et une pommade (Tri-Solfen). À noter que l’anesthésie générale ne peut être pratiquée que sous le contrôle d’un vétérinaire.
La lidocaïne doit être injectée dans chaque testicule (0,5 ml par testicule) avec des aiguilles fines (9 x 0,8 ou 16 x 0,8). L’administration du produit doit se faire entre 5 et 30 minutes avant la castration. L’injection de l’AINS doit être faite en même temps. La notice technique éditée par l’Ifip préconise de réaliser les injections pour trois portées. Une fois que l’anesthésie a fait son effet, les porcelets peuvent être repris dans le même ordre pour faire les castrations. Ce produit ne dispose pas d’AMM pour le porc. Mais elle peut être prescrite par le vétérinaire dans le cadre de la castration.
Le Tri-Solfen est un gel composé de deux anesthésiques locaux (lidocaïne et bupivacaïne), d’un antiseptique (cétrimide) et d’un vasoconstricteur (adrénaline). Il doit être déposé autour du cordon spermatique de chaque testicule via une canule à bout rond après incision de la peau du scrotum et de l’enveloppe externe du testicule. La dose doit être comprise entre 0,5 et 1 ml par testicule, selon le poids du porcelet. Il faut compter 30 secondes entre l’application du produit et la castration pour que l’anesthésiant fasse son effet. Pour optimiser à la fois le temps passé par le ou les opérateurs, et le temps de diffusion du Tri-Solfen avant la castration, la notice technique conseille de travailler par lots de deux portées : commencer par isoler les porcelets mâles de la première portée dans une caisse et leur administrer l’AINS. Puis, pour chaque porcelet, réaliser les incisions des deux testicules, y injecter le Tri-Solfen, puis reposer le porcelet dans une seconde caisse. Pour respecter le temps d’attente de 30 secondes, répéter ces deux opérations pour les porcelets de la seconde portée, avant de procéder au retrait des testicules de la première portée. Une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) va être délivrée pour que le Tri-Solfen puisse être utilisé dès le 1er janvier 2022, le temps de valider son AMM.
La notice technique recense également des éléments complémentaires pour faciliter la castration ou réduire les réactions des porcelets lors de l’opération.
L’utilisation d’un dispositif spécifique de contention de type « appareil à castrer » qui permet à l’opérateur de travailler de façon plus précise, à la bonne hauteur et avec le dos droit. L’administration d’un sédatif (Azapérone) réduit fortement les réactions lors de la castration (vocalises, mouvements d’échappement). Elle nécessite cependant une surveillance après la castration pour éviter les écrasements de certains porcelets.
Une à deux gouttes de lidocaïne peuvent être déposées au niveau de la peau du scrotum pour insensibiliser la zone où se fait l’incision.
L’utilisation d’une lame chaude pour sectionner le cordon testiculaire permet une cautérisation immédiate
et réduit fortement les saignements.
Une solution de saccharose dilué à 30 % dans de l’eau administrée par voie orale permet d’atténuer la douleur lors de l’incision du scrotum dans le cadre d’une anesthésie au Tri-Solfen.
D.P.