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Danish Crown veut développer l’immunocastration des porcs

Le conseil d’administration de Danish Crown, la principale coopérative danoise d’élevage et d’abattage de porcs, a pris la décision de limiter l’abattage des mâles entiers au profit des mâles immunocastrés.

<em class="placeholder">Danish Crown pourrait valoriser les mâles immunocastrés, plus gras que les mâles entiers, sur plusieurs marchés en Europe (Italie) et en Asie (Japon).</em>
Danish Crown pourrait valoriser les mâles immunocastrés, plus gras que les mâles entiers, sur plusieurs marchés en Europe (Italie) et en Asie (Japon).
© D. Poilvet

Danish Crown n’abattra pas davantage de mâles entiers qu’elle ne le fait actuellement. Depuis 2019, la castration à vif au Danemark n’est plus autorisée. Ainsi, la coopérative anticipe les envies futures de ses éleveurs de développer la non-castration et limite l’abattage des mâles entiers au profit de l’immunocastration. Aujourd’hui, près de 20 % des mâles abattus au Danemark sont entiers et 80 % sont castrés. Les éleveurs adhérents étant tenus de livrer tous leurs porcs à la coopérative, qui réalise 74 % des abattages nationaux, il est difficile pour l’éleveur d’envisager de nouveaux débouchés pour ses mâles entiers.

La peur des carcasses odorantes

La principale raison évoquée par la coopérative est la crainte de mauvaises réactions des consommateurs qui pourraient se détourner de la viande de porc, si des viandes odorantes entraient dans les cuisines. Ainsi, Danish Crown estimerait détecter trop de carcasses odorantes issues de mâles entiers dans ses sites de production, sans pour autant communiquer de chiffres. Par ailleurs, les viandes de mâles entiers produites par la coopérative danoise sont notamment exportées au Royaume-Uni, qui n’autorise plus la castration des porcelets. Enfin, d’après Danish Crown, les gains économiques pour l’abatteur sur des porcs mâles entiers seraient faibles.

Une volonté de déployer l’immunocastration

Le groupe danois souhaite ainsi développer l’immunocastration. Les deux injections du vaccin inhibent la production de stéroïdes par les testicules, limitant ainsi la sécrétion des molécules d’androsténone et de scatol responsables de l’odeur. Il arrive que des carcasses de porcs vaccinés soient odorantes, mais dans une proportion bien plus faible que celles des mâles entiers. C’est pourquoi les abattoirs de Danish Crown continueront de tester les viandes pour la détection d’odeurs anormales.

Au Danemark, l’immunocastration n’est actuellement que très peu employée. Bien que le vaccin soit commercialisé depuis 2009 en Europe, cette technique s’est d’abord développée en Belgique où près d’un million de porcs sont vaccinés, puis, à partir de 2019, en Allemagne. Danish Crown, après avoir conduit des études internes et constaté sa large utilisation à l’échelle mondiale, souhaite aujourd’hui la déployer au sein de ses élevages.

Un compromis adapté aux marchés de Danish Crown

Les mâles immunocastrés peuvent représenter un bon compromis pour Danish Crown en limitant les carcasses odorantes, tout en maintenant un taux de gras suffisant et en maîtrisant les coûts, en comparaison avec les mâles entiers et castrés. Tout d’abord, la génétique Duroc, très présente au Danemark, produit légèrement plus de mâles entiers odorants que le piétrain (1). De plus, les mâles immunocastrés, plus gras que les mâles entiers, pourront être valorisés sur plusieurs marchés en Europe (Italie) et en Asie (Japon) vers lesquels Danish Crown exporte.

Enfin, si le vaccin représente un coût supplémentaire, les porcs immunocastrés ont des gains d’indices similaires aux mâles entiers et, donc, des coûts alimentaires largement inférieurs aux porcs castrés. Avec un prix d’aliment du quatrième trimestre 2023 à 350 €/t en engraissement, l’Ifip a estimé, grâce à l’outil Sim’alter, que le coût de production des mâles immunocastrés est supérieur de 2,69 €/porc, par rapport aux mâles entiers. Mais il est inférieur de 2,07 €/porc à celui des mâles castrés sous anesthésie.

Zoetis, laboratoire spécialisé en santé animale, est actuellement le seul en Europe à commercialiser ce type de vaccin (Improvac). Interrogé, Niels Wuyts, directeur des opérations vétérinaires à Zoetis, confirme la capacité du laboratoire à produire suffisamment de vaccins pour couvrir progressivement les besoins des éleveurs de Danish Crown (10,6 millions de porcs abattus en 2023), au fur et à mesure qu’ils adopteront l’immunocastration.

Nicolas Rouault, nicolas.rouault@ifip.asso.fr

(1) source : Ferme expérimentale porcine des Trinottières - projet Duroc mâle entier

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