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Ceva développe des outils d’analyses des données de santé des porcs

Le laboratoire pharmaceutique Ceva aide les vétérinaires à mieux exploiter les données de santé. Le but étant d’arriver à des outils prédictifs de l’évolution du statut sanitaire des élevages.

Avec le système d’exploitation des données de santé en construction au sein du laboratoire Ceva santé animale, le vétérinaire pourra avoir accès à une sorte de « tableau de bord » de l’état sanitaire de chacun des élevages qu’il suit. « Dans un même environnement informatique accessible via un portail internet, il pourra surveiller au travers d’indicateurs globaux appropriés, l’évolution de la santé des animaux, que ce soit à l’échelle individuelle ou d’un groupe, d’une zone géographique, et également définir des seuils d’alerte ou encore ses propres critères d’analyse au travers du croisement de données de différentes sources (santé pulmonaire des porcs, dépenses de santé…). L’objectif final est d’arriver à des outils prédictifs de la santé animale », expliquent Nathalie Capdevielle et Bertrand Maynard, de Ceva. Ce système de valorisation des données est aujourd’hui alimenté par quatre outils numériques développés ces dernières années et qui sont d’ores et déjà disponibles : Ceva Lung Program (CLP) pour le suivi et l’analyse des contrôles pulmonaires à l’abattoir, Vaccinomics pour le suivi de la vaccination associée à l’injecteur automatique Smartvac, Indicavet développé avec Sanders pour l’enregistrement des usages d’antibiotiques et le tout récent, Vet’Analytics, construit en étroite collaboration avec la structure vétérinaire Hyovet, un outil d’analyse de toutes les dépenses de santé (voir ci-contre).

Un gisement de données au service des vétérinaires

Avec l’ensemble de ces outils numériques, la masse de données enregistrées est gigantesque. Rien que la base de données des lésions pulmonaires CLP totalise plus de 2 millions de poumons notés. « Cela représente une mine d’informations (remontée par les clients et traitée par Ceva dans le strict respect de la législation), à condition de savoir comment rapprocher ces données et les valoriser. Pour mettre en évidence des critères d’analyse peu visibles par de simples outils de calcul, il faut utiliser des méthodes plus avancées d’analyse statistiques et de data-management. » Pour y parvenir, Ceva s’est structuré pour développer cette expertise en interne en s’appuyant sur les compétences d’un Datascientist. Il est adossé à un « ambassadeur des données » par pays, qui apporte sa connaissance du terrain. Pour Bertrand Maynard, relais expert pour la France, « il s’agit de reconnaître les données potentiellement utiles et de traduire leur intérêt. Il est important de les standardiser et de les retranscrire. » Il compare ce travail de valorisation des données du big data à la construction d’un jeu de Lego. « Il faut d’abord classer et sélectionner chaque brique (donnée) par forme et couleur avant de les imbriquer dans un ordre bien défini pour les faire 'parler' et les rendre intelligibles pour tous », schématise-t-il.

Des applications déjà concrètes en élevage

Ceva avait déjà entamé cette démarche d’exploitation des données à travers son outil de pilotage Ceva Lung Program. Lancé en 2017, il permet de suivre l’évolution des lésions pulmonaires de l’élevage, de le situer par rapport à un groupe d’élevages ou une zone géographique, d’estimer le retour sur investissement d’un programme vaccinal en dégageant une tendance fiable et objective basée sur une population d’élevages. Le CLP permet dorénavant d’aller plus loin dans l’analyse de données. « D’un outil plutôt descriptif, on passe à un outil de surveillance et d’anticipation de la santé pulmonaire », explique Bertrand Maynard. Il illustre par quelques exemples le vaste champ de possibilités qu’offre le croisement de données. « Il est aujourd’hui possible de segmenter les élevages en fonction de leur score pulmonaire et de leur évolution dans le temps. » Cette segmentation aide le vétérinaire à cibler les élevages nécessitant un suivi rapproché selon leur niveau de maîtrise de la pneumonie enzootique (voir graphique). En activant des alertes sur l’évolution de l’Index APPI, le vétérinaire peut aussi mieux anticiper le risque d’actinobacillose et proposer une prophylaxie adaptée dans l’élevage concerné. Cet indicateur informe sur la prévalence et la sévérité de la pleurésie dorso-caudale indicatrice de lésions dues à Actinobacillus pleuropneumoniae. L’objectif à terme est de renforcer l’analyse et le croisement des données par l’analyse prédictive tout en s’assurant de l’intérêt concret que peuvent en retirer les différentes parties prenantes de l’élevage porcin.

Avis d’expert : Christian Spindler, vétérinaire Hyovet

« Une analyse plus fine des dépenses de santé »

« L’outil d’analyses Vetanalytics donne une photographie exhaustive des dépenses de santé d’un élevage. Il nous permet d’avoir une connaissance très fine de l’ensemble des produits vétérinaires prescrits (antibiotiques, vaccins, anti-inflammatoires, hormones, antiparasitaires). Les données propres à chaque élevage sont extraites à partir de notre logiciel de saisies des ordonnances (molécule, voie d’administration, stade physiologique et espèce cible…). Grâce à l’extraction des données de poids d’abattage transmises par Cooperl, on peut calculer les frais de santé par kilo de carcasse. J’imprime le document de synthèse de l’année avant chaque visite de bilan sanitaire. Présenté sous formes de graphiques, le rapport donne les dépenses totales ou par catégorie d’animaux. Il calcule le niveau d’exposition aux antibiotiques (Aléa). L’élevage peut se situer par rapport à un groupe de référence (quartiles). Vetanalytics compare aussi les données de prescription à une consommation théorique. Je sais en un coup d’œil si le protocole de vaccination est respecté, le taux de truies déclenchées ou encore le nombre d’injections d’ocytocine par rapport au nombre de mises bas. Cet outil d’analyses facilite le suivi de l’élevage et aide à orienter les voies d’amélioration. En croisant les données avec celles de l’outil de notation pulmonaire CLP que nous utilisons depuis plus de deux ans, on pourra estimer le coût de la pneumonie enzootique et démontrer l’intérêt économique d’un programme vaccinal. Vetanalytics pourrait aussi être utile pour calculer le retour sur investissement de mesures de biosécurité. »

 

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