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Bien identifier les Escherichia coli pour mieux les combattre

Les colibacilloses se distinguent par des symptômes très variés. Ils vont du simple ralentissement de la croissance jusqu’à la mort brutale. La prévention doit se faire sur l’animal et son environnement.

Les Escherichia coli pathogènes sont des germes très fréquemment rencontrés en post sevrage. Ce sont des facteurs de risque très importants, associés à la fois au porc et à l’environnement », détaillait le professeur John Fairbrother, de l’université de Montréal (Québec) qui est le laboratoire référent de l’OIE pour ce germe, lors du forum IDT Biologika qui s’est tenu à Ploufragan le 19 mars dernier. La variabilité des signes cliniques liés à la présence de ce germe le rend difficile à cerner. Selon les toxines produites par ces E. coli, le signe clinique dominant peut être la diarrhée, légère ou sévère, avec des taux de mortalité qui peuvent varier de 1.5 à 25% (co-infections possibles avec des salmonelles et/ou des rotavirus). Ils peuvent également induire de l’œdème, notamment visible aux paupières, associé à des troubles nerveux (manque de coordination des mouvements, pédalages, paralysies) et de la mortalité, qui peut être très importante sur le lot atteint. Les troubles induits peuvent être également plus discrets : une forme sub-clinique existe et se traduit par des croissances réduites. La maladie peut être endémique (elle est constamment présente) ou sporadique. Mais elle sévit généralement durant les premières semaines qui suivent le sevrage.

Pour le porc, les E.coli pathogènes sont divisées en quatre pathotypes, selon leur pouvoir pathogène : Les Epec (entéropathogènes) provoquent de la diarrhée par malabsorption;  les Stec (produisant la shigatoxine) sont responsables de la maladie de l’œdème. Les Expec, sont à l’origine de septicémies, de métrites et de mammites. Et enfin les Etec (entérotoxiques) sont les causes majeures des diarrhées néonatales et de diarrhée après sevrage. Pour déterminer le pathotype d’un E. coli, il faut connaître les facteurs de virulence (toxines et facteurs d’adhésion) qu’il porte dans ces gènes : c’est son pathovirotype. La prévalence des E. coli pathogènes varie selon les pays. Elle peut aussi évoluer dans le temps. « C’est pourquoi un bon diagnostic est très important pour assurer l’efficacité optimale des stratégies préventives », souligne le scientifique.

Plus persistants, plus pathogènes et plus résistants

John Fairbrother constate aussi que les E.coli deviennent de plus en plus persistants, pathogènes et résistants aux antimicrobiens.  « La population d’E. coli dans l’intestin est constituée de différents clones, c’est-à-dire de bactéries qui descendent tous de la même cellule », explique-t-il. « Un nombre croissant de clones pathogènes possèdent des plasmides (molécules d’ADN) qui portent des gènes de résistance à des antibiotiques. Ces clones multirésistants peuvent se propager rapidement entre porcs ». Leur multiplication débute dès la maternité, après transmission du microbiote intestinal de la truie aux porcelets. En post-sevrage, les plasmides et les clones de ces E. coli se transmettent facilement aux porcs sains par contact direct ou indirect. Ils restent présents dans les salles entre deux bandes sur de longues périodes. Leur propagation peut aussi se produire d’un élevage à l’autre via les mouvements de personnes et de camions de transport.

De multiples facteurs de risque associés aux porcs et à l’environnement influencent l’incidence et la sévérité de la maladie induite par des E. coli pathogènes. Certains sont liés à l’hôte (porcelet sevré précocement, absence d’anticorps protecteurs d’origine maternelle…). D’autres ont pour origine des causes extérieures à l’animal (changement de régime alimentaire, régime riche en protéine, mélange de porcs, présence d’autres germes). « Il est donc nécessaire de tenir compte de tous ces facteurs de risque pour définir la meilleure stratégie de prévention », souligne le microbiologiste. Soit en réduisant leur présence dans le milieu par une modification de la conduite d’élevage (augmentation de l’âge au sevrage, chauffage des locaux, hygiène, biosécurité, acidification de l’eau…), soit en augmentant la résistance des animaux à l’infection par la vaccination ou par la sélection d’animaux résistants.

Le vaccin contre l’œdème mieux valorisé quand les cours progressent

IDT Biologika a calculé que le retour sur investissement d’une vaccination Ecoporc Shiga contre la maladie de l’œdème est d’autant plus rapide que le prix de vente des porcs charcutiers est élevé. Le directeur d’IDT Biologika France, Paul Créac’h, calcule que le manque à gagner lié à la mort d’un porcelet de 40 kg passe de 79 euros si le prix payé à l’abattoir est de 1,40 €/kg, à 134 €/kg pour un prix payé de 2 €/kg. « A 1,40 €/kg, il faut que le taux de perte baisse de 1,9% minimum pour que la vaccination soit rentable. A 2 €/kg, une amélioration de 1,1% est suffisante », affirme-t-il. Le calcul peut aussi être fait sur le GMQ sevrage-vente. « L’impact économique d’un gain de 10 grammes de GMQ varie de 0,72 € pour un prix de vente à 1,40 €/kg à 1,41 € par porc si le porc est vendu à 2 €/kg. Le gain de croissance minimum nécessaire pour rentabiliser le vaccin est alors pratiquement divisé par deux, passant 19 à 10 grammes par jour ».

En savoir plus

Les différentes formes de maladie de l’œdème

Clinique : forme collective associée à de la mortalité élevée.
Sub-clinique : aucun signe visible mais performances techniques dégradées.
Sub-aiguë : forme clinique ciblée sur quelques individus qui meurent (confusion possible avec la méningite à streptocoque) ou symptômes moins prononcés sur l’ensemble du troupeau.

En collaboration avec les vétérinaires, IDT Biologika développe actuellement un plan d’action afin d’identifier les élevages présentant la forme subaïgue.

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