« Aux Pays-Bas, le porc bien-être trace sa route »
Le label bien-être animal néerlandais Beter Leven une étoile est le passage obligé pour toute la viande fraîche de porc et la charcuterie destinée au marché national.
Le label bien-être animal néerlandais Beter Leven une étoile est le passage obligé pour toute la viande fraîche de porc et la charcuterie destinée au marché national.
Les Pays-Bas produisent 25 millions de porcs par an, en exportent 9 et en abattent 16 dont 4 répondent au cahier des charges Beter Leven une étoile (BL1*), soit 16 % de la production nationale.
L'intérêt d’une production de porcs bien-être a pris de l’ampleur en 2015 à la faveur de l’initiative « Porc de demain » portée par l’industrie de la viande, la grande distribution et les associations de défense des animaux. Son cahier des charges se résume en une page. Il précise notamment des critères de place en post-sevrage (0,4 m²/tête), en engraissement (1 m²/tête) et l’obligation de mettre du matériel de jeu à disposition des animaux. Le document équivalent pour le BL1* détaille les obligations des éleveurs sur dix pages. L’esprit reste le même. « L’animal ne doit pas s’adapter au système, c’est le système qui doit s’adapter à l’animal », rappelle Dierenbescherming, l’association de protection animale qui discute en permanence avec la filière des modifications à apporter aux modes de conduite pour qu’ils évoluent vers plus de bien-être. Les points au centre des échanges actuels concernent la liberté des truies à la mise bas et l’arrêt définitif de la coupe des queues, déjà interdite mais encore possibles « en cas de nécessité » après accord du vétérinaire.
Huit cents de plus en moyenne au kilo vif
Les éleveurs produisent en BL1* avec leurs bâtiments et équipements existants car le cahier des charges actuel permet de conserver les truies bloquées à la mise bas. il faut par ailleurs leur assurer un minimum de 2 % de lumière naturelle, loger les truies gestantes en groupes, fournir de l’aliment grossier et du matériel de jeu. En engraissement, la principale contrainte est d’accorder 20 % de surface de plus par animal. « Des éleveurs ont supprimé des cloisons pour récupérer la surface du couloir, certains ont aménagé une plateforme à un mètre au-dessus d’une partie de la case. Les animaux y accèdent par une rampe. Mais du coup, l’évacuation des déjections via un caillebotis partiel n’est pas idéale et la partie couverte du de la case est plus sombre », commente Robert Hoste, de l’université de Wageningen. Le respect de ces dispositions est rémunéré en moyenne 8 centimes par kilo vif. Mais la réalité recouvre une fourchette comprise entre 6 et 10 centimes selon l’abatteur.
« Toute la filière va devoir réduire la voilure »
« Aux yeux du consommateur néerlandais, il n’y a pas de retour en arrière possible. La certification BL1* devient une obligation. Pour les ateliers qui ne sont pas labellisés, les perspectives ne sont pas très bonnes. Les contraintes vont augmenter d’autant que le bien-être va être de plus en plus évalué en fonction des conditions d’élevage qu’il faudrait pour que les animaux se sentent le mieux possible », analyse encore Robert Hoste. Selon lui, le volume de viande porcine BL1* n’augmentera plus beaucoup « car les besoins en viande fraîche et en charcuterie du marché national sont couverts ». Le cheptel porcin néerlandais a baissé de 7 % en 2021. Robert Hoste s’attend à ce qu’il perde encore un quart de ses effectifs dans les années à venir en raison des programmes environnementaux de protection du climat démarrés en 2020 et 2021. « Toute la filière va devoir réduire la voile », assure-t-il. L’activité des abattoirs qui n’ont pas été rénovés et les fabricants d’aliments de petite taille semble menacé. Rappelons que le taux d’autosuffisance en porc des Pays-Bas dépasse 300 %.