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Agrial valorise l’élevage de porcs sur paille grâce à la charcuterie Cosme

Grâce à un débouché local qui met en avant le bien-être animal, les éleveurs du Gaec de Lunerotte ont investi dans un bâtiment alternatif sur paille performant.

Trois ans après la présentation de leur nouvel engraissement sur paille de 1 320 places (voir Réussir Porc Juillet-Août 2017 page 30), les quatre jeunes associés du Gaec de Lunerotte à Saint-Gervais-en-Belin, dans la Sarthe, ne regrettent pas leur investissement. Ce bâtiment a été créé dans le but de fournir la charcuterie Cosme, une petite entreprise sarthoise qui transforme 900 porcs par semaine, en porcs charcutiers respectant un cahier des charges privé : engraissement sur paille, 182 jours d’âge à l’abattage, et aliment supplémenté en graine de lin pour les apports d’oméga 3. « Les conditions d’élevage et le bien-être des animaux sont des arguments de vente majeurs pour nos produits, au même titre que l’origine locale des cochons et la démarche de filière engagée avec Agrial », explique Frédéric Lalande, le directeur de la charcuterie Cosme, qui réalise 99 % de son chiffre d’affaires dans un rayon de 100 km autour du Mans. En échange de ce cahier des charges, les éleveurs bénéficient d’un prix plancher correspondant au prix de revient moyen des élevages. « Au début de l’année 2019, quand le MPB était à 1,07 €/kg, le prix de base était à 1,37 €/kg », indique Frédéric Lalande. « Depuis, le prix payé aux éleveurs a suivi la hausse. Aujourd’hui (mi-décembre), nous sommes à 1,70 €/kg de prix de base, comme pour une production conventionnelle. » À cela s’ajoute une plus-value moyenne de 30 c/kg qui inclut la plus-value technique. Pas de souci pour répercuter la hausse des cours auprès des clients de la charcuterie. « En leur proposant des produits de qualité, nous pouvons imposer des hausses qui nous permettent de maintenir nos marges et de rémunérer les éleveurs comme prévu dans le contrat », affirme le directeur de l’entreprise.

Porcs sur litières et bonnes plus-values techniques

L’engraissement du Gaec de Lunerotte est composé de trois salles comprenant chacune deux cases de 220 porcs chacune, adaptée à une conduite des truies en 4 bandes. Il a été conçu par Bertrand Chaumier, technicien bâtiment Agrial, pour maîtriser les performances techniques, grâce à une isolation performante, une ventilation dynamique et une alimentation à la soupe. « Au démarrage du bâtiment, la principale inconnue était le comportement alimentaire des porcs », explique Sébastien Lebreton, l’un des associés du Gaec. Chaque case de 220 places dispose de deux aires d’alimentation sur caillebotis dans lesquelles se trouvent les auges. Les animaux disposent de 24 mètres linéaires d’auge, soit 11 cm par porc. Ils y accèdent en passant dans un trieur qui les pèse et les oriente selon leur poids vers l’une des deux aires. La distribution de soupe est commandée par des sondes d’auges. Quatre repas d’une heure sont programmés dans la journée. Le rationnement est plafonné à 2,7 kg par jour, puis à 2,6 kg en fin d’engraissement. Malgré l’absence de régulation des flux d’animaux, il n’y a pas de bousculade à l’auge. Les premiers entrés sont progressivement poussés vers le portillon de sortie par les suivants. Le trieur permet de limiter le nombre de porcs hors gamme, et de maximiser la plus-value à l’abattoir. « Nous atteignons notre objectif initial de 30 c de plus-value par kilo de carcasse, en accumulant la plus-value technique et celle accordée par Cosme », se réjouit Sébastien Lebreton, un autre associé du Gaec.

L’ambiance dans les salles est maîtrisée, grâce à la bonne isolation et la ventilation dynamique. « Cet été, le taux de pertes s’est maintenu à moins de 3 % entre le sevrage et la vente, même durant la période de canicule », constate Christophe Denis, technicien porc Agrial. Les cases sont propres en fin d’engraissement, malgré un apport de paille limité à 60-70 kg par porc. Son broyage réalisé au champ permet de mieux absorber les jus. « Nous avons une litière de qualité, grâce aussi à la pailleuse qui dépoussière la paille et la répartit bien sur l’ensemble de la case. » Sébastien Lebreton apprécie également la conception générale du bâtiment qui lui permet de limiter son temps de travail et d’intervenir seul la plupart du temps. « Il ne me faut que 45 minutes le matin pour passer dans toutes les cases et surveiller les animaux, et 10 minutes le soir. » L’apprentissage des porcelets au trieur ne lui pose aucun souci. Pour les départs, le trieur isole les animaux dont le poids est suffisant. « Il faut compter ensuite 10 à 15 minutes pour sortir seul une centaine de cochons vers le quai d’embarquement. » Pour le nettoyage-désinfection entre chaque bande, les éleveurs font appel à un prestataire extérieur. Il lui faut 8 heures pour une salle de 440 places, après avoir enlevé le fumier.

Compenser les surcoûts liés au bâtiment

À l’heure du bilan économique, les éleveurs soulignent que ce faible besoin de main-d’œuvre permet de compresser les coûts et de dégager du temps pour les autres activités de l’élevage. Ils apprécient aussi d’obtenir des performances de bon niveau et de pouvoir envisager encore des progressions, afin de compenser l’obligation de paillage qui a induit des surcoûts au bâtiment (617 euros la place, quai d’embarquement inclus). Grâce à un bon statut sanitaire et à une ambiance maîtrisée, les traitements médicamenteux sont rares. La bonne maîtrise des conditions d’élevage et la faible densité (1,2 m2 de surface paillée par porc) se traduisent par l’absence de caudophagie. « Nous augmentons progressivement la taille des queues. Un lot de porcelet avec des queues non coupées est actuellement en test en post-sevrage », indique Sébastien Lebreton. « Dans la démarche que nous avons d’expliquer à nos clients comment sont élevés nos porcs, tout ce que les éleveurs peuvent faire pour le bien-être animal va dans le bon sens », conclut Frédéric Lalande.

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