Acidifier le lisier des porcs modifie la dégradation des antibiotiques
Des chercheurs britanniques ont montré que le pH du lisier influence le processus de dégradation de certains antibiotiques présents dans le lisier.
Des chercheurs britanniques ont montré que le pH du lisier influence le processus de dégradation de certains antibiotiques présents dans le lisier.
Un lisier à pH 5,5 diminue la durée de vie du sulfamethoxazole par rapport à un pH neutre (pH 7). À de faibles pH, ce produit n’est pas chargé, ce qui facilite son adsorption, notamment sous forme de complexes cationiques, avec la matière organique du sol. Une fois sous forme cationique, il est ensuite rapidement hydrolysé. En revanche, un pH acide augmente la durée de vie dans les lisiers du florfenicol, de la tylosine, et du ceftiofur par rapport à un lisier neutre. Les bactéries capables de dégrader ces trois antibiotiques sont en effet inhibées dans un milieu acide, et le coefficient d’adsorption de la tylosine augmente. L’oxytétracycline n’a pas été dégradée pendant toute la durée de l’essai et l’effet du pH sur sa durée de vie n’a pas pu être étudiée. Ces mesures ont été réalisées sur du lisier frais provenant de porcs âgés de 12 semaines ayant reçu de la sulfadiazine et du triméthoprime durant les six premières semaines de leur vie. Ces lisiers ont été stockés en conditions anaérobies à température ambiante. Ils ont ensuite été homogénéisés et leur taux de matière sèche a été ajusté à 5 %. Les échantillons ont été placés dans des cuves d’incubation fermées à 23 °C. Leur pH a été abaissé et maintenus à l’aide d’acide sulfurique durant les 56 jours de l’essai avant de recevoir les antibiotiques testés. La moitié des échantillons ont été suivis en conditions stérilisées (par autoclave) pour mettre en évidence l’action des bactéries sur les antibiotiques.
Attention à l’acidification des lisiers !
D’après les résultats de cette étude, les choix liés à la gestion des effluents dont va dépendre le pH du lisier peuvent amplifier ou limiter le risque sanitaire lié à l’épandage de résidus d’antibiotiques. L’acidification des effluents, une meilleure technique disponible (MTD) massivement utilisée au Danemark pour réduire les émissions d’ammoniac, pourrait potentiellement conduire à un dépassement des seuils de résidus médicamenteux autorisés à l’épandage. La démédication est une des voies pour limiter ce risque et développer ces techniques de réduction des émissions gazeuses. L’épandage d’effluents acidifiés pose cependant des questions agronomiques et économiques. Davantage d’études sur le devenir à long terme des résidus antibiotiques, qui peuvent aussi avoir un impact sanitaire, sont nécessaires. L’effet d’un acide organique, moins puissant que l’acide sulfurique, pourrait aussi être étudié.