Aller au contenu principal

Visitez et dormez au milieu des brebis

La découverte de l’élevage de brebis allaitantes ou laitières suscite beaucoup d’enthousiasme dans le grand public. Pour les producteurs, que cela prenne la forme de visites plus ou moins longues ou de séjour à la ferme, l’engagement est important, avec un retour financier plus ou moins intéressant.

Salle commune
La ferme Landran, au coeur du Pays basque, peut accueillir jusqu'à 60 personnes hébergées en pleine saison.
© DR

À La Ferme Landran, au cœur du Pays basque et des Pyrénées-Atlantiques, la vie est douce. Du moins pour les vacanciers qui séjournent dans les différentes solutions d’hébergement que sont le gîte, les chalets et le camping. Nathalie Bosc, installée avec son mari en Gaec sur l’exploitation familiale de celui-ci, veille au grain.

Nathalie et Bruno Bosc

« Le camping, avec ses vingt-cinq emplacements, est ouvert d’avril à septembre, pour laisser la surface vide pendant six mois, en accord avec la certification “Aire naturelle” que nous avons obtenue. Les deux chalets pour six personnes chacun et le gîte de groupe pour vingt-sept personnes, eux, sont ouverts toute l’année à la réservation », explique l’éleveuse, originaire de la région bordelaise. Tombée amoureuse du coin, de la ferme et de l’éleveur, elle rejoint l’exploitation à la fin des années quatre-vingt-dix. Le camping existe depuis 1979, créé par les parents de Bruno, son mari.

 

25 % du lait transformé à la ferme

« Mon beau-père avait dans l’idée de créer une synergie entre activité de tourisme et activité agricole. Chacune doit venir en soutien de l’autre », expose Nathalie. C’est dans ce sens qu’elle monte en 2016 un atelier de transformation, tout d’abord de yaourts. « Je prélève 25 % de notre production de lait pour la transformation à la ferme. Nous sommes au cœur de la zone d’appellation Ossau-Iraty, il y avait un marché à prendre avec les yaourts puis avec des fromages plus petits, plus adaptés à la vente à la ferme. »

Yaourts fermiers au lait de brebis

Les 75 % restants du lait produit par les 300 Manech tête rousse est livré la fromagerie des Chaumes, à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques) pour produire la fameuse AOP. « La transformation et la vente à la ferme et en circuit court (magasins de proximité, GMS locales, etc.) s’inscrivent dans cette symbiose entre nos deux activités. Les vacanciers qui viennent se ressourcer à la ferme découvrent la traite, l’élevage des brebis laitières, leur alimentation… ils sont satisfaits de pouvoir goûter et acheter les produits issus des animaux qu’ils ont vus durant leur séjour. »

Une bonne valorisation mais plus de travail

La famille Bosc ne s’arrête pas là, puisque la ferme compte également un troupeau de 30 Blondes d’Aquitaine, dont la viande est découpée et transformée à façon par une ferme voisine. « Nous proposons de la blanquette de veau, de l’axoa et avec les brebis de réforme, nous faisons du tajine en bocaux », énumère l’éleveuse, enthousiaste. Les agneaux sont en majeure partie vendus à la coopérative pour être engraissés, mais quelques-uns d’entre eux sont vendus en caissette à des particuliers. « Nous vendons également quelques petits béliers pour la génétique au centre ovin », ajoute-t-elle.

Transformation de yaourts au lait de brebis à la ferme.

Avec la transformation, la valorisation du lait est intéressante, mais « il faut prendre en compte la surcharge de travail. Nous avons arrêté la transhumance des brebis il y a une vingtaine d’années, car nous ne pouvions pas aller les voir régulièrement tout en gérant l’activité touristique. Maintenant, l’été, elles vont sur un parcours qui est à deux kilomètres de la ferme, c’est beaucoup plus simple ! », développe Nathalie Bosc.

 

Les éleveurs font partie d’un groupement d’employeurs, ce qui leur permet d’avoir un salarié un jour par semaine qui aide sur les tâches de la ferme. « Nos trois garçons sont intéressés pour reprendre la ferme à leur tour, ils nous aident aussi beaucoup. » Le tourisme et la transformation sont les activités privilégiées de Nathalie. « Mais il ne faut pas perdre de vue que notre plus grosse rentrée d’argent ça reste l’élevage. Le tourisme et la transformation viennent ensuite. » Outre la rémunération de ces activités connexes, « cela permet d’ouvrir nos fermes, de montrer notre métier à des personnes intéressées et désireuses de découvrir l’agriculture. Les touristes découvrent la réalité de l’élevage, que l’agnelage est une période très intense et que la traite c’est aussi les week-ends », sourit Nathalie.

Salle commune pour les vacanciers.

L’hébergement des vacanciers a demandé des investissements, notamment un gros travail de terrassement au niveau du camping et la construction des sanitaires. Une ancienne bergerie a également fait peau neuve pour devenir une salle de détente, jeux de société et canapés moelleux à disposition. « Nous sommes référencés au niveau de l’Office du tourisme, de différents guides touristiques et plateformes de réservation. » La Ferme Landran étant aux normes PMR [personne à mobilité réduite] et handicap, elle accueille régulièrement des groupes de personnes en situation de handicap. « Chacun peut participer aux travaux de la ferme, à la traite, aux déplacements du troupeau… c’est une organisation à mettre en place, mais je n’arrêterais pour rien au monde ! », conclut Nathalie Bosc.

 

Des visites rémunérées dans l’Aveyron

« J’ai grand plaisir à faire visiter notre exploitation. Ex-enseignante, je me suis installée en 2014 sur la ferme de mon conjoint et j’ai développé cette activité de visite à ce moment-là. À cinq euros le ticket pour quelques heures de visite, ce n’est pas vraiment rémunérateur mais c’est très intéressant de faire cet exercice. Les questions sont souvent si naïves, il y a beaucoup à réapprendre à nos concitoyens sur l’élevage », analyse Hélène Maviel, éleveuse de 350 brebis laitières à Salles-la-Source, sur le Causse Comtal, dans l’Aveyron.

Priorité à l’activité agricole

Elle et son mari, Jean-Paul, livrent 120 000 litres de lait à Aveyron Brebis bio. Sur rendez-vous, les visites doivent compter au moins cinq à six personnes et ne peuvent dépasser trente personnes. « Cela nous a permis de réhabiliter une ancienne étable pour en faire un lieu d’accueil, comme le stipule la charte Bienvenue à la ferme. » « Je ne pourrais pas faire plus aujourd’hui pour les visites, car cette activité touristique ne vit que grâce à l’activité agricole… mais j’aimerais pouvoir vendre des produits de la ferme aux visiteurs, c’est une idée qui me trotte dans la tête. » Hélène réfléchit à passer un accord avec sa laiterie pour proposer les fromages de celle-ci ou à plus long terme, elle espère l’installation de ses enfants et le développement d’un atelier de transformation. La Confédération générale de Roquefort répertorie sur son site internet tous les élevages qui proposent des visites d’exploitation, payantes ou non, pour faire découvrir la production au grand public.

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Mathilde Poulet</em>
« Je travaille comme technico-commerciale avant de m’installer en élevage ovin »
Prendre son temps pour construire un projet viable et profiter de l’expérience du terrain en amont, voilà les objectifs de…
<em class="placeholder">Florent et Charles Souyris et Philippe Galtier, Gaec de Cuzomes</em>
Aveyron - « Nous avons investi pour travailler 35 heures par semaine dans notre élevage ovin »
Dans l’Aveyron, les trois associés du Gaec de Cuzomes montrent comment ils ont optimisé la productivité du travail et la…
<em class="placeholder">Christophe Holtzer et Éric Arnould</em>
« Je facilite la reprise de ma ferme ovine »
Dans les dix ans à venir, 61 % des éleveurs ovins prendront leur retraite. Face à ce constat alarmant, Éric Arnould a…
<em class="placeholder">Béliers Noire du Velay</em>
FCO : Des impacts à plus ou moins long terme sont à prévoir en matière de génétique
Pour Bertrand Bouffartigue, animateur de la section ovine à Races de France, l’enjeu est de recapitaliser les cheptels atteints…
<em class="placeholder">Agneau et brebis en bergerie</em>
L’appli Robustagno pour améliorer la survie des agneaux
La survie des agneaux se joue lors de plusieurs moments clés, dès la mise en lutte des brebis jusqu’à la mise bas. L’…
<em class="placeholder">Sana avec son bâton. </em>
La drôle d’estive de Sana, fille de bergère
Sana, 10 ans, partage le travail en montagne de Chloé, sa maman bergère. Elle raconte son quotidien sur les flancs du Chalvet et…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre