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Un projet transpyrénéen pour un élevage ovin durable

Une congrégation de chercheurs, techniciens et éleveurs français et espagnols s’est lancé le défi de faire prospérer la production ovine pyrénéenne.

Commencé en 2016, le projet Pirinnovi avait pour objectif d’améliorer la durabilité des élevages de races ovines locales des Pyrénées par des innovations techniques et l’augmentation de l’efficacité productive. Pour ce faire, les quelque 70 chercheurs, techniciens et éleveurs représentants les 18 partenaires du projet se sont attelés à la lourde tâche de lister les défis auxquels font face les éleveurs ovins des Pyrénées, aussi bien du côté français qu’espagnol. Ces trois dernières années ont servi aux groupes de travail franco-espagnol pour établir un plan de bataille et faire part de leurs avancées lors de plus d’une trentaine de journées techniques, situées de part et d’autre de la chaîne de montagnes. Les résultats du projet ont été présentés début avril lors du séminaire de clôture à Saragosse en Espagne. Le projet s’articule autour de deux axes : le premier orienté sur la durabilité des systèmes d’élevage et le deuxième sur l’amélioration génétique des 18 races pyrénéennes étudiées. Enfin, les avancées proposées ont chacune été classées selon trois actions en lien direct avec les élevages : l’approche technico-économique, sociale et environnementale, les aptitudes maternelles et la prolificité. Ces deux dernières étant les actions majeures de Pirinnovi.

Mieux cerner les besoins de chacun grâce aux focus group

Les chercheurs ont établi différentes typologies d’élevage, appelées « cas type ». "Les exploitations ovines emblématiques des Pyrénées ont été classées selon leur implantation géographique, le climat, la topographie, les activités de l’exploitation, détaille Carole Jousseins chef de projet à l’Institut de l’élevage et coordinatrice du projet pour la France. On retrouve ainsi des morphologies d’élevage telles que transhumant de petite dimension, livreur transhumant ou encore en situation de reconquête pastorale. Ces typologies nous ont permis de caractériser plus précisément les attentes et les freins à la durabilité pour chaque système." Les éleveurs concernés se sont réunis avec des techniciens en focus group afin de définir quels seraient les systèmes d’avenir et les thèmes principaux sur lesquels avancer. Ainsi, dans les Pyrénées centrales (Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège), la priorité va à la réorganisation collective de la filière alors que dans les Pyrénées-Atlantiques, les éleveurs sont plutôt attachés à l’amélioration des conditions de travail. Les moutonniers des Pyrénées-Orientales souhaitent davantage retrouver de la valeur ajoutée dans leurs exploitations.

Connaître l’ascendance pour contrer la consanguinité

Pirinnovi a permis des avancées intéressantes au niveau de la reproduction et de la génétique. Les races locales présentent pour certaines d’entre elles de très petits effectifs, les risques de consanguinité sont alors bien réels. D’où la nécessité de connaître la filiation des individus d’un troupeau, au moins pour les meilleurs éléments qui serviront de reproducteurs. Les trois quarts des 33 éleveurs interrogés se disent intéressés par un protocole d’assignation au sein de leur troupeau, en particulier pour leurs agnelles de renouvellement. Côté français, un chantier autour l’assignation de parenté (connaître les parents de l’agneau a posteriori) a été lancé initialement sur la race tarasconnaise, car elle affiche en effet un taux de paternité connue de seulement 22 %. Les races Manech tête noire, Noire du Velay, Mérinos d’Arles et Préalpes du Sud se sont ensuite greffées à l’étude. Pour les Manech tête noire, les résultats sont probants. En effet, avec la technique utilisée, une puce privative permettant de réduire les délais de traitement, sur les 1 156 femelles prélevées, le taux d’assignation a atteint 79 % alors que le taux de paternité déclarée n’était initialement que de 4 %. Le projet Pirinnovi a touché à sa fin, mais durant ses trois ans d’activités, des synergies entre les institutions françaises et espagnoles se sont créées et feront profiter l’élevage ovin des Pyrénées de leurs travaux communs. La durabilité de celui-ci ne semble plus remise en question et il peut espérer un avenir fécond.

Les agneaux se pèsent tout seuls

La cage d’auto-pesée a reçu plusieurs récompenses, notamment le premier prix de l’innovation à Ovinnova, le salon professionnel ovin espagnol. © B. Morel

En termes d’innovation technique, les Espagnols ont décroché la palme d’or avec la mise au point d’une balance d’auto-pesée pour les agneaux. José Luis Alabart, chercheur au Cita, l’équivalent de l’Inra en Espagne, est à l’origine de ce dispositif. « Nous voulions connaître les aptitudes maternelles des brebis, mais mesurer la production laitière en élevage allaitant n’est pas simple. Il nous fallait donc surveiller la croissance des agneaux afin de pouvoir dire si oui ou non, ils étaient bien nourris. » Outre la surveillance de la croissance, l’objectif est également d’alléger la charge de travail de l’éleveur et d’automatiser la pesée. Disposée dans l’enclos en bergerie, la cage d’auto-pesée est amovible. Les agneaux sont attirés sur la balance grâce à une mangeoire garnie d’un appât vitaminé. Pour que ceux-ci ne stressent pas de l’isolement et restent suffisamment longtemps pour que la pesée s’effectue correctement, une grille ajourée délimite la cage. En disposant sur la cage un lecteur RFID de la marque Agrident, l’identification de l’agneau est envoyée directement par Bluetooth à la tête de lecture. L’éleveur peut ensuite accéder à une plateforme internet où les données sont enregistrées et analysées de différentes manières. Le système dispose tout de même d’une porte si l’agneau doit être pesé de force. Il faut compter 4 500 euros par balance, auxquels s’ajoutent 30 centimes par boucle d’identification. Une balance permet de peser correctement les agneaux issus d’un lot de 120 brebis pendant une semaine (98 % des pesées sont valables). Vu le coût important du système, il pourrait être utilisé collectivement, par exemple en Cuma.

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