Un bâtiment agrandi et fonctionnel
Ludovic Rambaud a prolongé sa bergerie d’un bâtiment dédié aux agnelages. Grâce à une surveillance régulière du troupeau, il limite la mortalité et affiche un taux de productivité de 1,8.





À voir la cour bien rangée de Ludovic Rambaud, on se doute de l’attention portée à son élevage. À Vendranges dans la Loire, cet éleveur de 38 ans prend soin de ses 650 brebis réparties entre 430 Rava en sélection, 170 croisées Rava-Suffolk et 50 croisées Rava-Berrichon. « Le croisement Rava-Suffolk donne des animaux rustiques et résistants pour passer l’hiver dans nos terres froides et argileuses, explique Ludovic Rambaud. Dernièrement, j’ai essayé des croisés Rava – Berrichon, cela fait des brebis maternelles mais parfois trop sauvages ».
Pour loger toute cette troupe, le bâtiment principal de 540 m² de 2002, le tunnel de 200 m² et les 100 m² d’un bâtiment ancien ont été complétés en 2014 d’un bâtiment pour l’agnelage de 420 m². Ce nouveau bâtiment peut accueillir 200 brebis et leurs agneaux sur 330 m² d’aire paillée. Deux couloirs d’environ un mètre de large traversent les aires paillées et séparent en trois lots de 50 brebis. Les couloirs servent à la surveillance et à la distribution des concentrés. Pour l’alimentation fourragère, les râteliers à balles rondes sont placés directement dans l’aire paillée. Pour l’affouragement et le paillage, Ludovic se fait aider de ses trois chiens. « Quand je paille ou j’affourage, j’ouvre le portail en grand, je passe au milieu des animaux avec le tracteur et ce sont les chiens qui se chargent de les maintenir dans la bergerie ». Des cases d’agnelages, un coin louve et un local technique viennent compléter la nouvelle bergerie.
Un bâtiment largement autoconstruit qui garde une bonne ambiance
« Au début, je voulais faire un tunnel rehaussé sur maçonnerie, mais finalement le coût n’est pas si éloigné d’un bâtiment en bois ». Au final, le bâtiment est revenu à 49 000 euros mais la fondation, les murs, le bardage, les fenêtres, le portail, l’aménagement intérieur ont été réalisés par l’éleveur pendant deux étés et un automne (720 heures de travail estimées). « J’ai tout fait moi-même sauf la charpente » résume l’éleveur. Au-dessus d’un mur en parpaing de deux mètres de haut, des translucides ouvrants apportent lumière et ventilation. Le toit, formé de tôles sandwichs isolées, permet de garder une bonne ambiance en été comme en hiver tout en évitant la condensation. « Je voulais un bâtiment chaud pour les agnelages, donc je l’ai placé au sud avec un toit plutôt bas mais quand même assez haut pour y passer en tracteur. Mais, au final, avec la faible densité d’animaux, le bâtiment reste plutôt frais. »
Une vidéo pour surveiller dedans et dehors
Parmi les aménagements, une barre faite maison fait office de cornadis : baissée, elle empêche les agneaux d’y passer la tête ou le corps, relevée, elle laisse la place aux brebis pour manger. Chaque lot dispose de deux abreuvoirs dont un chauffant. Ludovic s’est aussi doté d’une tablette et d’une caméra de surveillance montée sur rail et couplée à un projecteur. « La caméra est bien utile en début et en fin d’agnelage. Elle m’a sauvé quelques agneaux mais surtout épargnés beaucoup de marche à pied… » reconnaît l’éleveur. « Le rail peut emmener la caméra à l’extérieur et je peux ainsi surveiller les brebis dehors jusqu’à 400 mètres ».
Autre équipement indispensable de l’élevage, le parc de tri, placé sous un appentis à côté des bâtiments. « Le parc de tri fixe permet d’intervenir rapidement en cas de problème, apprécie Philippe Allaix de la chambre d’agriculture de la Loire. C’est ce qui explique en partie les frais vétérinaires limités et la faible mortalité des adultes à 5 % et des agneaux à 10 % ». « C’est rare une semaine où je ne me sers pas du parc de tri » confirme Ludovic.
Du temps de surveillance pendant les cinq mois d’agnelage
Pour maintenir son rythme accéléré de trois agnelages en deux ans, le troupeau est géré avec trois périodes d’agnelages : novembre-décembre, avril-début mai et juillet-août. Les brebis mettant bas dehors au printemps et en été passent aussi l’hiver dehors. Seule celles agnelant en novembre-décembre passe l’hiver au chaud avec leurs petits. En moyenne, en privilégiant le pâturage, l’élevage ne passe que 200 kilos de foin par brebis et par an et 211 kilos de concentrés par couple brebis/agneaux. « Les élevages de la région sont plutôt autour de 400 kilos de foin, apprécie Philippe Allaix. L’agnelage dehors permet aussi d’économiser en concentré »
« Le gros du travail, c’est la surveillance, surtout pendant l’agnelage » reconnaît l’éleveur. Pendant les cinq mois d’agnelage annuel, il y passe facilement 6 à 10 heures par jour. Le paillage prend une heure tous les deux jours (tous les jours, pendant l’agnelage). Il passe aussi une heure environ pour distribuer le concentré deux fois par jour et une heure pour placer cinq nouvelles bottes de foin dans les râteliers. Pour tous ses travaux, Ludovic se fait aider un à deux jours par semaine par un travailleur handicapé venu d’un Esat voisin. « Il n’est pas autonome mais il connaît bien la ferme maintenant et il m’aide surtout pour les travaux à faire en binôme. »
avis d'expert
« Une bonne race et un bon éleveur »
« Avec un taux de productivité numérique de 1,8, Ludovic Rambaud témoigne d’une bonne maîtrise technique et d’un bon choix de race. Il n’y a pas que les grivettes et les Romanes qui ont plus de prolificité. Les Rava aussi allient prolificité et rusticité. Elles sont bien adaptées aux prairies naturelles séchantes de la région et elles peuvent « faire de l’accordéon » en fonction des ressources naturelles. Chez nous, ce sont les éleveurs avec des brebis rustiques et en grivette qui s’en sortent le mieux grâce à une bonne productivité numérique, des aides PAC et zone de montagne et des prix d’agneaux corrects grâce au label rouge et à l’engagement qualité Carrefour. Comme Ludovic a commencé son troupeau avec des brebis de bonne qualité génétique, il s’est donné de bons atouts dès le départ. »