Recenser les Mérinos pour une laine européenne de qualité
Motivé par la demande en laine de qualité européenne, un réseau européen de chercheurs établit les races dérivées du Mérinos espagnol originel.
Nul ne peut s’en cacher, le marché de la laine est aujourd’hui au plus bas. Les curons s’entassent dans les hangars, le prix du kilo fait du rase-mottes et ne paye plus depuis longtemps ne serait-ce que la tonte. Et pourtant, un vent d’espoir semble souffler sur la campagne européenne. Consommateurs et fabricants seraient en recherche d’une laine de qualité européenne, qui puisse concurrencer la laine australienne discutable sur le plan environnemental et du bien-être animal. Le Point focal européen et en particulier le groupe ad hoc « Merino network » a donc été créé pour recenser et établir, entre experts de la génétique ovine, les races et races dérivées des brebis mérinos espagnoles originelles. Rien qu’en France, il existe quatre races qui font mention de Mérinos dans leur nom (Mérinos de Rambouillet, Mérinos d’Arles, Mérinos précoce et Est à laine Mérinos). Toutes proviennent de la campagne de mérinisation des troupes ovines françaises sous Louis XVI, qui avait pour objectif d’améliorer la qualité textile nationale et donc la qualité lainière. En Italie et en Hongrie, les mérinos ont fait leur première apparition autour de 1700.
Une carte des races mérinisées à travers le monde
Coralie Danchin, spécialiste de la variabilité génétique à l’Institut de l’élevage et secrétaire générale de point focal européen, rappelle cependant que : « Aujourd’hui, les races de mérinos françaises n’ont plus été sélectionnées pour la qualité de la laine. Nous avons devant nous un gros travail pour revenir à des toisons optimales. » Un des objectifs du groupe de travail est également de dresser une cartographie européenne et mondiale des races de Mérinos définies par des analyses de génétique moléculaire. « On trouve des Mérinos partout à travers le monde. Il y a même une race de mérinos de Rambouillet aux États-Unis qui n’a strictement rien à voir avec la nôtre », souligne Coralie Danchin. Reste à mettre tout le monde d’accord sur la dénomination Mérinos afin d’établir une première base à un possible label lainier européen.