Pourquoi une prairie se dégrade-t-elle ?
La dégradation des prairies peut survenir via de nombreux facteurs, qu’ils soient liés à une mauvaise gestion comme le surpâturage, ou à un événement externe, telle une sécheresse. Il est nécessaire d’en connaître la cause avant de tenter une régénération.
La dégradation des prairies peut survenir via de nombreux facteurs, qu’ils soient liés à une mauvaise gestion comme le surpâturage, ou à un événement externe, telle une sécheresse. Il est nécessaire d’en connaître la cause avant de tenter une régénération.
Une prairie est jugée dégradée dès qu’elle ne répond plus aux attentes des agriculteurs et qu’elles présentent des sols nus, un développement de mousses, d’espèces indésirables non productives.
Les causes de la dégradation sont multiples, elles vont être dues soit à un évènement extérieur non maîtrisable tel que les aléas climatiques (sécheresse, gel tardif), les dégâts de ravageurs (sangliers, campagnols, taupes, etc.), reconnaissables à la terre retournée et aux monticules de terre des taupinières. À elle seule, la sécheresse va provoquer la mort des espèces les plus fragiles face au stress hydrique, tel que le ray-grass anglais, qui va laisser sa place à des plantes sans intérêt nutritionnel, comme le pissenlit, qui apparaît facilement dans les sols dégradés. Cela peut aussi dans plusieurs cas survenir après une erreur humaine ou de la négligence dans l’entretien de la prairie.
Surpâturage : herbe trop rase et piétinement excessif
Le surpâturage va par exemple avoir deux conséquences néfastes pour la pérennité de la prairie. L’herbe va être exploitée trop rase et cela va la fragiliser, surtout en période estivale avec des températures plus élevées, tout en facilitant l’implantation des adventices. Bruno Osson, de l’interprofession des semences et plants (Semae), témoigne dans Réussir Bovins Viande : « Cinq centimètres au pâturage et sept centimètres en fauche sont les hauteurs minimums à laisser après exploitation ». Le surpâturage va également être la source d’un piétinement trop important qui ne va pas laisser le temps à la végétation et au sol de se régénérer. Le sous-pâturage, à l’opposé, va permettre une trop forte croissance des plantes. Dès que le cap des 15 cm de hauteur est dépassé, le plant ne se taille plus car le pied ne reçoit plus suffisamment de lumière. Le pâturage tournant dynamique avec les clôtures mobiles permet de mieux gérer les hauteurs d’herbe et éviter ainsi de se faire déborder aux périodes de forte pousse. L’absence de déprimage, qui va avoir pour action de nettoyer la parcelle au printemps, peut entraîner la dégradation de la végétation en place, qui ne pourra pas redémarrer dans des conditions optimales pour sa croissance.
Des erreurs anodines qui peuvent coûter cher
Des erreurs de fertilisation, mal répartie, mal dosée et mal raisonnée vont entraîner un développement anarchique de la prairie, avec des zones très développées et des zones plus faibles. Soyez vigilants sur le réglage du matériel, l’émiettage correct du fumier et le niveau requis de fertilisation pour chaque parcelle. Pour rééquilibrer l’acidité du sol, de la chaux peut être apportée pour limiter l’action de l’azote. D’autres évènements peuvent abîmer les prairies, à l’éleveur de mettre ses pratiques à plat et de revoir ce qui peut causer des dégâts : rouler sur l’herbe gelée, laisser les bottes aux champs trop longtemps, faire des interventions sur un sol trop humide qui va se tasser et asphyxier la vie du sol (champignons, bactéries et vers de terre ne peuvent alors plus agir correctement) … Enfin, le choix d’espèces végétales mal adaptées au contexte pédoclimatiques va engendrer leur disparition rapide et leur remplacement par des espèces moins intéressantes, moins productives mais à qui les conditions conviennent pour un bon développement.
Avant la régénération, la récupération
Si la ou les causes sont identifiées suffisamment en amont et que l’éleveur est en mesure d’intervenir dessus, la régénération de la prairie peut se faire d’elle-même, en reprenant des pratiques bien calibrées et vertueuses, sans avoir forcément besoin d’aller jusqu’à la destruction de la prairie ou au sursemis. Il est en effet plus simple de prévenir d’une dégradation de prairie que de devoir la récupérer après coup.
Après identification de la cause, l’éleveur va pouvoir effectuer un diagnostic du niveau de dégradation de ses prairies. Trois niveaux sont identifiés au niveau de la qualité de la flore prairiale. Si les espèces souhaitées par l’éleveur sont toujours présentes et réparties de façon homogène, sans effet mosaïque et une présence amoindrie mais toujours correcte de légumineuses, on va parler de prairie faiblement dégradée. Elle peut encore être améliorée par des pratiques qui vont permettre de la rééquilibrer. Cela nécessite donc de revoir le niveau de fertilisation, d’effectuer un déprimage de printemps si cela n’est pas fait, etc.
Le second niveau de dégradation est observable lorsque du sol nu apparaît. Le sursemis est alors la solution qui permettra de regarnir la végétation sans nécessairement aller jusqu’à la destruction et resemis, que l’on réservera au troisième niveau de dégradation. À ce moment, la prairie n’est plus productive, des espèces non désirées apparaissent.