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« Nos Noires du Velay agnèlent dehors »

En Belgique, Pierre et Wendy Pirson découvrent et apprécient la rusticité et les qualités maternelles de la Noire du Velay.

En bio depuis 1998, Pierre et Wendy Pirson ont débuté l’élevage ovin en 2013. C’est le retour de Wendy sur la ferme familiale qui a incité son père à se lancer dans les ovins en plus des porcs de plein air et des vaches allaitantes. « Les moutons sont plus légers qu’une vache et la production est rythmée un peu comme les bandes des porcins », apprécie l’éleveuse de 34 ans, installée à Sugny en Belgique, à quelques kilomètres de la frontière française.

Souhaitant des agneaux toute l’année, le père et la fille démarrent l’élevage ovin avec la race Ile-de-France. Mais celle-ci ne s’avère pas la plus appropriée avec le mode de conduite tout herbe qu’ils souhaitent mettre en place. « La première année, nous avons perdu la moitié des agneaux, se souvient Pierre. Nous aurions dû les laisser en bergerie ou les vermifuger ».

Changeant son fusil d’épaule, ils se tournent vers la race Noire du Velay qu’ils pensent mieux adaptée au climat rude des Ardennes belges. « Mon marchand de cabane à porc, un auvergnat, m’avait déjà vendu quelques Noires, explique l’éleveur de 57 ans. Nous cherchions une race rustique, prolifique, facile à vivre et qui désaisonne. Nous voulions de bonnes qualités maternelles car je n’avais pas envie de me relever la nuit pendant l’agnelage… ». Les éleveurs bio, qui se disent « pas trop piqûre », apprécient la résistance des animaux. Les quelques boiteries sont parées et soignées à l’homéopathie. Au pâturage, les agneaux sont pesés toutes les trois semaines et ceux qui ne grossissent pas sont vermifugés. L’an dernier, 30 d’entre eux ont été vermifugés.

Des agnelages en petits parcs de six brebis

En 2016, sur les 150 brebis (dont 115 agnelles) mises en lutte, 135 ont agnelé en prairie du 20 mars à fin avril. Elles ont donné 226 agneaux nés vivants et 5 mort-nés. Cette année, les échographies prévoient une prolificité moyenne de 2,09 pour les adultes et 1,64 pour les agnelles. « L’an dernier, certains sont nés dans la neige mais nous n’avons eu à aider que deux agnelages », explique l’éleveur. Afin de faciliter l’adoption, quelques jours avant l’agnelage, les brebis sont groupées par six dans des parcs de 50 ares. La pose des clôtures électriques à quatre fils high-tensile représente donc un certain travail.

« Quand c’est nécessaire, nous mettons les brebis qui fuient en cases d’agnelage. Mais le plus souvent, on y va le matin avec le carnet et la pince à boucler et on s’assure juste que les agneaux sont bien à côté de leur mère. » Pas farouches, les brebis Noires du Velay se laissent facilement approcher à quelques mètres.

L’aide de PâtureSens pour organiser le pâturage

De la mi-décembre à mi-février, les brebis ont accès à la bergerie et à une parcelle de 15 hectares de culture secondaire (trèfle blanc, lotier, minette, plantain et repousses de céréales). Elles ont aussi du très bon regain à volonté durant cette période. En dehors de ce foin de qualité, elles n’ont reçu aucun complément si ce n’est des pierres de sel et des blocs de minéraux complémentés en sélénium.

L’essentiel de l’alimentation provient de l’herbe et les éleveurs ont fait appel au cabinet PâtureSens pour planifier le pâturage. Les quarante hectares d’herbe sont à base d’un mélange de six légumineuses et six graminées auquel est ajouté du plantain et de la chicorée. Dans le plan de développement, PâtureSens prévoit 60 parcelles sur 40 hectares pour 260 brebis.

Essai de croisement avec des Charollais

Si la race a séduit par ses qualités maternelles et sa rusticité, elle montre un peu ses limites sur la conformation des carcasses. « En Belgique, terres des ovins Texel et des vaches Bleu Blanc, nous sommes habitués à des conformations bien rondes et nous avons eu des difficultés à persuader des bouchers belges », sourit Wendy. Les ventes se sont étalées de juillet à décembre et les carcasses pèsent de 18 à 22 kg pour les mâles et de 14 à 18 kg pour les femelles. Les Pirson ont quand même réussi à séduire des bouchers et des restaurants gastronomiques. De plus en plus de particuliers sont aussi intéressés par cette viande bio tendre, engraissée uniquement à l’herbe, vendue en direct par demi-agneaux à 16 euros du kilo. Pour faire un peu plus de viande, les éleveurs ont essayé cette année une quarantaine de croisements avec des Vendéens et des Charollais. Le reste de la reproduction est assuré par des béliers Noirs du Velay issus de station que les Pirson viennent chercher tous les ans en Auvergne.

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