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« Nos débouchés en circuits long et court sont complémentaires »

Florence et Maurice Benattia misent sur un croisement à double étage et un peu de vente directe pour optimiser la productivité et la valorisation de leurs agneaux.

Au Gaec des bergers associés, cela fait presque 40 ans qu’on fait du mouton. Florence Benattia a repris avec son époux Maurice l’exploitation familiale en 2012 et élève aujourd’hui 700 brebis sur 103 hectares à Yvignac-la-Tour dans les Côtes-d’Armor. Le cheptel est composé de 150 brebis Romanov, croisées avec des béliers Ile-de-France afin de produire les brebis F1 qui composent le reste de la troupe. « Mes parents étaient sélectionneurs en Romanov, d’où l’idée de travailler avec cette race. Les F1 se désaisonnent facilement. Le fait de les produire nous-mêmes permet de ne rentrer que les béliers de l’extérieur, ce qui est plutôt une force au niveau sanitaire. En croisement terminal avec des béliers bouchers : Suffolk, Texel, Berrichon, Charollais, elles produisent de beaux agneaux. »

Avec un système accéléré de trois agnelages en deux ans, l’exploitation compte trois périodes d’agnelage principales en août-septembre, décembre-janvier, et avril-mai, ainsi que deux plus petites pour les agnelles fin mars et fin juillet. Cet étalement des mises bas permet de faire face au manque de place en bâtiment et d’être en capacité de fournir des agneaux toute l’année, les exploitants commercialisant 20 % de leur production en vente directe. « Nous fournissons un magasin de producteurs à Saint-Malo, un centre Leclerc de Dinan en alliance locale, quelques bouchers et des particuliers. Nous apportons les agneaux à l’abattoir Gallais viande à Montauban-de-Bretagne, à une vingtaine de kilomètres de l’exploitation. Nous avons investi dans une remorque frigorifique pour pouvoir livrer ceux qui le souhaitent. » Ces agneaux sont valorisés à 11 euros le kilo auprès des particuliers et 10,50 euros au magasin de producteurs. 80 % de la production reste commercialisée via l’OP Ovi Ouest dont ils sont adhérents, essentiellement en CCP Agneau de nos régions. Ces différents débouchés sont complémentaires : les magasins préfèrent de petites carcasses de 16-18 kilos, et les gros agneaux passent plus facilement chez les particuliers qui prennent plutôt des demi-agneaux.

Les brebis se transmettent l’habitude de manger des pommes de terre

Globalement en bâtiment de novembre à mars, les brebis reçoivent une ration à base d’ensilage de maïs, foin et enrubannage de luzerne et ray-grass, complétée selon les périodes par des pommes de terre. « La coopérative Le Gouessant à laquelle nous adhérions a beaucoup de producteurs de pommes de terre. Comme cela marche bien pour les vaches, ils ont voulu essayer pour les brebis. Au départ, ce n’était pas facile, il fallait écraser les pommes de terre avec le tracteur pour qu’elles en mangent. Mais maintenant elles y sont habituées et les mangent très bien entières. C’est important d’avoir ces différentes ressources car nos terrains sont très séchants et nous devons souvent affourager à l’extérieur dès juillet. »

Les agnelages de d’été et de printemps ont lieu dehors. Les brebis sont ensuite rentrées et mise en cases d’agnelage une journée. Les jeunes sont bouclés et reçoivent une piqûre de sélénium avant de ressortir si le temps le permet. Des coins à agneaux avec des nourrisseurs sont installés dès l’âge de trois semaines pour les habituer à consommer de l’aliment. Au sevrage, à deux mois, ils sont rentrés pour être vermifugés et pour trier les femelles de reproduction. Ils restent alors dans un bâtiment dédié à l’engraissement. Pour réussir le tri des agneaux de boucherie, ils passent sur la balance toutes les semaines pour les départs, ce qui prend une et demie à deux heures.

Chiffres clés

700 brebis
103 ha de SAU
2 UTH (Gaec entre époux)
2,3 agneaux vendus par brebis par an

Trois agneaux par semaine vendus en magasin de producteurs

Le magasin de producteurs Les fermiers de la baie a été créé il y a deux ans par 10 producteurs associés et commercialise les produits de près de 80 agriculteurs au total. Il travaille avec deux éleveurs ovins principalement, chacun livrant des agneaux à une période différente de l’année. Les associés assurent deux demi-journées de présence par semaine et un samedi par mois : caisse, service, mise en rayon… Le magasin emploie aussi deux salariés pour la gestion du magasin et la vente, un pour la charcuterie et le fromage ainsi que deux bouchers et un apprenti. Pour les producteurs non associés, le magasin fonctionne sur le principe d’un dépôt-vente. Les produits restent propriété de l’agriculteur jusqu’au passage en caisse. Le magasin prélève une commission pour la vente, variable selon les produits. Elle est de 34 % pour la viande d’agneau du fait du travail de découpe et de stockage effectué par les bouchers… Le magasin vend en moyenne trois agneaux par semaine. Chaque samedi il fait le point avec ses producteurs sur le nombre d’agneaux à livrer. Les éleveurs assurent eux-mêmes la livraison.

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