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L’ossau-iraty grimpe, le roquefort tire la langue

Lors de l’assemblée générale du Cnaol, les fromages de brebis sous appellation d’origine protégée bataillent pour garder leurs titres de noblesse.

Le Comité national des appellations d’origine laitières (Cnaol) a tenu son assemblée générale fin septembre à Autrans en Isère. Haut lieu de la production de bleu du Vercors-Sassenage, fromage emblématique lié à la race de vache locale la Villard-de-Lans, l’évènement a rassemblé plus de 240 personnes investies dans le fromage français. Le lait cru reste au centre des préoccupations, c’est un marqueur fort des appellations d’origine protégée (AOP) mais il est régulièrement mis à mal par des allégations santé. Le Cnaol souhaite que les fromages au lait cru soient réintroduits dans les cantines scolaires à travers le programme « lait dans les écoles ». Le Cnaol et l’Inao organiseront également en 2019 un colloque sur le lait cru et ses bienfaits.

L’ossau-iraty a gagné 30 % en dix ans

Des contrefaçons d’appellations d’origine protégée continuent à apparaître sur les marchés mondiaux. Pour lutter contre ce type de fraude qui pénalise gravement l’image de qualité des appellations fromagères, OriGIn UE a vu le jour en mars 2018. Ce réseau européen a pour objectif de donner du poids aux producteurs de chaque pays, notamment dans les négociations d’accords de libre-échange pour protéger les indications géographiques en Europe et à travers le monde. Dominique Chambon, président du Cnaol, a également réitéré sa demande au gouvernement d’agir contre ce fléau de concurrence déloyale. D’autant que les AOP représentent un débouché important pour la filière ovine laitière, puisque 38,5 % du volume de lait de brebis collecté en France, soit 110 millions de litres de lait, sont utilisés dans les trois appellations que sont le roquefort, l’ossau-iraty et le brocciu. Pour ces trois productions, seul l’ossau-iraty enregistre chaque année une hausse significative de ses ventes. Ainsi, avec 4 358 tonnes vendues en 2017, les ventes ont progressé de 2,6 % en un an et de près de 30 % sur les dix dernières années. Avec 410 tonnes, le brocciu se fait plus discret avec une légère hausse de 0,9 % par rapport à l’année dernière et une perte de ventes de 23 % depuis 2007. Enfin, à 16 182 tonnes en 2017, le roquefort peine à se tenir à niveau avec une baisse de commercialisation de 2,7 % pour l’année écoulée et de l’ordre de 15 % pour les dix dernières années selon le Cnaol et l’Inao.

Une interprofession pour les éleveurs laitiers

Pour tenter d’enrayer cette chute de la consommation, Jérôme Faramond, président de la confédération du Roquefort, annonce : « en juin prochain, nous allons organiser la première édition de la fête du Roquefort. Cela permettra de rassembler professionnels et consommateurs autour de valeurs communes. » Des valeurs communes qui ne semblent néanmoins pas partagées par tous les éleveurs de Roquefort, car avec la réforme de 2015, certains n’y trouvent plus leur compte. « Les gens sur le terrain sont pour la plupart très compétents et connaissent leur métier. Je dirais que le corps est sain mais la tête est malade », dénonce un éleveur, désabusé par l’évolution de son métier. Par ailleurs, la confédération entreprend de nombreuses actions de communication, notamment avec « une campagne de publicité à la radio ainsi qu’une très bonne présence sur les réseaux sociaux », comme le rappelle Anthony Soulie, vice-président de la confédération et responsable de la communication. Enfin, les problématiques qui se posent viennent aussi de l’intérieur, puisque la récente réforme de 2015, nécessite de restructurer les réseaux d’information.

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