Les races locales des Pyrénées-Atlantiques s’exportent
Rustiques et laitières, les races pyrénéennes séduisent au-delà de leur montagne d’origine. Deux exemples de délocalisation réussie en Bretagne et en Suisse.
Les trois races locales des Pyrénées-Atlantiques : Manech tête rousse, Manech tête noire et Basco-béarnaise présentent non seulement de grandes qualités pour la production laitière mais aussi une grande rusticité. Depuis toujours ces brebis sont élevées dans des systèmes herbagers et la plupart du temps également dans des systèmes transhumants au cœur de leur berceau d’origine. Avec cette grande capacité d’adaptation, elles séduisent des éleveurs hors bassin souhaitant s’orienter sur une production valorisant leur milieu naturel.
Sur l’île d’Ouessant, l’élevage de Manech tête rousse le plus à l’Ouest !
Originaire de l’île d’Ouessant, Charlène Créac’h a répondu à l’appel à candidatures pour s’installer comme éleveuse de brebis laitières sur l’île. Un vrai projet de vie et un vrai défi pour cette jeune femme de 26 ans qui se lance dans l’élevage alors qu’elle n’est pas issue de ce milieu. Le souhait de Charlène était de s’orienter vers une race rustique « pour être élevée en système plein air et qui s’adapte bien au climat insulaire avec des tempêtes, des vents violents et une hygrométrie assez forte ». Ces caractéristiques correspondent bien aux races locales des Pyrénées et après plusieurs échanges avec le Centre départemental de l’élevage ovin (CDEO), la future éleveuse s’est orientée vers la Manech tête rousse. Cette race rustique des Pyrénées pourra facilement s’acclimater et permettre une belle production laitière, elle est aujourd’hui sélectionnée sur le lait, la qualité du lait (taux et cellules somatiques), et depuis peu la santé de l’animal : mamelles et résistance au parasitisme.
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Un premier lot de 30 brebis arrive en mars 2020. Il sera suivi de 37 femelles et trois béliers fin novembre. Ces animaux sont issus d’élevages en contrôle laitier officiel, c’est-à-dire des sélectionneurs de la race qui participent au schéma de sélection. Ces animaux présentent ainsi les garanties génétiques et sanitaires qui permettent une installation et une production dans les meilleures conditions possibles pour les éleveurs.
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Premier bilan après leur arrivée : ces belles Têtes rousses s’acclimatent parfaitement à leur nouvel environnement. « Elles correspondent aux conditions qui se trouvent sur l’île et, en plus, elles ont un super caractère. Tout ce que je recherchais ! », apprécie Charlène. Le troupeau se prépare maintenant pour sa première année de production sur l’île. L’objectif de Charlène est de transformer sa production laitière en yaourts, fromages lactiques et en tommes au miel d’Ouessant et permettre ainsi une valorisation de ses produits locaux en circuit court.
Des Basco-béarnaises de la chaîne des Pyrénées à la chaîne des Alpes…
Passionné depuis son enfance, Émile Deslarzes souhaite s’installer avec son père Jean-Luc sur l’exploitation familiale située en Suisse. Pour réaliser sa formation agricole, Émile passe trois années au cœur du Béarn pour apprendre le métier et découvre la race laitière locale : la Basco-béarnaise, de « belles brebis » aux yeux d’Émile. Sa passion pour les brebis et la montagne se renforce grâce au savoir-faire et aux liens tissés avec les bergers béarnais. Émile et son père se lancent ainsi dans un projet : importer cette brebis dans leur région du Valais. 600 brebis Basco-béarnaises quittent la chaîne des Pyrénées pour rejoindre celles des Alpes, et permettre à ce jeune éleveur de pouvoir « partir en montagne avec ses animaux », ce qu’il apprécie particulièrement. Émile part cinq mois en alpage, tandis que Jean- Luc s’occupe de la partie réalisation des fourrages pour l’hiver et des plantes médicinales et aromatiques présentes sur l’exploitation.
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« La Basco-béarnaise est une brebis vivant dans des milieux escarpés dans les systèmes transhumants et, tout naturellement, elle s’est très bien adaptée à son nouvel environnement dans les Alpes », confie Jean-Luc Deslarzes en rajoutant que c’est « une brebis qui a une âme ». La totalité du lait de l’exploitation est livrée à « une fromagerie de la région qui le transforme principalement en fromage à raclette, ainsi que des spécialités de fromages frais et des yaourts ». La découverte de cette brebis béarnaise a permis à ces éleveurs de trouver non seulement une race adaptée à leur système mais également de partager leur passion avec les éleveurs béarnais avec qui ils ont pu tisser des liens et des échanges très forts.